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L'assassin présumé de Sofie Muylle a filmé la jeune femme en train d'agoniser: les images diffusées lors du procès à Bruges

L'assassin présumé de Sofie Muylle a filmé la jeune femme en train d'agoniser: les images diffusées lors du procès à Bruges
 
 

Des images de Sofie Muylle en train d'agoniser ont été montrées mardi, à Bruges, lors du procès d'assises contre Alexandru Caliniuc. L'accusé a pris lui-même des photos et des vidéos de la jeune femme de 27 ans. "Regarde comment elle est, c'est horrible", a-t-il répété plusieurs fois.

À l'aéroport de Bucarest, lors de son arrestation, Alexandru Caliniuc avait spontanément commencé à s'expliquer mais, après sa remise à la Belgique, il avait d'abord invoqué son droit au silence. La défense voulait lire le dossier en premier et attendre la lecture des données du téléphone portable de l'accusé. Le Roumain avait en effet indiqué qu'il avait pris des photos et des vidéos de la victime. Les clichés montrent comment Sofie Muylle gisait sous une palissade et un peu plus tard près de celle-ci.

"Nous avons remarqué que sa tête était légèrement différente à chaque fois, donc nous soupçonnons fortement qu'elle devait encore être vivante", a expliqué à la cour l'inspecteur en chef David Roelant. L'accusé a également pris trois selfies avec Sofie Muylle en arrière-plan.

Regardez, je l'ai trouvée comme ça hier. Regardez comment elle est, c'est terrible

Le juge d'instruction Koen Wittouck a ensuite montré un second extrait vidéo qu'Alexandru Caliniuc avait enregistré le matin des faits. "Regardez, je l'ai trouvée comme ça hier. Regardez comment elle est, c'est terrible", a-t-il répété plusieurs fois en roumain. "Elle est battue et éraflée de partout. Regardez-la, elle est en train de mourir. Je l'ai trouvée au bord de la mer." 

Dans ce deuxième extrait, on peut aussi entendre clairement les gémissements de la victime, qui bougeait encore la tête. "Je l'ai déposée ici, je ne peux rien faire d'autre. Peut-être qu'elle pourra se rétablir. Non, c'est un désastre. Regardez son apparence. On ne peut pas l'aider. Je la tire vers l'intérieur (sous la terrasse d'une digue, où elle sera retrouvée, NDLR)", y décrit l'accusé.

Si j'avais fait quelque chose à une fille, pourquoi est-ce que j'aurais tout filmé? 

Alexandru Caliniuc a également filmé la traînée sur le sable qu'il avait provoquée.  La lecture du portable a finalement montré par ailleurs que l'accusé avait secrètement filmé des personnes dans les vestiaires de la piscine de Knokke.

Lors de son audition, le suspect a maintenu qu'il avait retrouvé Sofie Muylle près de l'eau et n'avoir jamais usé de la violence. "Si j'avais fait quelque chose à une fille, pourquoi est-ce que j'aurais tout filmé? J'étais juste curieux pour coucher avec cette fille, car je n'avais jamais eu de rapport sexuel auparavant", avait-il déclaré. Lors d'une audition ultérieure, M. Caliniuc a cependant admis qu'il avait déjà eu des contacts sexuels avec des hommes et des femmes. En outre, il a aussi fait des avances à un détenu partageant sa cellule. 

Les enquêteurs remettent sérieusement en doute la version de l'accusé: "Nous n'écartons pas le fait qu'un rapport sexuel ait eu lieu sur la partie la plus basse de la plage et qu'il ait trainée la victime ensuite", selon David Roelant. Dans cette hypothèse les faits auraient eu lieu plus tôt dans la soirée. Ensuite, M. Caliniuc aurait erré dans les environs.  "Nous avons aussi suggéré que quelque chose a pu mal se passer durant le rapport, mais il s'en tient à son histoire".

L'accusé est tombé en pleurs à genoux devant le père de Sofie 

La reconstitution des faits a aussi été largement abordée durant l'audition. Le juge d'instruction a noté que le fait de trainer un corps n'était pas évident. L'accusé "était épuisé par la manipulation qu'il devait effectuer pour tirer le corps de la femme dans la direction de la palissade. D'autant plus avec la pente de la plage, il a eu beaucoup de difficultés", a décrit le magistrat. M. Caliniuc s'est aussi souvenu de la photo qu'il a prise deux heures après avoir réalisé les vidéos. "J'ai vu qu'elle était morte, car elle ne respirait plus et ne bougeait plus", a-t-il soutenu lors de la reconstruction. A la fin de la reconstruction, M. Caliniuc s'est aussi adressé directement au père de Sofie Muylle. L'accusé est tombé en pleurs à genoux implorant le pardon. "Je sais que c'est très difficile pour vous. J'étais encore jeune, mais je vous supplie de me pardonner", a-t-il exprimé. 

La défense a réfuté les hypothèses des enquêteurs. Me Chantal Van den Bosch a insisté sur le fait que l'enquête avait finalement apporté des éclaircissements sur l'emploi du temps de la victime. Son associé Pieter Filipowicz a pointé qu'aucun élément n'allait à l'encontre de la version de son client. M. Caliniuc continue d'affirmer que Mme Muylle était en mauvais état lorsqu'il a trouvée sur la plage. 

Enfin, le polygraphe Youri Schillinger a aussi témoigné mardi soir. L'accusé s'est soumis à sa propre demande à un détecteur de mensonge. M. Caliniuc a nié avoir fait usage de la violence lorsque la victime était encore consciente, mais il a présenté des réactions mensongères aux questions associées, selon l'expert. L'avocate Chantal Van den Bosch a avancé que l'accusé s'est retrouvé les yeux bandés lors du test, ce qui a été formellement démenti par M.Schillinger. "Je suis désolé, mais jamais quelqu'un n'a eu les yeux bandés dans notre local. Cela serait même considéré comme de la torture",  a réagi l'expert. M. Caliniuc lui-même ne peut se remémorer la scène mais pense bien avoir eu les yeux bandés.  Il a été décidé en fin de compte que les images seraient bien passées en revue demain.  Mercredi soir, un médecin légiste prendra la parole.


 

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