Le Verviétois Tarik Jadaoun, djihadiste lié au groupe terroriste État islamique (Daesh) et emprisonné en Irak où il risque la peine de mort, souhaite collaborer avec les services de sécurité belges, affirme-t-il dans une interview à la télévision flamande VRT.
Jadaoun, alias "Abou Hamza Al-Belgiki", a été capturé lors de la reprise de Mossoul, où selon ses aveux il entraînait entre autres des enfants-soldats pour Daesh. Il affirme disposer d'informations susceptibles d'aider les autorités belges, et dit n'avoir pas vraiment combattu pour Daesh, pour qui il n'aurait servi que d'infirmier au front. S'il assure n'avoir ni ordonné ni conduit les attentats survenus en France et en Belgique, il présente pourtant des excuses pour ceux-ci. "J'espère pouvoir rentrer pour m'excuser auprès des gens qui ont été touchés par les attentats en France et en Belgique. Je veux pouvoir leur expliquer pourquoi certaines choses se sont passées", indique-t-il. Le détenu dit aussi espérer revoir sa femme, avec qui il s'est marié en Syrie, ainsi que sa famille en Belgique.
Quel crédit accorder à ces potentiels remords? Le parcours du Verviétois en dit en tout cas long sur la détermination qu'il a affichée tout au long de son parcours terroriste.
Considéré comme le successeur d'Abaaoud
Annoncé mort début août, on avait appris fin septembre qu'il était en fait emprisonné en Irak. Lors de son interrogatoire mené par la justice irakienne, il avait expliqué comment il était parti se battre en Syrie et de quelle façon il a atterri dans les rangs de l'organisation terroriste Etat islamique (EI). L'homme est souvent considéré comme le successeur d'Abdelhamid Abaaoud, un autre djihadiste belge qui était une figure-clé de la cellule terroriste de Verviers et des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Le site internet d'informations irakien Iraqi News avait publié à l'époque un compte rendu de son audition.
Radicalisé en prison en Belgique
Il y confiait qu'il s'était radicalisé en prison à Liège, après avoir commis un vol dans un supermarché, sous l'influence d'un trafiquant de drogues tunisien. Après une peine d'un an de prison, l'intéressé s'était alors mis à la recherche de ses anciens compagnons de cellule et s'était plongé dans la littérature djihadiste jusqu'à ce qu'il soit prêt à partir se battre en Syrie et en Irak.
Le Verviétois est passé à l'acte en compagnie de son ami proche Redwan Hajaoui. Tous deux ont ultérieurement été rejoints par une troisième connaissance, l'ex-militaire Lotfi Aoumeur. Ils se sont rendus ensemble en Turquie via la Roumanie, pour ensuite entrer en Syrie à l'aide de combattants locaux et aboutir finalement à Raqqa, la capitale du califat de l'EI. Là-bas ainsi que dans la ville de Tabqa, Tarik Jadaoun et trois autres nouveaux arrivants ont reçu une formation au djihadisme, ont suivi un entraînement aux sports de combat et ont juré allégeance à Abu Bakr al-Baghdadi, le fondateur de l'organisation terroriste.
Il a appris à 60 "enfants de Daesh" à utiliser des armes à feu et à se battre
A l'issue de cette période probatoire, le Belge touchait un salaire mensuel de 100 dollars et a été placé à un poste de garde à la frontière turco-syrienne. Dans une autre partie de son audition, le Verviétois a expliqué qu'il avait également appris à 60 "enfants de Daech", des djihadistes en herbe âgés entre 8 et 13 ans, à utiliser des armes à feu et à se battre. Il s'agissait principalement d'enfants de migrants syriens, selon lui.
Il cherchait des personnes pour commettre des attentats en Europe et aux Etats-Unis
Tarik Jadaoun supervisait également, d'après ses dires, des cellules terroristes en Europe et cherchait des personnes pour commettre des attentats en Europe et aux Etats-Unis. Il encourageait par ailleurs les gens en Europe à venir prendre part au combat armé en Syrie et en Irak. "J'ai enregistré des vidéos à Mossoul où j'exhortais des moudjahidines en Europe, surtout en France et en Belgique, à commettre des attentats-suicides", disai-il dans son audition. Le djihadiste a d'ailleurs été envoyé à Mossoul en 2015, où il s'est battu avec plusieurs autres contre les troupes irakiennes. Mais, plus ces dernières gagnaient du terrain, plus le désaccord au sein de leur groupe a grandi entre l'option de se rendre et celle de se battre jusqu'à la mort. Le Verviétois choisira finalement cette seconde possibilité jusqu'à être arrêté le 13 juillet dernier dans la partie occidentale de la ville.
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