Ce matin dans sa chronique économique sur Bel RTL, Bruno Wattenbergh a évoqué avec Thomas Van Hamme les conséquences de la crise pour les générations les plus jeunes.
On va voir qu’ils paient cher cette crise et que ce prix pose la question de la solidarité intergénérationnelle…
Est-ce que ce sont les jeunes qui paient le prix de la crise actuelle ?
Clairement. En Europe, les jeunes entre 20 et 30 ans ont fort peu de chances d’atteindre la carrière, la prospérité et la sécurité économique de leurs parents et lorsqu’ils trouvent un travail, c’est souvent sous-payé et ils sont confinés dans des contrats précaires. Alors qu’ils sont en général plus diplômés que leurs parents. Enfin, si le chômage des 45 – 54 ans a un peu augmenté depuis le début de la crise, il a fortement augmenté chez ces jeunes.
Est-ce que l’on peut parler d’un enjeu de solidarité entre les générations ?
L’Europe politique a choisi les ainés au détriment des jeunes. Les cadres législatifs protègent le niveau de vie des baby-boomers qui, soit finissent leur carrière avec des avantages dont les jeunes ne bénéficieront jamais, soit se retrouvent retraités avec un niveau de vie que personne ne peut aujourd’hui garantir à ces jeunes actifs.
Est-ce que la situation est vraiment aussi blanche et noire ?
Malheureusement oui. Selon Eurostat, le niveau de vie des plus de 60 ans a augmenté depuis le début de la crise. Alors qu’il a chuté chez les moins de 25 ans dans la plupart des pays européens. Pire, les mécanismes de protection, les acquis sociaux qui ont protégé les baby-boomers et qu’ils défendent bec et ongles, freinent la relance et l’accès de ces jeunes au marché de l’emploi.
Et puis, il y a la dette publique. Est-ce aussi un enjeu intergénérationnel ?
Énorme bien sûr. La charge de la dette et la mauvaise utilisation de cette dette, notamment dans l’éducation ou l’innovation, provoquent actuellement des sous-investissements qui pénalisent notre compétitivité, ce qui ne favorise pas la création d’emplois pour les jeunes. Et ce que l’on fait aujourd’hui, c’est clairement passer la dette à ses enfants et à ses petits-enfants pour privilégier ses avantages, ses rentes de situation. Il y a donc des générations qui sont des bénéficiaires nets du système et d’autres générations qui contribueront plus qu’elles n’en retireront.
Et ce conflit entre générations ne gomme pas le conflit entre classes sociales ?
48% des jeunes européens vivent chez leurs parents, 4% de plus qu’en 2007 et un bénéficiaire sur trois du revenu d’intégration sociale est un jeune de moins de 25 ans. Aujourd’hui, la qualité de vie d’un jeune dépend du niveau de vie de la famille dans laquelle il est né. Un échec détestable de notre société belge et européenne. Il y a donc un vrai débat sur les acquis sociaux de ceux qui ont un travail par rapport à ceux qui rêvent d’en avoir un pour construire leur vie…
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