Depuis la crise, la classe moyenne est dans le viseur des politiques. Une partie de la population se retrouve donc prise dans l'étau. Dans de nombreux cas, les revenus des ménages sont à peine plus élevés que le seuil maximum pour pouvoir bénéficier d’un tarif social réduit. Une situation qui met de nombreuses familles dans une précarité certaine, les faisant vivre parfois sur le bout du fil.
Une problématique importante, à mesure que le besoin d’aider la classe moyenne devient de plus en plus urgent en ces temps de crise. Pourtant, pour beaucoup, le seuil pour pouvoir bénéficier du tarif social est encore beaucoup trop restrictif. Et pour cause, pour y avoir accès, il faut disposer d’un revenu imposable annuel de maximum 20.292,59 €. Pour Philippe Defeyt, économiste à l’Université de Namur, c’est une situation désolante: « Cela veut dire que dès que vous dépassez d’un euro le seuil, vous n’êtes plus éligible pour être aidé. C’est complètement aberrant.»
En juillet dernier, et ce, en plein contexte de réforme fiscale, Vincent Van Peteghem avait déclaré : « Vous verrez, nous ferons des choix politiques clairs ». Mais pour donner des perspectives claires à la classe moyenne, encore faut-il que le gouvernement ait les moyens pour y parvenir. Un processus simple en apparence, mais qui peut s’avérer très vite compliqué. Pour y voir plus clair, l’économiste Philippe Defeyt poursuit donc son explication avec un exemple: « Prenons le cas où le gouvernement plancherait sur la possibilité de doubler le seuil maximum pour les ménages, et ainsi de le monter à 40.585,18 €. Il lui faudrait tout un tas de données. Dont celles des déclarations fiscales individuelles correspondant à des personnes vivant en ménage, pour pouvoir savoir combien de personnes pourraient bénéficier de cet élargissement du tarif social ».
C’est quelque chose que je sais, d'après les nombreux échos que j’ai entendus
Seul hic: d’après Philippe Defeyt, le gouvernement ne dispose tout simplement pas de ces chiffres. « C’est quelque chose que je sais, d’après les nombreux échos que j’ai entendus.» En d’autres mots, sans ces données, le processus est bloqué. Aucune modification ou élargissement du tarif social ne peut donc être envisagé. Une situation qui consterne l’économiste: « Ne pas pouvoir aider les gens car on manque tout simplement de données, et non pas de moyens, c’est aberrant »
Est-ce bien le cas ? Si oui, le manque de chiffres peut-il réellement bloquer le processus de mise en place d’une mesure ?
Contacté par nos soins, le porte-parole du Premier ministre tempère: « Nous avons pour objectif d’apporter une aide à la classe moyenne. C’est la seule chose qui est sûre pour le moment. Concernant les aides, nous avons plusieurs possibilités. L’élargissement du tarif social est seulement une possibilité à explorer parmi tant d’autres. Donc, avant de pouvoir nous prononcer sur la faisabilité d’une mesure, il faut d’abord que nous nous accordions sur la mesure que nous allons adopter. Et comme toute mesure, il y a certains angles morts. Pour l’instant, nous n’avons toujours pas pris de décision.» Elle devrait tomber durant la fin de la semaine.
Il est donc impossible d’affirmer ou d’infirmer pour l’instant que des raisons technico-administratives peuvent bloquer la mise en place d’une mesure. Néanmoins, la question de la précarité de la classe moyenne n’en reste pas moins préoccupante. Si l’on se base sur le revenu, en Belgique, près de 15% de la population connaît toujours un risque de pauvreté. Parmi les catégories les plus touchées, on retrouve les locataires ou encore les familles monoparentales. Les chiffres sont tout de même à nuancer puisque toute une catégorie de personnes dépasse de justesse les critères, restant ainsi en situation de précarité sans être forcément reprises dans les statistiques. Considérée alors comme faisant partie de la classe moyenne, elle ne peut prétendre aux mêmes aides. Tout le nœud du problème donc.
Récemment, dans le RTL info 19h, nous évoquions l'avenir tu tarif social :
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