Le parquet d'Ypres en Belgique a annoncé mercredi avoir ouvert une enquête sur un déferlement de commentaires racistes sur la page Facebook d'un média, à la suite d'une opération de recherches de migrants qui tentaient de rejoindre les côtes anglaises.
"Laissez-les nager, ce n'est pas très loin et on en sera débarrassé", "le plus important est de trouver le bateau": voilà quelques-uns des commentaires apparus sur la page du média local Focus & WTV après l'opération de police menée mardi matin sur la plage de La Panne (nord).
Selon le parquet d'Ypres, il y aurait eu au total "quelques dizaines" de messages susceptibles de tomber sous le coup de la législation antiraciste du pays.
"On va voir s'il est possible d'identifier ces personnes le plus vite possible", a déclaré à l'AFP Johan Lescrauwaet, porte-parole du parquet. L'enquête a été confiée à la police fédérale de Bruxelles qui dispose d'une cellule spécialisée sur la surveillance des réseaux sociaux, a-t-il précisé.
8 migrants retrouvés
Certains migrants cherchant à rejoindre à tout prix le Royaume-Uni depuis la France ou la Belgique tentent désormais la traversée par la mer sur des embarcations de fortune, en raison notamment du renforcement des contrôles routiers.
Mardi, les autorités belges avaient annoncé l'arrestation de cinq Iraniens et d'un Afghan (ce dernier en état d'hypothermie), victimes du chavirage de l'embarcation sur laquelle ils tentaient la traversée depuis La Panne.
Des opérations de recherches menées en mer et sur le littoral n'ont pas permis de retrouver huit autres migrants qui se trouvaient à bord avec eux. Ils ont visiblement réussi aussi à rejoindre le rivage, d'après plusieurs témoignages.
Deux Afghans soupçonnés de trafic d'êtres humains ont de plus été placés en détention provisoire dans le cadre de cette enquête, a annoncé de son côté le parquet de Bruges, mercredi également.
Leur véhicule, avec une plaque d'immatriculation française, avait été contrôlé dans la nuit de lundi à mardi par une patrouille de police dans la région de La Panne.
Selon Patrick Charlier, codirecteur d'Unia, organisme public belge de lutte contre les discriminations, les messages racistes sur la page Facebook de la télévision régionale rappellent ceux qui avaient surgi après l'incendie criminel d'un futur centre pour demandeurs d'asile, en novembre à Bilzen, également dans le nord néerlandophone de la Belgique.
"La question est de distinguer parmi les expéditeurs de tels messages qui sont les suiveurs et qui sont ceux qui organisent ou alimentent la haine", a dit M. Charlier à l'AFP. "Y a-t-il des gens parmi eux déjà identifiés comme faisant partie de groupuscules d'extrême droite?", a-t-il interrogé.
Les élections communales d'octobre 2018 et législatives de mai 2019 ont été marquées par une nette progression en Flandre du parti anti-immigration Vlaams Belang, désormais deuxième force politique de la région derrière les nationalistes flamands de la N-VA.
L'affaire a suscité l'indignation dans le monde politique flamand. "Dans la nation flamande que nous voulons former ensemble, il n'y a pas de place pour le racisme", a twitté mardi soir le président de la N-VA Bart De Wever.
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