Il s'agissait de protester contre l'arrêté du ministre wallon de la Mobilité, Carlo Di Antonio, qui interdit la circulation du charroi agricole sur la N25 à partir du 1er janvier 2020. Pour les agriculteurs, la solution la plus pertinente est de réduire à 90 km/h la vitesse maximale autorisée sur cette nationale. Un recours au Conseil d'État de la FWA est en cours de préparation.
L'interdiction des véhicules agricoles sur la N25 est inacceptable aux yeux du secteur agricole et la Fédération wallonne de l'agriculture (FWA), après avoir analysé le contenu de l'arrêté ministériel, estime que le document pourrait être annulé par le Conseil d'État. Un tel recours est en préparation et la Fédération l'introduira si le ministre Di Antonio ne retire pas son arrêté pour le 16 août à midi.
Une action de sensibilisation et de protestation est menée ce lundi 12 août. Elle est menée par les membres de la FWA, qui seront renforcés par des membres de la Fédération des entrepreneurs agricoles, eux aussi très touchés par l'interdiction annoncée. Les protestataires prendront cependant des précautions pour ne pas trop nuire aux usagers de la nationale. L'action a été menée à partir de 9h00, après les heures de pointe. Et seules 7 entrées - cinq du côté de Nivelles et deux du côté de Grez-Doiceau - ont été bloquées. Les plus fréquentées, à Louvain-la-Neuve ou Mont-Saint-Guibert par exemple, n'étaient pas visées.
Sur les barrages, les agriculteurs ont distribué des tracts pour expliquer la problématique, et répété notamment que certains agriculteurs ont leur parcelle coupée en deux par la N25, et qu'il est donc impossible d'accéder à leurs terres sans emprunter cette route. D'autres devront faire des détours de plusieurs kilomètres, ce qui en tracteur prend non seulement du temps, mais génère aussi une consommation de carburant importante ainsi que des nuisances sur les routes secondaires qui traversent des agglomérations.
L'action est une réussite, selon la FWA
Les agriculteurs ont libéré le passage vers midi, comme ils l'avaient annoncé. La manifestation était coordonnée par la FWA. Pour Marianne Streel, présidente de la fédération, l'action est une réussite: tout s'est passé dans le calme et le message est bien passé auprès des usagers de la N25.
"C'était une belle mobilisation et la matinée s'est déroulée calmement. Nous avons eu l'occasion de discuter avec des automobilistes en distribuant des tracts, et beaucoup nous ont dit que nous avions raison. Comme nous l'avions annoncé, l'intention n'était pas de bloquer complètement la N25, et cela s'est passé comme prévu. Nous avons également pris trois tracteurs pour relier Wavre à Nivelles, via les routes alternatives, accompagné d'une équipe de télévision: il a fallu une heure et demie, alors que ce test a été réalisé hors heure de pointe, et en pleine période de vacances..."
Les manifestants soutenus par des personnalités politiques
Les agriculteurs qui manifestent lundi en bloquant une série d'entrées de la RN25, de Nivelles à Grez-Doiceau, ont reçu le soutien de plusieurs personnalités politiques. Cette manifestation coordonnée par la Fédération wallonne de l'agriculture (FWA) et appuyée par des membres de la Fédération des entreprises agricoles fustige le décret pris récemment par le ministre wallon de la Mobilité, Carlo Di Antonio (cdH), d'interdire la RN25 au charroi agricole. Au point de rassemblement de Ways, des membres du MR, d'Ecolo, du PS et même un échevin cdH soutiennent les agriculteurs.
Côté MR, le bourgmestre de Genappe, Gérard Couronné, qui avait vivement critiqué la décision du ministre de la Mobilité dès que celle-ci avait été rendue publique, s'est rendu sur place lundi matin. Mais l'échevin de l'environnement de Genappe, Benoit Huts, membre du cdH, s'y trouvait également.
"Nous sommes dans un parti démocratique: il peut y avoir des divergences de point de vue. Je connais bien le terrain. Il est vrai que la cohabitation entre le charroi lent et les voitures sur la RN25 est une source de danger. Mais pour les agriculteurs, la traversée du centre de Genappe est problématique. Je soutiens les agriculteurs et je regrette le manque de concertation dans la prise de décision. Il y a des choses à mettre en place mais tous ensemble, notamment avec les communes qui, in fine, devront gérer la problématique de la mobilité", indiquait sur place Benoit Huts.Au point de rassemblement de Ways se trouvait également la députée wallonne Ecolo Hélène Ryckmans, et la conseillère communale Ecolo de Genappe Anne Beghin. Côté socialiste, André Flahaut se trouvait aussi aux côtés des agriculteurs. Le ministre d'Etat brabançon wallon rappelle notamment que lorsque le tracé de la RN25 a été décidé, traversant la province d'est en ouest en empiétant sur de bonnes terres agricoles, des engagements avaient été pris par les décideurs de l'époque pour que les agriculteurs puissent emprunter cette nationale avec leur charroi. "On se trouve devant une administration qui est convaincue de détenir la vérité. Mais il y a d'autres mesures à mettre en oeuvre, plutôt qu'une interdiction aux tracteurs: les promesses faites doivent être respectées", affirme André Flahaut.
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