Quatre personnes risquent, devant le tribunal correctionnel de Louvain, jusqu'à cinq ans de prison pour avoir planifié des attaques terroristes sur le sol belge. Les trois hommes et une femme sont considérés comme des militants actifs de l'organisation terroriste Etat islamique. Les cibles étaient trois bâtiments officiels à Bruxelles.
Ahmed A.S. (31), Ayham A.S. (42), Halil K. (28) et Zeliha C. (34) auraient élaboré, à partir de février 2017, des plans d'attentats depuis leurs domiciles de Louvain, Tirlemont et Schaerbeek. Le quatuor avait programmé d'attaquer un ministère de l'Enseignement, le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides, ainsi qu'un commissariat de police encore à déterminer. Ahmed et Ayham A.S. sont des frères originaires d'Irak. Halil K. et Zeliha C. sont un couple, aux racines turques. Les quatre suspects auraient collaboré étroitement avec des responsables de l'Etat islamique, mais n'ont pas été eux-mêmes en Syrie ou en Irak pour participer à la lutte armée. Ils ont cependant exercé une série d'activités illégales pour faciliter des actions clandestines en Belgique, comme l'achat d'armes ou de substances chimiques.
L'enquête avait débuté autour d'Ahmed A.S., dont on soupçonnait la radicalisation, puis s'était rapidement étendue aux trois autres. Après des mois d'observation, des perquisitions avaient été menées le 11 octobre 2017, suivies de l'arrestation d'Ahmed A.S. puis de son frère Ayham. Halil K. avait quant à lui été interpellé le 18 juillet 2018 aux Pays-Bas. Zeliha C. avait été interceptée à son atterrissage à l'aéroport de Zaventem.
Ayham A.S. travaillait comme interprète au centre d'asile de Lubbeek. Il avait laissé entendre à ses parents, par téléphone, qu'il "voulait couper les mains des Belges au couteau et qu'il les enterrerait vivants dans le désert. Même les Belges qui n'ont rien à se reprocher". Le prévenu jouissait d'une grande crédibilité au sein de la communauté musulmane de Tirlemont. S'il donnait des cours de conduite et menait les familles musulmanes défavorisées vers le CPAS, il négociait aussi, depuis sa voiture, la vente de kalachnikovs à bon prix et la planification d'une attaque à l'acide.
Pour des actions de préparation, l'aspect concret n'est plus requis. On ne doit par exemple pas forcément connaitre la date
Les suspects communiquaient de manière intensive avec des dirigeants de l'Etat islamique, via une messagerie en ligne. 2.235 conversations en ligne avec le commando du groupe terroriste ont été découvertes chez Ahmed A.S., dans lesquelles il semblait justifier le meurtre de femmes et d'enfants non-croyants. Des informations s'échangeaient sur des attentats-suicides et sur les manières d'utiliser le plus efficacement possible des explosifs.
Le ministère public estime que les suspects tentaient d'influencer des personnes fragiles de la communauté musulmane, en leur transmettant un message de haine et en promouvant le djihad armé. Le procureur a fait usage d'adaptations et de nuances récentes de la législation anti-terroriste. "Pour des actions de préparation, l'aspect concret n'est plus requis. On ne doit par exemple pas forcément connaitre la date. Le législateur a rendu possible d'intervenir bien avant que l'attentat ne se produise", avait expliqué la magistrate fédérale Els Leemans le 15 octobre, au moment du réquisitoire du ministère public. Cinq ans ont été requis pour Ahmed A.S. et quatre ans effectifs pour son frère Ayham A.S.
Le parquet a demandé deux ans de prison pour Halil K. et Zeliha C. La défense a plaidé l'acquittement. Durant l'enquête, les suspects ont nié être activement liés à l'EI. "Nos clients n'ont pas commis d'actes terroristes concrets", ont indiqué les avocats de la défense, qui estiment qu'il manque d'indices sérieux d'un danger imminent lié aux actions de leurs clients.
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