Le directeur général d’Electrabel Philippe Van Troeye était l’invité de Bel RTL ce matin. Le patron de la filiale du français Engie était au micro de Martin Buxant. Il a commenté la décision du gouvernement fédéral de prolonger les réacteurs Doel 1 et 2.
Martin Buxant : Les centrales nucléaires de Doel 1 et 2 ont été prolongées hier pour une période de 10 ans après un accord avec votre groupe Engie/Electrabel et le gouvernement fédéral. Expliquez-nous, pour vous, cela veut dire quoi ? Quelles sont vos obligations concrètes maintenant ?
Philippe Van Troeye : D’abord, c’est une décision importante pour les citoyens belges parce qu’elle va sécuriser l’approvisionnement d’électricité pour les 10 prochaines années. Il faut être clair vis-à-vis des auditeurs, c'est une décision liée à la politique énergétique du pays. Donc, c’est une décision qui appartient au gouvernement. Ensuite, les obligations pour nous, et bien, elles sont simples : exploiter ces centrales pendant dix ans avec un haut degré de sûreté et pour cela nous allons devoir faire des investissements pour un montant de 700 millions d’euros.
M.B. : Votre monopole d’exploitation est donc garanti pour dix nouvelles années. Il y avait ce que l’on appelle la rente nucléaire qui avait été fixée par le gouvernement précédent à environ 500 millions d’euros par an. Et là, vous allez payer beaucoup moins. Par exemple 130 millions ne 2016. Pourquoi cela a été revu à la baisse ?
P.V.T. : Il faut être clair. Depuis la fixation de cette contribution nucléaire à 550 millions d’euros, les prix de l’électricité ont été divisés par plus que deux. Et en fait, la marge bénéficiaire sur les unités nucléaires a été réduite avec un facteur trois. Donc, au fond, la contribution nucléaire était devenue confiscatoire par rapport au revenu que nous pouvions tirer de l’exploitation de nos centrales. La décision aujourd’hui, c’est donc de revenir à une situation normalisée.
M.B. : Mais avec votre monopole d’exploitation, vous allez quand même engranger de gros bénéfices sur vos centrales qui sont déjà amorties… Donc, c’est une situation qui est favorable pour vous ?
P.V.T. : Justement, cette contribution nucléaire est la compensation qui est faite par le gouvernement qui vient retenir finalement un impôt particulier sur ces centrales nucléaires parce qu’effectivement elles ont été amorties. Il faut quand même se rendre compte qu’on investit chaque année pour 200 à 300 millions d’euros rien que pour la maintenance et pour la prolongation de Tihange 1 il y a aussi un investissement de 600 millions et pour celle de Doel 1 et 2, un investissement de 700 millions d’euros.
M.B. : Vous dites justement que vous allez investir de 700 millions d’euros. Mais en même temps, on a une hausse de la TVA sur l’électricité à 21%, donc certains disent que c’est le consommateur qui finalement passe à la caisse et qui verra sur sa facture se répercuter cet investissement que vous allez faire…
P.V.T. : Alors là, je vais nier quand même complètement puisqu’il n’y a aucun lien direct entre la TVA et notre situation. Les centrales nucléaires fonctionnent en fonction d’un prix de marché d’électricité. Cet investissement, nous sommes propriétaires des centrales, donc c’est nous qui allons le porter et on aura une rentabilité ou pas en fonction du prix de l’électricité sur les marchés.
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