(Belga) Les forces de l'ordre sont intervenues dimanche soir à Banja Luka, en Bosnie, pour disperser des manifestants du groupe "Justice pour David", du nom d'un étudiant dont le meurtre en mars était suivi depuis par des rassemblements quotidiens.
Des membres d'une force spéciale de police ont été déployés dans le centre de la capitale de la Republika Srpska (l'entité des Serbes de Bosnie), après le refus de plusieurs dizaines de manifestants de quitter le lieu de la manifestation, selon les images diffusées en direct par la chaîne Al-Jazeera Balkans. Plusieurs manifestants ont été interpellés, pouvait-on voir sur ces images. Les autorités avaient autorisé la tenue de ce rassemblement entre 18H00 et 20H00 locales (17H00 et 19H00 GMT). Mais après la fin de la manifestation, un certain nombre de manifestants sont revenus sur cette place centrale de la ville avec le leader du groupe et père de David, Davor Dragicevic. Son ex-épouse et mère de David, Suzana Radanovic, a écrit sur sa page Facebook qu'il avait également été arrêté. Le cadavre de David, un étudiant en informatique de 21 ans, a été retrouvé en mars dans un ruisseau de Banja Luka. Les meurtriers n'ont jamais été retrouvés. Ses parents accusent des responsables de la police et du pouvoir de la Republika Srpska de protéger des meurtriers de leur fils. La police était déjà intervenue en début de semaine pour démanteler un mémorial pour David que les manifestants avaient érigé sur la place centrale et pour mettre fin aux rassemblements quotidiens à cet endroit. Davor Dragicevic y avait alors déjà été arrêté et retenu en détention pendant vingt-quatre heures, accusé par le parquet de "menace à la sécurité" du ministre de l'Intérieur. Lors de leur défilé dimanche soir, les manifestants ont fait irruption à un concert qui venait de commencer sur une autre place, dans le cadre des festivités de fin d'année, obligeant les organisateurs d'y mettre fin. Une autre manifestation similaire s'est déroulée simultanément à Sarajevo où un autre groupe s'est créé autour d'un autre père, Muriz Memic, qui réclame justice pour son fils Dzenan, officiellement mort en février 2016 dans un accident de la route. Mais son père affirme que ce jeune homme de 21 ans été tué et que le parquet et des hommes politiques protègent son meurtrier. Dans une Bosnie très divisée selon les lignes communautaires depuis la guerre des années 1990 (100.000 morts), ces deux drames ont rapproché les deux pères, un Serbe de Banja Luka et un Bosniaque musulman de Sarajevo, et les gens qui les soutiennent. "C'est la peine qui nous a unis, Davor et moi. Ils ont tué nos enfants (...) La justice en Bosnie est corrompue", a dit dans la soirée Muriz Memic devant plusieurs milliers de manifestants à Sarajevo. (Belga)
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