La mère qui passe ce mardi devant la Chambre du Conseil est suspectée d'avoir fabriqué plusieurs faux en plus d'avoir accusé des médecins, et particulièrement un pédiatre, de mauvais diagnostics.
Début octobre 2020, une mère de famille de 23 ans, Maude D., était placée sous mandat d’arrêt pour le meurtre de son bébé de 7 mois. Son enfant avait perdu la vie un an plus tôt dans des conditions particulièrement troubles. Les enquêteurs ont finalement trouvé suffisamment d’éléments et d’indices pour confronter la jeune femme à la justice. Les policiers s’intéressent désormais à des manipulations présumées de la suspecte: fausses captures d’écran, fausses conversations, faux documents… Maude D. semblait vouloir brouiller les pistes en accusant des médecins et particulièrement un pédiatre de mauvais diagnostics. Ce dernier a déposé plainte pour calomnie. Maude D. passe ce mardi devant la Chambre du conseil de Charleroi.
Les fausses conversations avec le pédiatre
La nouvelle de l’arrestation de la jeune femme a été accueillie avec effroi et indignation par les proches et les connaissances de la mère de famille. En effet, cette dernière n’a eu de cesse de dénoncer de prétendues erreurs médicales qui étaient selon elle, l'une des causes de la mort de son enfant. Elle s’en est pris particulièrement à un pédiatre de l’hôpital Marie Curie de Charleroi.
Selon la version de la mère de famille, l’enfant était atteint d’un problème génétique et le médecin n’aurait pas pris en compte cet élément qui, s’il était avéré, est essentiel. Dans sa possible campagne d’intoxication, Maude D. a crée un groupe sur les réseaux sociaux dans lequel elle s’en prenait directement et avec virulence à ce pédiatre.
La mère de famille nous avait d’ailleurs contactés afin de réaliser un reportage concernant la mort de son fils Yann, âgé de 7 mois. Elle nous avait envoyé des documents, des photos et vidéos ainsi qu'une série de captures d’écran d’une prétendue conversation entre elle et le pédiatre.
La teneur de cette discussion, qu’elle a vraisemblablement montée de toutes pièces, était particulièrement choquante. En voici quelques extraits:
Maude D.: "Ce n’est pas parce que j’ai un autre petit bout que je dois oublier tout ce que vous avez fait avec vos collègues, vous avez la mort d’un bébé de six mois sur la conscience. Non, je ne vous laisserai pas tranquille, j’irai jusqu’au bout !"
Le pédiatre : "On a fait une erreur, je le reconnais mais c’est humain, on ne sera jamais poursuivis, vous êtes le pot de terre contre le pot de fer." - "Il avait une une maladie génétique et c’est ça qui a causé ses problèmes et ses malaises. On aurait pas pu le sauver, c’était impossible. Maintenant, laissez-nous tranquilles." - "Je vous demande juste d’arrêter ou alors faites adopter votre autre enfant et suicidez-vous pour aller le rejoindre. Oui, vous êtes une bonne maman mais stop maintenant, il faut que cela s’arrête, ça nuit à ma carrière professionnelle."
Dans un premier temps, ces conversations nous avaient fortement interpellées mais la gravité des propos prétendument tenus par le pédiatre, de surcroit par écrit (en laissant donc grossièrement une trace), nous avait particulièrement incités à la prudence.
Son avocat: "Elle a entamé une grève de la faim et de la soif"
Durant nos recherches, il est apparu que, d’après certains témoignages de proches, l’enfant ne présentait pas de graves problèmes de santé. Différentes vérifications semblaient également nous indiquer qu’il s’agissait de captures d’écran trafiquées. Nous avons donc décidé de ne plus répondre aux sollicitations de Maude D.. Quelques semaines plus tard, elle est arrêtée et placée sous mandat d’arrêt car suspectée du meurtre de son fils. Elle a entamé une grève de la faim et de la soif.
Nous avons contacté Fabian Lauvaux, l’avocat de Maude D.. Il précise que la mère de famille nie en bloc toutes les accusations qui pèsent contre elle concernant la mort de Yann et les calomnies: "Ma cliente dénie de manière formelle toutes ces accusations et ce depuis le début. Elle supporte d'ailleurs très mal le poids de cette incarcération au point d'avoir entamé une grève de la faim et de la soif. Elle conteste toutes les accusations, en ce compris les faux et usage de faux qui lui seraient prêtés." Me. Lauvaux compte demander aujourd'hui, devant la Chambre du conseil, la libération de sa cliente. Selon lui les indices de culpabilité sont particulièrement fragiles et ils ne vont pas dans le sens de l'évidence de la culpabilité de sa cliente dans la mort de son bébé.
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