L'avocat des parties civiles au procès Wesphael a poursuivi sa plaidoirie ce matin.
"Examinons l'histoire que je vais vous raconter. Dans mon histoire, les treize points relevés s'expliquent parfaitement", a poursuivi lors de sa plaidoirie Me Moureau, avocat des parties civiles au procès de Bernard Wesphael devant la cour d'assises du Hainaut. Il a décrit, gestes à l'appui, son scénario de l'hypothèse à charge, "peut-être celui qu'une caméra aurait pu filmer".
La victime, au moment des faits, est coincée entre plusieurs choses, pointe l'avocat: une crainte à l'égard de Bernard Wesphael, et puis il y a Victor, "qui a, c'est vrai, une bonne relation" avec l'accusé. Il avance toutefois des éléments qui ont fait que finalement, malgré la situation, Véronique Pirotton accepte la venue de Bernard Wepshael à la mer: elle se sent probablement coupable d'avoir repris des relations avec Oswald, "et il y a le côté attachant de Bernard Wesphael".
"Quel que soit ce que vous pensiez de cela, c'est nécessairement avec son accord et même son assentiment qu'il va venir à Ostende", déclare Me Moureau. "Et ça se passe bien, on fait un bon repas, on boit mais pas trop. (...) Le lendemain, on les voit au petit-déjeuner, et ça se passe toujours bien."
"La pilule, elle ne la prenait pas!"
Après le petit-déjeuner, selon l'accusé, le couple est remonté et dans sa chambre, a eu des rapports sexuels puis a dormi. La victime lui aurait aussi dit qu'elle voulait arrêter la pilule pour avoir un enfant de lui. "Lors de l'autopsie, on n'a pas retrouvé de résidus d'œstrogènes. A mon avis, la pilule, elle ne la prenait pas!", souligne l'avocat.
"D'après Bernard Wesphael, ils ont eu des rapports sexuels deux fois entre 10h et 13h. La première fois, il a été jusqu'au bout. La deuxième fois, il a fini sur le tapis, où aucune trace n'a par ailleurs été retrouvée... Est-ce que c'était le bon moyen pour faire un enfant?" s'interroge Me Moureau. Ce dernier reprend aussi les différents SMS et appels passés par l'accusé et la victime lors de ce créneau horaire. "Je ne vois pas l'espace pour faire l'amour deux fois dans ce laps de temps!"
"On ne fait pas ça à Bernard Wesphael!"
Pour l'avocat, à partir des appels d'Oswald D., "ce faiseur d'embrouilles", à l'hôtel Mondo l'après-midi du 31 octobre, l'ex-député wallon est "vigoureusement fâché". "On ne fait pas ça à Bernard Wesphael!"
Et puis il y a "une période mystérieuse", entre le moment où le couple quitte l'hôtel à 15h26 et la pitta. "Que s'est-il passé, alors qu'il est très fâché?" D'après l'accusé, ils sont allés boire un verre dans un café du centre-ville. "On les reconnaît partout, mais là non! Où sont-ils allés? Il ne nous le dira pas!"
Il rappelle que sur les images des caméras de l'hôtel, Véronique Pirotton quitte l'établissement sans tituber. "Mais une heure après, elle est bien entamée! Et qu'on ne vienne pas me dire que les médicaments ont fait monter le degré d'alcool à 3g/l. Non! C'est une donnée scientifique." "Je pense que c'est là que ça se passe", déclare l'avocat à l'attention des jurés, "mais vous n'êtes pas obligés de me croire".
"On ne fait pas ça à Bernard Wesphael!"
Pour Me Moureau, une fois remontée dans la chambre 602 ce soir-là, Véronique Pirotton n'a qu'une seule envie: dormir. "Elle enlève tous ses vêtements, qu'on retrouve éparpillés, comme quelqu'un qui n'a qu'une seule idée en tête: dodo! Un effet notamment de l'alcool et des médicaments", décrit-il. Elle manque d'ailleurs un appel et un SMS à 21h28. "Et lui, pendant ce temps, pendant qu'elle dort, il rumine ses échecs, (...) il consulte sa boîte à messages... et il va farfouiller dans son sac pour prendre son GSM." "Et là que constate-t-il? Qu'elle a repris contact avec Oswald D. Et ça, voyez-vous, ça va le rendre enragé. On ne fait pas ça à Bernard Wesphael! Et il va la frapper sur le lit, c'est ce que les témoins entendent. Il va tenter de l'étouffer avec un coussin, c'est en tout cas l'explication des fibres et gémissements. Le pull sur le lit: expliqué. La tache de sang: expliquée. Les blessures de défense: expliquées", indique Me Moureau.
"Mourir étouffé, ça doit être atroce"
"Et elle, elle hurle. Puis elle s'échappe du lit à quatre pattes, mais pour aller où? Soit il la traîne dans la salle de bains avec une idée derrière la tête. Comment ça se termine? Avec un choc brutal, que les voisins décrivent aux alentours de 23h00: c'est Véronique qui tombe sur le dos dans la salle de bains avec Bernard Wesphael sur elle, utilisant son bras pour maintenir la tête de la victime", ajoute Me Moureau, gestes à l'appui. "Il la tient par terre avec un genou dans le foie et, avec la main droite, il lui plaque le sachet en plastique sur la figure et il l'empêche de respirer. Et elle meurt de cette épouvantable façon. Parce que mourir étouffé, ça doit être atroce."
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