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La restructuration chez BNP Paribas Fortis, une surprise? "C'est la fin d'un modèle"

 
 

Trois questions ont été posées à notre spécialiste économique Bruno Wattenbrergh pour mieux comprendre ce qui se passe chez BNP Paribas Fortis. La banque a annoncé aux syndicats vendredi, à l'occasion d'un conseil d'entreprise extraordinaire, la suppression de 2.600 à 2.800 emplois d'ici 2021. BNP Paribas Fortis supprimerait 267 de ses 678 agences d'ici 2021. La direction prévoit quelque 1.600 départs volontaires, plus de 1.000 plans d'accompagnements sociaux mais également l'engagement de 600 personnes en trois ans.


Olivier Schoonejans: est-ce que cette annonce est une surprise?

Bruno Wattenbrergh: "Pas tout à fait, on sait que le secteur bancaire belge a d'importants staffs. Les banques comptent sur des départs naturels car il faut savoir que dans le secteur bancaire, le personnel est en moyenne un peu plus élevé que dans les autres secteurs. Ce n’est pas suffisant et cela fait des dizaines d’années qu’il y a des charrettes successives de licenciements et de fermeture d’agences. La deuxième raison, c’est qu’on ne consomme plus la banque comme la consommait nos parents. Nous voulons avoir notre banque en poche et quelques distributeurs de billets. Nous nous rendons rarement en agence. C’est la fin du modèle qui veut que dans chaque village, il y ait quatre grandes enseignes bancaires. C’est terminé. On veut encore du conseil donc pour certaines situations, on continuera à aller en agence. La banque ne va pas désinvestir dans le conseil. Elle doit recruter des jeunes pour développer le service en ligne, des gens plus qualifiés, et progressivement, elle regroupe ses agences."


O.S: BNP a aussi une particularité par rapport à d'autres banques...

B.W.: "Elle appartient à une banque étrangère. Cela veut dire que sa filiale belge souffre aussi du regroupement de certains services de support, ailleurs, que ce soit en France ou à l’étranger. On pense à l’informatique. Cela fait une pression sur la masse salariale. Parallèlement, BNP Paribas était une des dernières banques qui n’avait pas véritablement fait de grandes charrettes de licenciement. Ensuite, il faut savoir que derrière BNP Paribas Fortis, il y a aussi Fintro avec déjà un réseau d’agences et une collaboration avec la Banque de la Poste."


O.S.: quand on voit que la banque fait des bénéfices, et qu'elle supprime 2.800 postes, cela choque toujours un peu...

B.W.: "Cela choque et c’est très difficile à faire accepter aux syndicats et aux travailleurs concernés. La seule chose qu’on peut dire, c’est qu’on restructure une entreprise quand elle va bien. Si vous devez subir une opération lourde, vous avez intérêt à être en bonne santé. C’est exactement la même chose. Une restructuration, cela coûte de l’argent, c’est risqué. Il faut le faire quand l’entreprise est saine. C’est ce qu’il se passe aujourd’hui.

La restructuration et le passage à un monde digital, c’est une opération extrêmement risquée. Et ensuite, bien évidemment, il y a une maison mère avec une question centrale : est-ce qu’elle demande trop à sa filiale belge ? Est-ce qu’elle pompe trop d’argent ? Il pourrait y avoir une dizaines d’avis complètement divergents. Ce qui est sûr, c’est que quand BNP Paribas a sauvé Fortis, ce n’était pas pour faire de la philanthropie, c’était un investissement. Cela impose qu’il y ait des dividendes."


 

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