Est-ce que le coronavirus a-t-il changé vos habitudes d’épargne. C’est ce qu’a tenté de savoir la banque CBC avec son baromètre. Le directeur général de la banque privée était invité sur le plateau du RTL INFO 13H ce lundi pour en parler. Xavier Falla a répondu aux questions d’Olivier Schoonejans.
Les Belges ont-ils continué à épargner pendant cette crise ?
"Nous étions particulièrement désireux de savoir s’il y avait eu un gros changement dans l’attitude du Belge par rapport à son épargne avec cette crise du Covid et nous avons observé qu’effectivement le Belga a continué à épargner. Il a même épargné beaucoup plus puisqu’on est monté à un montant record de 290 milliards sur les comptes d’épargne. Par contre, il y a moins de Belges qui ont épargné."
Qu’est-ce qu’on en tire comme conclusion ?
"Ce que l’on observe quand on va plus en détails dans l’étude, c’est qu’il y a une frange de Belges qui a épargné plus qu’auparavant. Avant nous avions par exemple 37% de Belges qui épargnaient plus de 200 euros par mois et s’est monté à 45%. A côté de cela, les plus petits épargnants sont devenus moins nombreux. Il y avait 15% de Belges qui épargnaient moins de 50 euros et s’est tombé à 8%. Cela veut sans doute dire que certains Belges n’ont plus pu épargner parce qu’ils ont été mis pour une raison ou une autre dans une situation de plus grande précarité."
On parle d’une perte de revenus par exemple, d’un licenciement, du chômage économique. Toutes des mesures ont été prises mais pas mal de gens ont perdu de l’argent pendant cette crise ?
"Exactement, et pour les plus petits épargnants, on voit que ceux-ci ont dû consacrer l’argent qu’ils avaient l’habitude d’épargner à leurs besoins quotidiens."
Il y a un élément assez interpellant dans votre enquête, c’est que finalement parmi les tranches d’âge qui ont continué à épargner pendant la crise, il y a les jeunes. Comment on explique cela ?
"Mais plus que cela, les jeunes sont à la limite les champions de l’épargne pendant cette période puisque on observe qu’il y en a maintenant, alors qu’il y a 67% des Belges qui épargnent, parmi la tranche 25-34 ans, il y en a 75%. C’est donc très important. On peut y voir deux raisons. D’une part, sans doute le jeune de 25 à 34 ans a été plus impacté dans son comportement psychologique par le Covid. Il a plus peur de la perte d’emploi et aussi peur sans doute de l’absence de mobilité que l’emploi plus rare pourrait générer. Du coup, il cherche à mettre plus d’argent de côté. Avant on parlait de 3 mois de salaire pour compenser une perte d’emploi."
C’est assurer les arrières un peu finalement pour l’instant? L’inquiétude qui fait que si une nouvelle crise arrive, au moins on a un peu de stabilité, on a 5-6 mois d’épargne qui sont placés…
"Exactement. Et ça c’est donc directement lié au Covid. Et il y a une autre raison que nous voyons : le système bancaire en général a évité pour qu’il y ait une surchauffe des prix de l’immobilier adopté des mesures plus strictes pour l’accès aux crédits hypothécaires, en demandant un effort propre plus important pour le candidat emprunteur. Et les jeunes l’ont intégré parfaitement. Ils savent que s’ils veulent avoir accès à un crédit hypothécaire ils vont devoir mettre plus d’argent par eux-mêmes dans l'équation et ça certainement cela a joué aussi."
Le compte épargne ne rapporte quasiment rien. Vous parliez de 291 milliards d’euros qui sont placés sur ces comptes épargne. Pourquoi cela reste toujours prisé par la population ? Pourquoi place-t-on encore plus d’argent ?
"La raison est simple. C’est l’aversion au risque. C’est la crainte d’un crash ou d’un moment difficile sur les marchés comme on l’a vécu milieu du mois de mars qui retient l’épargnant dans une attitude de plus grand investisseur. Ce qui est quand même contradictoire parce que se faisant l’épargnant sait qu’il va perdre 2% de pouvoir d’achat le premier jour où il met son argent sur le compte d’épargne puisque celui-ci est rémunéré aujourd’hui à 11 centimes et que le taux d’inflation est de l’ordre de 2%. Donc il y a manifestement une perte du pouvoir d’achat et donc certainement une attitude différente que nous tous Belges devons adopter pour l’avenir avec des investissements qui auraient un meilleur rendement."
L’avantage du compte épargne, c’est que l’on peut retirer de l’argent rapidement ?
"C’est le gros avantage, bien sûr. C’est la liquidité qui opère immédiatement et c’est pour cela que nous conseillons toujours de fractionner son épargne et de bien sûr conserver des montants pour pouvoir avoir une disponibilité immédiate des besoins que l’on pourrait avoir. Mais par contre il ne faut pas mettre toute son épargne dans cette même catégorie et il y a sans doute des projets à moyen et à long terme qui peuvent faire l’objet d’un investissement différent."
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