Le Comité P a exprimé mardi dans son rapport consacré à la mort de la petite Mawda, survenue en mai dernier lors d'une course-poursuite entre les forces de l'ordre et une camionnette remplie de migrants sur l'autoroute à hauteur de Mons, de très fortes réserves quant à l'usage d'une arme à feu dans de telles circonstances. Par ailleurs, on apprend ce mardi que les parents n'ont toujours pas été régularisés. Le porte-parole de Charles Michel a réagi en insistant sur le fait que le Premier ministre "n'avait rien promis".
L'enquête du Comité P - l'organe en charge du contrôle externe des services de police - portait exclusivement sur les problèmes de communication et de coordination survenus lors de la poursuite menée sur l'autoroute, en excluant l'incident de tir en lui-même qui fait l'objet d'une enquête judiciaire distincte.
L'instance en charge du contrôle des services de police exprime donc, après être longuement revenue sur la chronologie des événements ayant mené au drame, ses plus vives réserves quant à l'usage d'une arme à feu lors d'une course-poursuite. La matière fait l'objet d'une réglementation stricte qui prévoit que "l'usage d'une arme à feu à bord d'un véhicule en mouvement doit être évité sauf en cas d'absolue nécessité et en tenant toujours compte de l'environnement et des risques que le coup de feu comporte en lui-même", rappelle le rapport.
Des réserves quant à cet usage
La décision d'utiliser une arme à feu afin de stopper un véhicule en fuite doit en outre être évaluée en fonction des risques potentiels inhérents à une telle décision et les risques encourus si le véhicule en question parvient à s'échapper. Une note émanant de la direction de la police datant de 2016 précise elle aussi la marche à suivre dans le cadre des opérations visant à arrêter un véhicule en fuite.
Si cette dernière note contredit la réglementation précédente en matière d'usage des armes à feu, les deux documents formulent cependant des réserves quant à cet usage. Le Comité P formule également une série de recommandations qui doivent conduire à une amélioration des techniques d'intervention. Le rapport plaide ainsi pour un meilleur programme de formation ainsi que pour une harmonisation des réglementations en vigueur en la matière.
Le Comité formule d'autres recommandations afin d'améliorer la direction ainsi que la communication lors de telles opérations. Les policiers namurois auraient ainsi été au courant de la présence d'enfants à bord de la camionnette et ce à l'inverse alors de leur collègues du Hainaut. En cause: des problèmes de communication au sein du réseau Astrid. Le Comité P est toutefois d'avis qu'il existait suffisamment d'autres canaux de communication mais que le personnel doit en être mieux informé.
Les parents toujours pas régularisés
Par ailleurs, les parents de la petite Mawda Shawri n'ont toujours pas obtenu d'autorisation de séjour, huit mois après le décès de leur fille, et pourraient dès lors être envoyés en centre fermé, rapporte mardi le magazine Knack.
Cinq jours après la mort de la petite Kurde de deux ans, tué par une balle perdue tirée par un policier, Charles Michel avait reçu ses parents. Le Premier ministre avait également assuré au parlement que les parents de la fillette ne seraient pas expulsés et leur avait même fait entrevoir la possibilité d'une régularisation.
Charles Michel "n'a rien promis"
Le Premier ministre Charles Michel n'a pas promis aux parents de Mawda qu'ils seraient régularisés, contrairement à ce qu'affirment leurs avocats, a souligné mardi son porte-parole.
Celui-ci renvoie aux déclarations de M. Michel devant la Chambre le 31 mai dernier. Lors de cette plénière, le Premier ministre avait clairement indiqué que la demande des parents de Mawda serait traitée conformément à la loi.
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