Ce matin dans sa chronique Bel RTL Eco, l’économiste Bruno Wattenbergh analysait la dernière mesure du gouvernement Michel en matière de pensions : la possibilité de rachat des années d’étude. Son verdict ? Très intéressant pour certains qui ont déjà de l’argent, mais beaucoup moins pour les autres… D’autant qu’à long terme, l’Etat belge y sera perdant.
Dès le mois de mars de l’année prochaine chaque travailleur, quel que soit son statut, indépendant ou employé, pourra racheter ses années d’études pour obtenir à terme une pension plus élevée.
Tout part en fait d’un avantage octroyé aux fonctionnaires qui bénéficiaient de la prise en charge de leur durée d’études pour calculer leur retraite. Ils vont perdre immédiatement cette automaticité et la règle deviendra alors la même pour tout le monde. Entretemps, chacun pourra payer 1.500€ par année de diplôme à rattraper. Un système qui sera accessible à des conditions favorables pendant 10 ans. Après, ce sera plus cher.
Ça existait déjà pour les travailleurs indépendants qui pouvaient le faire jusqu’à la veille de leur pension, et pour les salariés du privé pendant seulement les 10 premières années de leur carrière.
Que va-t-on y gagner ?
De 250 à 310€ par année rachetée, selon la situation familiale.
Est-ce un bon calcul ou pas ?
Cela dépend qui vous êtes, et c’est même le caractère un peu injuste de la mesure. Si vous êtes un cadre qui a du cash, qui paie pas mal d’impôts, qui a déjà une assurance complémentaire, vous avez tout intérêt à racheter vos années d’études. Pourquoi ? Et bien parce que les montants que vous allez payer à l’Etat pour augmenter votre pension, vous pourrez les déduire de votre base taxable. En plus, si vous le faites dans les deux prochaines années, vous bénéficierez d’une réduction de 10%. Et tenez-vous bien, il n’y a pas de limite d’âge ! Vous avez 62 ans et presqu’une carrière complète, vous rachetez 4 années, en déduisant ce rachat et vous bénéficierez de 1.000 euros supplémentaires de pension. En 3 années de pension, la dépense serait donc amortie selon le cabinet du ministre des Pensions.
Est-ce une bonne affaire pour l’Etat ?
Oui, mais seulement à court terme. Si la mesure devrait rapporter quelques 42 millions d'euros en 2017, à plus long terme, cela va grever le budget de la sécurité sociale.
Alors, bonne ou mauvaise mesure ?
Pour vous ou moi certainement. Pour l’infirmière isolée avec 2 enfants qui n’a pas le cash pour racheter ses années d’études, beaucoup moins. Pour celui qui s’est formé tout en travaillant non plus, puisque le système lui sera inaccessible. En fait, cette mesure est exceptionnelle en ce sens qu’elle introduit un mécanisme de capitalisation, d’accumulation pour soi, dans le système de pension, alors que ce système est théoriquement un système solidaire basé sur la répartition. Soit tout l’inverse.
Raison pour laquelle les partenaires sociaux ont rendu le 5 décembre un avis unanimement négatif au comité de gestion de l’Office National des Pensions.
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