Les inquiétudes autour de l'emploi qui découlent de l'annonce de la fusion des groupes Ahold et Delhaize, mardi, concernent surtout les Belges, estime le syndicat néerlandais CNV. La raison: s'il y a des doublons, le Belge sera davantage menacé car son salaire est plus élevé.
Dans le cadre de la fusion entre les groupes Delhaize et Ahold qui va mener à un géant mondial de la grande distribution, si l'emploi n'est pas menacé à court terme, des doublons vont apparaître notamment au sein des sièges et dans la logistique, considère Michiel Wallaard, directeur du syndicat néerlandais CNV. Selon lui, les Néerlandais ont l'avantage dans le domaine de la logistique, en raison des salaires moins élevés et d'une règlementation plus souple du travail de nuit. Les craintes pour l'emploi concernent donc surtout les Belges, note-t-il.
Ahold et Delhaize s'unissent pour former un poids lourd de la distribution
Les groupes néerlandais et belge Ahold et Delhaize ont annoncé mercredi leur fusion, qui donnera naissance à l'un des plus grands groupes mondiaux du secteur avec un chiffre d'affaires combiné de plus de 54 milliards d'euros.
Baptisée Ahold Delhaize, le nouveau groupe comptera plus de 6.500 magasins, plus de 375.000 employés et plus de 50 millions de clients par semaine en Europe et aux Etats-Unis, ont indiqué les deux sociétés.
Leur rapprochement donnera naissance au cinquième groupe de distribution aux Etats-Unis, et au quatrième au niveau européen, estiment les analystes.
La transaction est prévue pour 2016. Les deux groupes, jugés complémentaires par les observateurs, se sont, eux, réjouis de la création d'un "groupe de distribution alimentaire de classe mondiale".
Chaque actionnaire de Delhaize recevra 4,75 actions Ahold pour chaque action Delhaize qu'il possède, ce qui valorise le titre Delhaize à 90,04 euros, soit 2,3% de plus que son cours de clôture de mardi, selon l'agence Bloomberg.
"Ahold n'a vraiment pas fait une proposition royale", a estimé Tom Simonts, analyste chez KBC Securities, cité par le quotidien belge Les Echos : "On s'attendait à 100 euros (par action ,ndlr), voire plus".
Si Ahold et Delhaize évoquent une "fusion entre égaux", M. Simonts estime que le groupe néerlandais s'est offert Delhaize "à bon prix". Après finalisation de la fusion, les actionnaires d'Ahold détiendront 61% des parts de la société nouvellement formée tandis que ceux de Delhaize en détiendront environ 39%.
En 2014, Delhaize a dégagé un chiffre d'affaires de 21,4 milliards, alors qu'Ahold, qui domine le secteur de la moyenne et grande distribution aux Pays-Bas avec l'enseigne Albert Heijn, a vendu pour 32,8 milliards d'euros.
L'annonce a été accueillie positivement à la Bourse d'Amsterdam, où Ahold gagnait 1,56%, à 19,25 euros vers 09H00 GMT après avoir pris plus de 4% dans les premiers échanges.
A Bruxelles par contre, le titre Delhaize perdait plus de 4%. Il s'était envolé de plus de 8% mardi, au point d'être finalement suspendu en fin de séance, à la suite de l'annonce par le quotidien Financieele Dagblad d'un accord imminent.
"Les deux groupes sont complémentaires, leur fusion est assez logique", assure à l'AFP Joost van Beek, analyste pour la banque néerlandaise Theodoor Gilissen.
"Delhaize et Ahold vont profiter de leurs points forts respectifs pour faire face à certains défis", tels que la concurrence des chaînes discounts aux Etats-Unis ou la croissance de la vente en ligne, a ajouté M. Van Beek.
La société nouvellement formée bénéficiera des importants investissements réalisés par Ahold dans la vente en ligne ces dernières années, notamment avec le rachat de la société bol.com aux Pays-Bas.
Géographiquement, les deux groupes sont actifs sur la côte est des Etats-Unis, mais Ahold, avec Stop & Shop, est présent plutôt dans le nord-est alors que Delhaize, avec Food Lion, l'est dans le sud-est.
En Europe, leurs parts de marché importantes, respectivement aux Pays-Bas et en Belgique, ne se chevauchent pas ou peu.
Ahold et Delhaize, qui avaient annoncé le 12 mai discuter d'un rapprochement, espèrent réaliser des synergies de 500 millions d'euros par an à partir de la troisième année suivant la fusion.
Le directeur exécutif de la société nouvellement formée sera l'actuel PDG d'Ahold, Dick Boer, tandis que le PDG de Delhaize, Frans Muller, sera son adjoint et responsable de l'intégration des deux groupes.
Ahold et Delhaize ont finalement opté pour la fusion, plusieurs années après une première tentative avortée: les deux groupes avaient déjà discuté d'une possible alliance en 2006-2007.
Vos commentaires