La famille Abdeslam est intimement liée aux attentats de Paris. Brahim, 31 ans, s'est fait exploser devant un bar, Boulevard Voltaire. Salah est en cavale et est considéré comme "l'ennemi public N.1". Mohamed, le troisième frère, avait été interpellé samedi à Molenbeek, mais il a été relâché lundi en début d'après-midi "sans la moindre inculpation". Cet employé de la commune de Molenbeek depuis 10 ans a répondu à la presse. Voici son interview.
Mohamed Abdeslam, le frère de deux suspects (Brahim est mort lors des attentats, Salah, le probable 8e terroriste toujours en vie, est en cavale) dans l'enquête sur les attentats de Paris, a été libéré par le juge d'instruction de Bruxelles ce lundi, après 36 heures de garde à vue.
Il a parlé à la presse, en fin d'après-midi. Une équipe de RTL-TVI était présente.
"En aucun cas je n'ai été lié"
"Comme vous le savez tous, j'ai été accusé de participer à des actes de terrorisme, suite à ce qu'il s'est passé à Paris. Je suis effectivement l'un des frères qui ont participé, mais en aucun cas je n'ai été lié de près ou de loin à ce qu'il s'est passé vendredi 13 à Paris", a-t-il déclaré au pas de sa porte.
"Je suis un employé communal, effectivement, et cela depuis plus de dix ans. Je n'ai jamais eu de problème avcec qui que ce soit. Je pense que beaucoup de gens me connaissent dans la commune, et savent de quoi je suis capable, et de quoi je ne suis pas".
Question d'un journaliste: "Où étiez-vous ?"
"Vendredi soir, toute la soirée, j'avais un alibi. C'est la raison pour laquelle madame la juge a décidé de me libérer. En même temps, il y avait très peu d'éléments pour me retenir plus longtemps. Madame la juge a pris ses responsabilités. Je tiens d'ailleurs à la remercier. Et m'a libéré sans condition".
"Je ne sais pas vous dire pourquoi, ni comment. Nous sommes une famille ouverte, nous n'avons jamais eu de problème avec la justice. Vous devez comprendre aussi que malgré la tragédie, mes parents sont sous le choc et ne réalisent pas tout à fait ce qu'il s'est passé".
Question d'un journaliste: "Vous n'aviez rien remarqué chez vos frères ?"
"Absolument rien. Deux frères aux attitudes normales. Faut savoir que mon frère Abdeslam Salah n'a pas encore été entendu par la justice. On ne sait pas encore ce qu'il s'est réellement passé. J'ai moi-même été interpellé et accusé, presque. Vous vous doutez bien qu'on n'est pas venu me chercher avec un télégramme. Il y a eu les services spéciaux qui sont venus me chercher, alors que je n'ai jamais eu de problème avec la justice. L'intervention, bien que je puisse le comprendre, a été musclée".
Salah "est un garçon tout-à-fait normal"
"Maintenant pour ce qui concerne mon frère. Nous ne savons pas où il se trouve actuellement. Nous ne savons pas, avec les tensions actuelles, s'il ose se rendre ou pas à la justice. Mais vous devez savoir qu'il a grandi ici, il a étudié ici. C'est un garçon tout à fait normal. Maintenant on verra, je ne peux pas vous donner plus d'informations. On verra ce qu'il se passe par la suite".
Question d'un journaliste: "Vous saviez qu'Ibrahim était à Paris vendredi soir?"
"Non, nous ne savions pas. Ni nous, ni notre famille. Ce sont de grands garçons, ils sont majeurs. On ne va pas leur demander leur emploi du temps à chaque fois qu'ils quittent leur domicile".
Question d'une journaliste: "Vous aviez remarqué une certaine forme de radicalité chez vos frères?"
"Je vous ai déjà répondu madame".
Question d'un journaliste: "Un message aux familles des victimes?"
"Bien que certains penseront que je suis faux, sachez que, moi et ma famille, nous sommes touchés par ce qu'il s'est passé. Nous avons appris ça comme beaucoup d'entre vous. Et nous ne pensions à aucun moment que l'un de mes frères était lié à ces attentats. Nous pensons effectivement aux victimes, à leurs familles. Mais vous devez comprendre aussi que nous avons une maman, nous avons une famille, et que ça reste malgré tout son enfant. Merci".
Pas la moindre inculpation
Mohamed Abdeslam a été relâché "sans la moindre inculpation", ce qui veut dire qu'il n'y a "pas le moindre indice contre lui", a précisé son avocate, Me Nathalie Gallant. "Il a un alibi. Vendredi soir, il était avec son associé à Liège, où ils travaillent sur un projet de rénovation d'un lounge bar. (Les déclarations de) son associé, sa téléphonie..." ont confirmé "qu'il ne pouvait pas être à Paris vendredi", a ajouté Me Gallant. "Il n'avait pas eu de contacts avec ses frères ces derniers jours", a-t-elle assuré.
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