La Banque nationale (la BNB) a préparé une nouvelle proposition pour le gouvernement, en vue de réduire les risques liés au marché hypothécaire, rapportent L'Echo et De Tijd mardi. Contrairement à la première recommandation, mise au frigo, la nouvelle recommandation semble plaire au gouvernement, qui serait enclin à la suivre, selon les quotidiens.
Il s'agirait, cette fois, de contraindre les banques d'augmenter leurs réserves de capitaux en fonction du risque de l'ensemble de leur portefeuille de crédits hypothécaires. Elles seraient obligées de se constituer une réserve de capitaux de près de 550 millions d'euros. La proposition précédente considérait les crédits sur base individuelle, avec une obligation pour les banques de se constituer un matelas de capitaux supplémentaire pour les crédits dont le montant dépasse 80% du prix d'achat du bien.
Menace "potentielle" pour le système financier
Dans un communiqué de presse, la BNB indique constater "que l'octroi de crédits hypothécaires par les banques belges reste soutenu: les montants prêtés s'inscrivent à nouveau en forte hausse (5 à 6 % par an) et les conditions de crédit demeurent particulièrement souples", alors que les prix du marché immobilier ont poursuivi leur croissance au cours des trente dernières années.
De plus, remarque la BNB, le taux d'endettement des ménages augmente et la durée des nouveaux emprunts a encore augmenté au premier semestre de cette année. "En raison de l'ensemble de ces éléments, la quantité de prêts hypothécaires risqués dans le portefeuille des banques n'a pas baissé, au contraire, alors que les coussins de fonds propres sont trop limités, ce qui constitue une menace potentielle pour le système financier", souligne la banque centrale belge.
Octroi plus difficile, hausse des taux
La nouvelle mesure proposée "est clairement une amélioration", indique de son côté une source gouvernementale. Si le gouvernement l'approuve, les banques devraient resserrer leurs conditions d'octroi, ou augmenter les taux des crédits hypothécaires. "Ca va clairement être plus compliqué (d'obtenir un crédit). A partir du moment où la banque va pouvoir prendre moins de risques, elle va partager ce risque avec le demandeur d'un prêt hypothécaire", a réagi Bruno Wattenbergh, expert en Economie.
Febelfin, la fédération du secteur bancaire, a fait part de son intérêt pour la proposition. Elle salue le fait que la Banque nationale et le gouvernement veuillent établir un cadre. "Le secteur estime essentiel d'être en mesure de remplir au mieux et à tous égards son rôle en tant que prêteur et de viser un octroi de crédit sain. Le critère essentiel pour accorder un crédit hypothécaire demeure l'analyse de la capacité de remboursement", indique Febelfin. "Une capacité de remboursement suffisante est dans l'intérêt de toutes les parties: les emprunteurs, les prêteurs, les pouvoirs publics et la société en général."
Coup dur pour les jeunes
En cas de concrétisation, les intentions réitérées du gouvernement fédéral de durcir les conditions d'octroi de crédit hypothécaire par les institutions bancaires constitueront un coup dur pour tout jeune qui, à Bruxelles, cherche à devenir propriétaire, sans disposer d'un trésor de guerre improbable ou de l'aide très généreuse de parents fortunés, a affirmé mardi le chef du groupe cdH au parlement bruxellois Benoît Cerexhe.
Dans la capitale, la mesure engendrera, selon lui, une dualisation accrue de la ville et l'encouragement à l'exode urbain des jeunes et des familles.
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