Dans la séquence BEL RTL Eco de ce jeudi matin, Bruno Wattenbergh a parlé du lien entre discrimination et radicalisation.
Est-ce que les jeunes allochtones d’origine maghrébine s’intègrent moins bien les autres jeunes d’origine étrangère ?
La réponse est oui! Vous le savez, j’en parle régulièrement dans mes chroniques, nous ne sommes pas bons en Belgique pour intégrer les travailleurs d’origine étrangère sur le marché de l’emploi. Moins bon que tous les pays de l’Union européenne. Notre situation s’améliore, MAIS, selon un rapport conjoint du SPF Emploi et du Centre pour l’égalité des chances, la seule communauté pour laquelle la situation ne s’améliore pas, c’est la communauté maghrébine.
Est-ce qu’il y a une forte différence entre les différentes communautés d’origine étrangère ?
En 2012, année sur laquelle porte l’étude, le taux de chômage des Belges de 20 à 60 ans s’élevait à 8,5 %. Il grimpe à 25,5% pour les Maghrébins, 21% pour les Africains, 17,6 % pour les ressortissants du Moyen-Orient. C’est d’autant plus gênant que la communauté maghrébine est la 2e communauté étrangère en Belgique. Alors que notre population active augmente, le nombre de Maghrébins salariés diminue proportionnellement. Même pour le travail indépendant, le nombre de travailleurs maghrébins reste faible.
Des travailleurs maghrébins qui ont aussi particulièrement souffert de la crise ?
Effectivement, c’est dans cette communauté que le taux d’emploi a chuté le plus fortement surtout chez les jeunes de moins de 30 ans. Et malheureusement, lorsqu’ils ont un emploi, les jeunes maghrébins touchent en moyenne des salaires plus faibles que les personnes d’origine belge.
Qu’est-ce qui explique cette différence ?
D’abord bien sûr le différentiel de qualification. Notre école est profondément discriminante, ce n’est pas l’école de l’égalité des chances. Les jeunes maghrébins sont donc moins qualifiés que les autres communautés. Mais même à niveau de diplôme et compétences égales, les personnes d’origine étrangère restent désavantagées à cause d’un phénomène incontestable de discrimination à l’embauche. Le rapport pointe aussi comme cause le fait que beaucoup de personnes vivant en Belgique grandissent dans des ménages au sein desquels personne ne travaille. Pourquoi ? Et bien parce que notre pays a attiré depuis les années 70 beaucoup de familles via le statut de réfugié ou via le regroupement familial. Résultat, beaucoup de jeunes n’ont jamais vu leurs parents travailler.
Ces discriminations seraient un terreau de la radicalisation ?
Bien évidemment. Si nous connaissons tous des collègues maghrébins qui ont bien réussi, qui occupent de bons jobs, les statistiques démontrent qu’ils ne sont pas légion. Les jeunes maghrébins ont donc moins de chances que les autres de prendre leur vie en main ! Et ils s’en rendent bien compte. Que peut-on attendre de gens qui n’ont à la fois rien à gagner et rien à perdre ?
Où sont les solutions ?
Rien ne s’améliorera si nous ne n’offrons pas à ces jeunes une école de la réussite. Aujourd’hui, la clé d’une bonne série de nos problèmes est et reste la réforme de notre système éducatif périmé. Contre la radicalisation aussi !
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