Selon le résultat d'une enquête organisée par l'European Social Survey, 59% des Belges sont favorables à un revenu de base. L'idée d'une telle "allocation universelle" a été évoquée dans plusieurs pays européens, mais n'a jamais été proposée par les partis politiques en Belgique. "La société est parfois en avance sur le monde politique", a estimé l'économiste Philippe Defeyt, invité sur le plateau du RTL INFO 13H.
L'écologiste Philippe Defeyt, administrateur de l'Institut pour un Développement Durable (IDD), était l'invité du RTL INFO 13H pour aborder la question du revenu de base. "C'est très simple, entame-t-il. C'est un revenu qui est accordé à tout le monde tout au long de sa vie de manière inconditionnelle. Cela veut dire que si vous gagnez un peu d'argent en travaillant, si vous avez une allocation sociale, si vous avez d'autres revenus, on n'y touche pas. Ce qui est tout à fait différent de ce qui se passe aujourd'hui. Et plus important: c'est un revenu que vous gardez même si vous décidez d'habiter avec d'autres, quelle que soit la nature des liens. Ce peut-être un petit-fils qui revient chez ses grands-parents, deux personnes qui s'aiment et qui se mettent ensemble, etc."
La spécificité du revenu de base: "On n'y touche pas"
C'est là le principal élément qui différencie ce revenu de base des allocations de chômage ou du revenu d'intégration sociale, octroyé par les CPAS. En effet: le revenu de base est versé de façon inconditionnelle. "Prenez le cas de quelqu'un qui est au CPAS ou au chômage et qui a par exemple une allocation de 1.000€, cite Philippe Defeyt. S'il trouve un job qui lui rapporte 500€, la première chose que l'Etat va faire, c'est retirer les 500€ des allocations qu'il perçoit. Dans le système de revenu de base, vous gardez ce revenu et les autres revenus s'y ajoutent".
Selon l'économiste, le revenu de base engendrerait "un sentiment de sécurité"
L'expert insiste sur le fait que le revenu de base permet de "garder un minimum de sécurité", et ce, "dans toutes les situations de vie". L'administrateur de l'IDD affirme que des études ont montré que ce sentiment de sécurité peut avoir plusieurs conséquences positives comme, par exemple, l'entrepreneuriat ou la reprise d'études. "Cela donne l'impression aux gens de pouvoir prendre des risques, de pouvoir faire des essais dans la vie, de pouvoir trouver des périodes pour se former, de pouvoir mieux concilier vie professionnelle et vie de famille", estime-t-il.
Les citoyens aux revenus les plus faibles seraient gagnants
L'idée est alléchante et plus particulièrement pour les Belges issus de la classe moyenne ou ayant une situation socio-économique plus fragile. "Je dirais que les deux-tiers des Belges y gagnent et pour les autres, c'est neutre, ou alors [cela représente] un supplément de cotisations ou d'impôts."
Mais comment financer ce revenu de base? "C'est finançable, considère l'économiste. Dans la plupart des modèles de revenu de base qui existent, en Belgique ou ailleurs, il s'agit pour l'essentiel de redistribuer autrement, et avec moins de conditions, des sommes qui existent et bien-sûr, pour partie, d'aller chercher quelques milliards en plus en matière fiscale, ce qui est aujourd'hui parfaitement possible."
Pourquoi ce revenu de base n'a pas été un thème de campagne? "La société est en avance sur les partis politiques et les mouvements sociaux, estime Philippe Defeyt. La société, j'en suis profondément convaincu, est beaucoup plus prête qu'on ne le pense à changer les règles du jeu."
D'autre résultats de l'enquête
L'IDD fournit les détails des réponses. Sont plus favorables au revenu de base: les jeunes (63%). Les aînés sont 55% à y être favorables. Les revenus petits et modestes y sont plus favorables (64%) que les revenus supérieurs (53%). Les Bruxellois sont très favorables à un revenu de base (77%), plus que les Wallons (64%) et que les Flamands (53%).
Les gens qui se déclarent de gauche sont plus favorables à l'idée d'un revenu de base (68%) que ceux qui se déclarent de droite (51%) ; au centre ils sont 57% à adhérer à l'idée. Ceux et celles qui estiment que le gouvernement doit réduire les différences de niveaux de revenus y sont plus favorables (61%) que ceux et celles qui ne le pensent pas (49%).
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