L'actionnariat familial du producteur d'eaux Spadel a lancé une offre de reprise des parts qui ne sont pas encore en sa possession. Une offre de 95 euros cash par action a été émise, pour les 9,1% d'actions cotées à la Bourse de Bruxelles. Avec le parc animalier Pairi Daiza et l'armateur CMB (la Compagnie maritime belge), Spadel est la troisième entreprise en deux semaines à procéder à une sortie de Bourse.
Le groupe est essentiellement connu pour la marque Spa. Il détient également Bru, ainsi que des sites de production en France et au Pays de Galles.
L'offre a été émise par la société anonyme Finances & Industries (F&I). Il s'agit de l'actionnariat familial qui est contrôlé par Marc Du Bois, CEO de Spadel. L'offre envisagée, qui porte sur 380.340 actions, "permettrait à tous les actionnaires qui ne lui sont pas liés de céder leurs actions à un prix comportant une prime de 18,93% par rapport au cours de clôture de l'action", jeudi, selon la SA.
Vers de gros investissements, donc moins de rentabilité à court terme
Pour cette dernière, "le maintien de la cotation de Spadel ne se justifie plus au regard de sa situation actuelle". "Spadel a adopté récemment un nouveau plan d'affaires à 5 ans qui repose en grande partie sur l'innovation. Le lancement de produits (...) sur les différents marchés requerra des investissements industriels et commerciaux de très grande ampleur qui pèseront sur la rentabilité, au moins à court terme, de Spadel", explique-t-on.
Pourquoi quitter la Bourse ? Car Spa n’en a pas besoin !
"Spadel n'a pas besoin de faire appel au marché pour réaliser ses investissements et ses projets, vu son niveau de génération de cash flow libre et le niveau actuel de sa trésorerie. Par ailleurs, l'entreprise a l'intention de développer des projets de croissance organique ambitieux, sur le moyen et long terme, mais présentant une lisibilité limitée sur le court terme et une évolution de son profil de risque difficilement compatibles avec son statut de société cotée", a ajouté Axel Miller, président de F&I.
"Les taux d'intérêts bas favorisent les sorties de Bourse"
Les taux d'intérêts bas sont une première raison évoquée par les analystes financiers contactés par l’agence Belga pour expliquer les sorties de Bourse annoncées récemment. "Faire appel à l'actionnariat via la Bourse permet en principe de profiter de coûts de financements inférieurs à ceux proposés par les banques", explique Jean-Marie Caucheteux, directeur de la recherche actions à la Banque Degroof. "Avec les taux d'intérêts faibles, c'est moins vrai." En outre, "les taux d'intérêts bas peuvent permettre de racheter les titres des actionnaires minoritaires en empruntant à taux très réduits", ajoute Anthony della Faille, responsable equity market pour ING Belgique.
Les 3 sociétés ont une taille parfaite pour sortir de la Bourse
Selon lui, le nombre limité d'actions Spadel ou Pairi Daiza en circulation expliquent également leur retrait de la cote. Les trois sociétés évoquées sont dotées de petites ou moyennes capitalisations boursières, poursuit Jean-Marie Caucheteux. "Or être coté en Bourse implique une lourdeur administrative conséquente, d'autant plus pour les entreprises de petite taille." Ces sociétés doivent en effet régulièrement se justifier dans des rapports financiers et ont des contraintes à respecter. De plus, les investissements à plus long terme sont parfois difficilement justifiables auprès des actionnaires, alors que ces sociétés doivent effectuer un "reporting régulier, trimestre par trimestre", comme le note Anthony della Faille. Les sociétés non cotées ont de ce point de vue davantage de libertés, sans paraître trop "risquées".
"On peut parler d'une tendance à des sorties de Bourse, dans le contexte des taux d'intérêts bas", conclut le spécialiste.
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