La Belgique produit trop de pommes de terre. En 2017, la récolte a été très abondante, avec un niveau record de 5 millions de tonnes récoltées. Cela s'explique par l'été pluvieux et des températures estivales modérées.
Quand l'offre est à son maximum, les prix payés aux producteurs sont au minimum. Sur le marché libre, où environ 30% de la production belge est vendue, les fluctuations sont énormes: une tonne de bintjes coûtait 45 euros en début de saison, puis elle est tombée à 20 pour remonter à 25 aujourd'hui. Il y a un an, suite à une récolte médiocre, le prix atteignait 200€ la tonne.
Notre journaliste Julien Covolo a rencontré Mathieu, un agriculteur à Amay. Il tente de s'adapter pour réduire les effets de ces changements de prix. "Ce n'est pas bon pour l'agriculteur, mais on sait en tenir compte et on sait bien qu'une année n'est pas l'autre. On essaie d'étirer nos moyennes sur plusieurs années pour équilibrer nos finances", confie-t-il.
Pas de répercussion sur votre ticket de caisse pour l'instant
Une pomme de terre moins chère chez le producteur n'est pas forcément synonyme d'économie pour le consommateur. "Le prix qui est bas pour le moment ne va pas se répercuter de la même façon sur le prix d'achat, c'est certain", indique Mathieu.
Car la majorité de la production belge (60 à 70%) est vendue via des contrats de pré-saison conclus à l'avance entre agriculteur et transformateur. Une baisse sur le long terme pourrait tout de même se répercuter à un moment sur votre ticket de caisse.
Gérer la production
Pour répondre à ce problème de surproduction, trois associations agricoles (FWA pour la Wallonie, l'ABS pour la Flandre et l'UNPT pour le Nord de la France) se sont regroupées derrière un projet interrégional. Il vise à trouver des débouchés d'urgence pour écouler les surplus de pommes de terre en cas de surproduction. Cela permettrait de vendre ces surplus à des prix plus élevés et de "limiter la casse". "Ce qu'on veut, c'est diriger une partie de ces excédents vers d'autres transformations qui permettent de mieux valoriser ces pommes de terre. Ça peut être des transformations pour la consommation humaine, en purée ou en flocon pour l'alimentation du bétail. Ça peut être non alimentaire, notamment la biométhanisation et la production d'énergie verte", explique Alain Masure, directeur du service d'études de la Fédaration Wallonne de l'Agriculture, interrogé par Olivia François.
D'après Alain Masure, la production de pommes de terre devra diminuer coûte que coûte. "On recherche des solutions pour que ces excédents de pomme de terre puissent trouver une valorisation sans doute meilleure qu'en restant dans les stocks. Il y a également une sensibilisation importante du secteur sur le fait qu'il faut aussi très rapidement réfléchir à la régulation des volumes, et à ne pas augmenter sans cesse les surfaces", indique-t-il.
Les agriculteurs ont récolté une quantité record de pommes de terre en 2017: les prix sur les marchés financiers sont en chute
Publié le 22 avril 2018 à 09h12
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