Rynair veut supprimer 172 emplois en Belgique, a fait savoir la compagnie aérienne irlandaise aux syndicats. Il s'agit du double du nombre annoncé initialement. L'économiste Bruno Wattenbergh nous éclaire.
- Ryanair aurait l’intention de doubler le nombre de licenciements en Belgique. Info ou Intox?
Difficile de le dire avec certitude, surtout avec son exubérant CEO qui n’apprécie pas du tout la procédure Renault qui lui est imposée en Belgique et sans doute aussi la proximité des élections sociales. De mémoire de syndicaliste, on n’avait jamais vu un patron, en plein milieu de ce type de procédures annoncer un doublement du nombre de ces licenciements. En général les directions d’entreprises dans ces situations annoncent un gros chiffre et "donne" une diminution dans la négociation.
- Qu’est-ce qui pourrait bien justifier ce passage de 84 à 172 licenciements ?
La semaine passée, Ryanair a annoncé aux marchés financiers qu’il révisait son estimation du nombre de passagers qu'il transportera d'ici mars 2021 à 50 millions contre 60 millions lors de sa précédente estimation fournie en juillet. Bien sûr en raison de la faiblesse de la demande actuelle.
Donc objectivement il aura besoin de moins de personnel dans les prochains mois. Mais il y a d’autres facteurs qui pourraient jouer dans une telle annonce.
Toujours la semaine passée, Michael O’Leary a fait feu de tout bois contre la Commission européenne, les politiques wallons et fédéraux et les restrictions de voyage. Et son discours est tristement juste : Pourquoi aider avec de l’argent public Brussels Airlines, qui est une filiale de Lufthansa, alors que des compagnies comme Ryanair ou Easyjet qui amènent de la concurrence à Zaventem et Charleroi et font baisser les prix des tickets pour les consommateurs, ne reçoivent aucune aide ?
Bref, dans un tel contexte, il a peu de raisons de mettre de l’eau dans son vin dans la négociation de la procédure Renault.
- Objectivement, quel type de compagnies rencontre le plus de difficultés à cause de la crise du Covid ? Les grandes compagnies nationales ou les low-costs ?
Les deux sont frappées de plein fouet. Mais les compagnies aériennes low-cost ont mieux résisté que les compagnies traditionnelles. La perte de Ryanair par exemple est dix fois inférieure à celle des compagnies historiques.
- Comment est-ce possible ?
Chiffre d’affaire et marge se font sur des vols courts et moyens courrier qui ont moins souffert ; le produit low-cost est destiné à des consommateurs, pas des cadres d’entreprises et ces derniers ont presque arrêté de voyager ; le modèle low-cost est également souple, donc les frais fixes peuvent être rapidement ajustés. Et enfin, les low-cost rentables avaient plein de cash. Bref, le low-cost paradoxalement, malgré les critiques sociales et environnementales, est le modèle qui sort le moins impacté de cette gigantesque crise économique que nous connaissons.
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