Quelques parents et proches d'enfants disparus et assassinés ont écrit une lettre ouverte en réponse à une déclaration écrite de Bruno Dayez, l'avocat de Marc Dutroux, publiée au lendemain de Noël. "L'offense, la provocation et la compromission des victimes doivent cesser immédiatement", estiment les parents dans leur écrit. Dans sa lettre, l'avocat de Dutroux a plaidé pour l'abolition de la réclusion à perpétuité en Belgique.
La déclaration de l'avocat de Dutroux a été diffusée sur les réseaux sociaux, non sans faire beaucoup de bruit. En réponse, Gino Russo, le père de Mélissa, assassinée par Marc Dutroux, a diffusé dans la foulée d'anciennes photos de sa fille. Paul et Betty Marchal, les parents d'An, également victime du pédophile, lui ont ensuite emboîté le pas. D'autres parents d'enfants disparus et assassinés se sont quant à eux exprimés dans une lettre ouverte rendue publique mardi. Elle est signée par Peggy Bellen et Johan Appeltans, parents de Shana tuée par Ronald Janssen, par David Van de Steen, victime des tueurs du Brabant, par Jean Lambrecks, père d'Eefje, assassinée par Marc Dutroux, par Eric Geijsbregts, père de Nathalie, disparue depuis près de 30 ans, par Eddy et Martine Van Uytsel, parents d'Annick, tuée par Ronald Janssen et par René et Elza Wevers, parents d'Elke Wevers, disparue.
Faites ce que vous voulez, une peine de prison, ce n'est pas si grave
"Selon l'avocat de Marc Dutroux, condamner quelqu'un à perpétuité n'a pas de sens. Les criminels ainsi emprisonnés n'en deviendraient pas meilleurs, au contraire. Maître Dayez n'explique pourtant pas d'où il tient cette affirmation. Pour nous, cela résonne comme un appel aux potentiels criminels : faites ce que vous voulez, une peine de prison, ce n'est pas si grave. Le système pénitentiaire est également critiqué par l'avocat, qui considère que le personnel de prison ne ferait pas bien son travail parce que les condamnés ne deviennent pas de meilleures personnes. Pourtant, maître Dayez reste silencieux quant à une alternative à la privation de liberté. Selon lui, il n'y en a pas. Seule une courte détention serait adéquate", soulignent les parents dans leur lettre ouverte.
"Si les autorités partageaient son point de vue, cela constituerait presque une invitation à commettre des infractions. Dans une société où il devient de plus en plus difficile et coûteux d'assurer la sécurité publique, ce sont là des affirmations particulièrement arrogantes. En tant que victimes et proches, nous devons nous opposer fermement à ces déclarations. D'une part, l'offense, la provocation et la compromission des victimes doivent cesser immédiatement et d'autre part, il doit y avoir un équilibre dans la représentation des intérêts des auteurs et des victimes. Toutes les victimes n'ont pas les mêmes besoins mais, pour toutes, des regrets sincères, la culpabilité et l'apprentissage de la vérité sont indispensables pour appréhender ces événements dramatiques", concluent les parents.
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