Acheter un bien immobilier est devenu de plus en plus compliqué, et ça pourrait ne pas s'arranger. La Banque nationale souhaiterait qu'avant d'octroyer un crédit, les banques demandent systématiquement les données relatives à la performance énergétique des bâtiments.
"PEB (certificat de performances 'énergie' d'un bâtiment) E, F, G… On voit bien que dès qu'on doit limiter un peu le budget, il y a des problèmes énergétiques". Ça fait des mois qu’Elise et son compagnon cherchent à acheter une maison. Mais avec leur budget, pas facile de trouver une habitation avec un PEB correct.
"On est allé visiter une maison hier, et pour nous, oui, il y a pas mal de travaux à faire", poursuit-elle. Ce couple est donc face à un dilemme. "On aimerait bien une belle maison avec un bon PEB, mais les prix sont vraiment conséquents. Donc on cherche un premier investissement, mais il y a plein de rénovations à faire et beaucoup d'investissements sur le côté" en plus à prévoir.
Et ça, cela pourrait donc bientôt poser problème. Car la Banque Nationale souhaiterait que le PEB d’une habitation soit analysé avant l’octroi d’un crédit. "Voici le certificat PEB d'un bien à Wavre", nous montre Pierre Jergeay, courtier en crédit :
"Il est coté E, et le client doit donc prévoir 40.000 euros de travaux". Ce courtier le remarque déjà : les banques s’intéressent de plus en plus aux performances énergétiques des biens immobiliers.
Mais si demain cela devenait un critère d’octroi de crédit, cela pénaliserait les moins riches. "J'ai peur qu'à terme, ce soit un problème en plus pour les candidats emprunteurs: les banques vont serrer la vis au niveau des quotités. Pour l'instant, c'est 90%, rarement 100% (que l'on peut emprunter par rapport au prix d'achat, à la valeur de la maison). Donc pour les dossiers avec un mauvais PEB, on risque d'aller jusque 80%".
Cependant, pour la Confédération Construction, cette mesure serait contre-productive. Elle empêcherait effectivement des personnes d’acheter et donc de rénover. Pour elle, il faudrait plutôt augmenter la capacité d’emprunt des acquéreurs. "40% des Belges ne disposent pas des moyens financiers pour rénover leur maison. Ils doivent passer par un emprunt, qui donnera de la valeur à l'immeuble, et permettra de rencontrer les enjeux climatiques", plaide Niko Demeester, administrateur délégué de la Confédération Construction. Pour la confédération, les banques auraient donc aussi un intérêt à financer ces travaux. Car une fois terminées, les maisons hypothéquées… prendront de la valeur.
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