Le tribunal correctionnel de Charleroi a condamné une mère de 18 ans à cinq ans de prison, dont quatre ferme, pour maltraitance à l'égard d'un nourrisson. Le père a écopé de 12 mois avec sursis pour non-assistance à personne en danger.
En juin 2017, une infirmière de l'ONE a constaté, lors d'une visite, que le bébé de sept mois d'un couple de Baileux (Chimay) était amorphe et mal nourri. Il avait aussi le bras gonflé. Les médecins diagnostiquent une fracture de l'humérus, ainsi que des hématomes sous-dural et rétinien, symptômes du syndrome du "bébé secoué". Son pronostic vital est engagé.
L'enquête a rapidement abouti à l'inculpation des parents, âgés de 18 ans à peine, précarisés et vivant en vase clos. La mère, Dragana R., est renvoyée devant le tribunal correctionnel pour coups et blessures ainsi que traitements inhumains et dégradants. Le père, King B., est lui poursuivi non-assistance à personne en danger.
Particulièrement nerveuse au point d'être placée au cachot, la prévenue a reconnu qu'elle insultait l'enfant et qu'elle le lançait en l'air, mais uniquement pour jouer. Elle a admis qu'elle "pétait souvent un câble" à cause du "baby blues" et de la situation précaire du couple. Le père a lui confirmé qu'il ne s'occupait pas de son fils et que, lorsque sa compagne s'énervait, il quittait les lieux pour aller faire un tour dans la cité. Il a toutefois déclaré n'avoir jamais vu celle-ci porter des coups à l'enfant.
Pour Me Valérie Lagneaux, tuteur ad hoc de l'enfant, la fracture était ancienne et non soignée. "La mère criait sur l'enfant et, quand elle lui donnait le biberon et qu'il ne voulait pas manger, elle pressait sur la tétine. Il s'étouffait et finissait par vomir. Et cela l'énervait de plus belle. Ce sont de véritables maltraitances qui auraient pu être mortelles. A l'hôpital, l'enfant détournait le regard en voyant sa mère. Depuis qu'il ne la voit plus, il va beaucoup mieux."
Le parquet a également estimé qu'il ne s'agissait pas de maladresses de jeunes parents:. "Cet enfant a été mal aimé, mal soigné, maltraité", a insisté la magistrate, qui avait requis six ans contre la mère et 18 mois contre le père.
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