Le jury a rendu son verdict: Mehdi Nemmouche est condamné à la réclusion à perpétuité pour avoir ôté la vie de quatre personnes dans l'attaque terroriste du musée juif de Belgique, survenue en 2014. Son coaccusé, Nacer Bendrer, considéré comme coauteur de la tuerie pour avoir fourni les armes, écope d'une peine de 15 années de prison.
Après des heures de délibération, la sentence est tombée. Le jury de la cour d'assises de Bruxelles condamne Mehdi Nemmouche, auteur de la tuerie au musée juif de Bruxelles, à la réclusion à perpétuité. La cour a également prononcé à son encontre une mise à disposition du tribunal de l'application des peines (TAP) de 15 ans. Cette lourde peine faisait peu de doutes, au vu des charges qui pesaient contre lui (il a été reconnu coupable de quatre assassinats terroristes, ndlr).
16h52 - L'avocat Sébastien Courtoy n'a pas voulu exhumer l'enfance "assassinée" de Mehdi Nemmouche
"Nous aurions pu soutirer des larmes aux jurés et la clémence de jury, mais nous avons décidé de ne pas exhumer l'enfance 'assassinée' de Mehdi Nemmouche", a commenté lundi en fin de journée Me Sébastien Courtoy, conseil de l'auteur de la tuerie au Musée juif de Belgique.
"Si on avait plaidé sur la peine, on aurait immanquablement dû parler de l'enfance de Mehdi Nemmouche", a affirmé Me Courtoy dans les travées du palais de justice de Bruxelles. "Nous avons eu un jury de belles personnes, certains ont eu les larmes aux yeux en entendant les témoignages sur cette enfance", a-t-il assuré. "On aurait sans doute réussi à soutirer les larmes et la clémence du jury, mais nous n'avons pas souhaité exhumer cette enfance 'assassinée'."La décision sur la peine est "très intime à la conscience de chaque juré", a ajouté le pénaliste. "Nous n'avons pas voulu polluer ça, le procureur a souhaité le faire mais nous non. Ça aurait été une forme de manipulation, je préfère que ce soit leur conscience qui leur dise quoi faire."
Quant à la dernière phrase provocatrice de Mehdi Nemmouche - "la vie continue" -, cela signifie qu'il s'y "accroche", même à l'isolement, même dans des conditions "aussi atroces", selon son avocat, qui qualifie sa cellule de "tombe". Me Courtoy a enfin déploré le climat "malsain" de ce procès, la "haine" qu'il a ressenti tant "dans la salle d'audience qu'à l'extérieur". "Il y a eu les insultes, les grandes tirades contre le pseudo antisémite que je serais, parfois de la part de confrères, les menaces anonymes... Tous les acteurs judiciaires sont partis dans des dérapages, seuls les jurés ont été d'une dignité dont ces acteurs auraient bien fait de s'inspirer", juge l'avocat. "Si c'était à refaire, je referais la même plaidoirie sur la culpabilité", a conclu Me Courtoy, qui estime que le jury a été mis "dans un toboggan". "Toutes les preuves allant dans notre sens n'ont pas été investiguées. Les jurés sont eux venus avec bienveillance envers Mehdi Nemmouche et ses avocats", a-t-il salué.
16h17 - Le jury entre en délibération pour fixer la peine de Nemmouche et de Bendrer
La présidente de la cour d'assises de Bruxelles, Laurence Massart, a clos les débats sur la peine peu avant 16h00 lundi, dans le procès de l'attentat au Musée juif de Belgique. Le jury est entré en délibération et doit désormais fixer la peine de Mehdi Nemmouche et de Nacer Bendrer, auteur et co-auteur d'un quadruple assassinat à caractère terroriste.
Lundi matin, l'avocat général Yves Moreau a requis des peines respectives de réclusion criminelle à perpétuité et d'au moins 30 ans à l'encontre de Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer. Il a également demandé une mise à disposition du tribunal de l'application des peines (TAP) de 15 ans, soit la durée maximale.
D'après lui, Mehdi Nemmouche ne mérite aucune circonstance atténuante. Le procureur a invité les jurés à prendre en compte la "froideur" de l'auteur matériel des faits lors de l'attentat, le risque de récidive, sa dangerosité et sa "lâcheté" durant le procès.Concernant Nacer Bendrer, le ministère public a considéré que le Marseillais pouvait prétendre à une peine un peu moins sévère car il "n'a pas le sang des victimes directement sur ses mains". Ses avocats ont eux tenté de souligner les différences entre leur client et Mehdi Nemmouche. Ils ont demandé au jury de ne pas prononcer de peine supérieure à quinze ans de prison. Me Sébastien Courtoy, conseil de Mehdi Nemmouche, s'est ensuite refusé à plaider sur la peine. L'arrêt du jury est attendu ce lundi.
16h04 - "La vie continue", conclut Mehdi Nemmouche
La défense de Mehdi Nemmouche s'est refusée à réellement plaider sur la peine lundi après-midi, devant la cour d'assises de Bruxelles. Cette décision a été prise en commun accord avec son client, a précisé Me Sébastien Courtoy, conseil de l'auteur de la tuerie au Musée juif de Belgique. "La vie continue", a conclu Mehdi Nemmouche lorsqu'il a eu la parole avant le départ en délibération des jurés.
"Nous avions décidé, bien avant ce procès et ce verdict, de laisser cette enfance assassinée en paix et de ne pas la profaner, c'est trop dur pour lui", a indiqué Me Courtoy, pour justifier qu'il n'allait pas tenter d'invoquer la vie de son client comme circonstance atténuante. "La perpétuité en matière de terrorisme, vous ne sortez jamais", a-t-il poursuivi. "Nous n'avons donc pas à exhumer le 'cadavre d'un enfant' pour venir polluer le débat qui se jouera entre vous et votre conscience. Soit vous prendrez la décision que cet homme mourra en prison, en lui administrant une peine de mort lente. Soit vous ne voulez pas faire basculer cet homme dans la folie, en prenant la peine immédiatement inférieure de 35 ans. Et à 75 ans, il reviendra dans le monde des vivants." "Vous avez été un jury particulièrement humain dans ce procès qui a suinté la haine. Nous n'avons pas envie d'utiliser vos sentiments", a conclu l'avocat.La présidente a ensuite donné une dernière fois la parole à Mehdi Nemmouche. "La vie continue", a-t-il dit, avec le sourire aux lèvres.
16h02 - "J'ai vraiment honte", déclare Nacer Bendrer
A l'issue du débat sur les peines devant la cour d'assises de Bruxelles, le dernier mot a été donné lundi après-midi à l'auteur et au co-auteur de l'attentat au Musée juif de Belgique. Nacer Bendrer, reconnu coupable d'avoir fourni les armes qui ont servi à la tuerie du Musée juif, s'est adressé au jury et a affirmé avoir "honte d'être là".
"Je ne peux pas accepter une peine comme proposée (lundi) matin", a d'emblée déclaré Nacer Bendrer, reconnu coupable jeudi dernier comme co-auteur de l'attentat au Musée juif de Belgique qui avait coûté la vie à quatre personnes en mai 2014. Le ministère public a requis 30 ans de réclusion à son encontre. "J'aime la vie, je suis un être humain comme tout le monde", a-t-il poursuivi. "J'aimerais pouvoir faire ma vie et construire une famille. Mon destin est entre vos mains." "J'ai honte d'être là. J'ai honte car j'ai sali le nom de ma mère et de mon père", a-t-il encore lancé. "J'ai vraiment honte d'avoir croisé ce mec. Ce n'est même pas un mec, c'est un monstre. C'est un 'fils de pute né'", a-t-il adressé à l'adresse de Mehdi Nemmouche, qui lui a répondu par un sourire.
15h32 - L'avocat français de Nacer Bendrer extrêmement amer face au jury
Me Blot, le conseil français de Nacer Bendrer, a poursuivi lundi après-midi les plaidoiries sur la peine, devant la cour d'assises de Bruxelles. L'avocat s'est montré extrêmement amer quant au verdict rendu par le jury, qui a déclaré son client coupable comme co-auteur de la tuerie au Musée juif de Belgique.
"Je ne me laisserai pas aller à vous confier mon amertume, je vais le défendre jusqu'au bout", a dit Me Blot, qui a eu beaucoup difficulté à masquer son dépit quant à la motivation du verdict de culpabilité à l'encontre de son client. "Cette qualification (de co-auteur), je ne sais pas ce que ça veut dire, je ne sais pas si c'est annonciateur d'une sauvagerie répressive qui piétinerait le principe de personnalisation des peines et qui va s'abattre sur lui dans quelques heures", a déploré le conseil de Nacer Bender. "Peut-être avez vous laissé trop de place à l'opinion publique, à celle qu'on qualifie parfois de 'prostituée qui tire le juge par la manche'", s'est interrogé l'avocat au sujet des jurés. "Je ne peux pas me résoudre à penser que vous croyez que c'est un terroriste, un antisémite." "Je ne vais pas refaire l'Histoire, mais je trouve que vous êtes allés très loin", leur a-t-il dit. "On a décidé de ne pas le croire parce qu'il a menti, du coup on peut aller très très loin. Je ne me résous pas à accepter ce déchaînement répressif qui vous est proposé et auquel (l'accusation) vous demande de souscrire." Selon la motivation de l'arrêt de culpabilité, l'élément intentionnel n'est pas nécessaire, a relevé l'avocat. "Il n'avait pas la volonté personnelle de s'en prendre à qui que ce soit", a martelé Me Blot. "Renoncer à savoir est punissable, mais c'est quand même très différent."
"Vous l'avez déjà affublé d'une étiquette de terroriste"
Pour son conseil, "il n'est pas nécessaire de sacrifier Nacer Bendrer sur l'autel d'une politique sécuritaire". "Il est là, il existe, ce n'est pas un dossier. La justice doit rester libre et indépendante!" Me Blot a aussi rappelé que les règles d'exécution des peines n'étaient pas les mêmes en France et en Belgique. "Vous l'avez déjà affublé d'une étiquette de terroriste, ce boulet il l'a au pied et il va le traîner. La peine que vous déciderez va s'appliquer en tant que telle. En Belgique, un condamné peut bénéficier en théorie d'une libération conditionnelle à un tiers de la peine, mais ce n'est pas le cas en France. Une fois condamné à plus de 10 ans, il faut faire au moins la moitié avant de pouvoir discuter. Dans ce genre d'infraction, vous imaginez bien que le parcours d'exécution est très long et très surveillé. C'est beaucoup plus sévère qu'en Belgique, surtout dans le climat actuel", a-t-il précisé aux jurés. Pour le conseil de Nacer Bendrer, l'accusation a été trop loin en mettant à charge du Marseillais des éléments qui pourraient plutôt être considérés comme positifs, comme le fait qu'il ait une famille et une compagne qui le soutiennent, par opposition à Mehdi Nemmouche qui a été renié par les siens. "On vous aura vraiment pris pour ce que vous n'êtes pas jusqu'au bout", a-t-il déploré auprès du jury. "Est-ce qu'il a commis des attentats, est-ce qu'il a mis Bruxelles à feu et à sang pendant ses six mois encore en liberté alors que son co-auteur avait été arrêté? Cela montre bien qu'il ne va pas passer à l'acte quand il se retrouvera en liberté. Tout a été analysé, il n'y a rien de djihadiste et on vous demande 30 ans parce qu'il a été négligent?", a interrogé le pénaliste français, qui a rappelé que son client avait été libéré par la justice belge durant l'enquête.
A ce moment-là, Nacer Bendrer est rentré chez lui et a même travaillé, a souligné Me Blot. "Est-ce le comportement d'un individu dangereux?", a-t-il questionné. "Que la peine ait une fonction punitive et de protection de la société, je suis d'accord. Mais une fonction exemplative non. Selon le principe de personnalisation, la peine doit être adaptée à chaque personne. On le punit pour ce qu'il a fait et ce qu'il est, mais ça s'arrête là!"
13h26 - L'avocat de Nacer Bendrer réclame une peine qui ne dépasse pas 15 ans pour son client
Me Vanderbeck, conseil de Nacer Bendrer, a tenté de souligner les différences entre son client et Mehdi Nemmouche, lundi, devant la cour d'assises de Bruxelles. Il a demandé au jury de ne pas prononcer de peine supérieure à quinze ans de prison à l'encontre du co-auteur de la tuerie au Musée juif de Belgique.
"Vous avez envoyé un message très clair de tolérance zéro", a adressé Me Vanderbeck aux jurés. "Vous avez entendu les victimes, les familles, la communauté juive, vous avez rendu la justice qu'elles attendaient". Lors de ce débat sur la peine, "il ne s'agit plus de porter des messages", a souligné le conseil du Marseillais. "Je ne partage absolument pas la vision de l'accusation, la pression mise sur vous est déplacée". "Les deux hommes que vous avez condamnés ne sont pas les mêmes, ils n'ont pas eu le même degré d'investissement, la sanction ne devra pas être la même non plus", selon Me Vanderbeck. "Vous avez déjà très lourdement condamné Nacer Bendrer en le mettant sur le même pied que Mehdi Nemmouche, un homme pour lequel il n'a absolument aucun respect, qui a tiré sur des innocents, dont il ne partage ni le mode de vie, ni les convictions. Il sera pour toujours assimilé à ce monstre et rejeté tout comme lui, vous l'avez définitivement tatoué, il est labellisé 'terroriste'", a insisté l'avocat auprès du jury. "J'ai la faiblesse de penser que vous ne les mettez pas dans le même panier", a-t-il poursuivi. "Oui, il a grandi dans une vraie famille, baignée d'amour, alors que Mehdi Nemmouche a été renié par les siens. Il est jovial, bonhomme, doux, souriant, sensible et se soucie des autres, alors que Mehdi Nemmouche est froid, cynique glacial, glaçant. L'un a tiré froidement sur quatre personnes pendant que l'autre s'amusait avec la voiture d'un ami", a rappelé Me Vanderbeck.
Pour l'avocat, les jurés ont "reproché à Nacer Bendrer sa posture de délinquant qui ne cherche pas à savoir" ce que l'autre va faire avec les armes qu'il a fournies. "Nacer Bendrer a compris votre verdict, et il va payer le prix fort pour sa grave négligence", a encore dit son conseil au jury. "Mais ne lui faites pas payer au-delà de toute raison, de tout espoir". Même s'il a été déclaré co-auteur des faits, il n'était pas là, n'a pas fait le guet, n'a pas facilité la fuite de Mehdi Nemmouche et "n'a pas voulu ça", a martelé son conseil.
Ce dernier a conclu en citant notamment le cas de Salah Abdeslam, condamné à 20 ans pour tentative d'assassinat à caractère terroriste pour avoir tiré sur des policiers à Forest lors de sa fuite. Et ce alors qu'il a refusé de reconnaître ses juges, qu'il est complètement radicalisé et qu'il a une responsabilité dans les attentats de Paris, a fait remarquer Me Vanderbeck, qui a aussi rappelé que son client n'avait pas d'antécédent criminel. Il estime que la réquisition du parquet, soit au moins 30 ans de réclusion, n'est pas raisonnable. Nacer Bendrer a 30 ans, "il n'est pas fini", a-t-il insisté, demandant aux jurés de ne pas prononcer une peine supérieure à 15 ans de prison.
12h30 - L'avocat général requiert 30 ans de prison à l'encontre de Nacer Bendrer
L'avocat général Yves Moreau a requis 30 ans de prison à l'encontre de Nacer Bendrer. Le Marseillais avait été reconnu jeudi dernier comme co-auteur de l'attentat au Musée juif de Belgique, perpétré en mai 2014.
Nacer Bendrer a été reconnu coupable d'avoir fourni les armes qui ont servi à perpétrer un quadruple assassinat à caractère terroriste, commis par Mehdi Nemmouche. En tant que co-auteur, il risque la même peine que celle de l'auteur matériel des faits, soit la réclusion à perpétuité. Le jury peut toutefois lui infliger une peine moins sévère s'il lui reconnaît des circonstances atténuantes.
L'avocat général a admis que le ministère public était "partagé" sur la question car si "les faits sont d'une gravité plus qu'extrême", il reconnaît que "le rôle joué par Nacer Bendrer diffère de celui de Mehdi Nemmouche, instigateur et exécuteur de l'attentat au Musée juif. Nacer Bendrer n'est lui 'que' celui qui a apporté une aide, même si elle a été indispensable", a détaillé M. Moreau.
Quelle circonstance atténuante pourrait dès lors être retenue en faveur du co-auteur de l'attentat? L'avocat général a balayé plusieurs éléments souvent invoqués dans de tels cas, comme l'absence de casier judiciaire. "Ce n'est pas le cas ici, Nacer Bendrer a un passé judiciaire long comme le bras (...). Il est majeur depuis 12 ans et a passé la moitié de ce temps en prison", a-t-il lancé. Une jeunesse difficile et un milieu familial peu structurant ne peuvent également entrer en compte. "La défense a elle-même dit que Nacer Bendrer avait vécu dans une famille aimante, elle a dépeint sa petite amie depuis 2012 comme un repère positif et constructif". L'avocat général a aussi rejeté toute collaboration de l'accusé à l'enquête. "Nacer Bendrer a menti énormément dans cette affaire et il ment toujours".
L'expertise psychiatrique ne plaide pas davantage en faveur du co-auteur de l'attentat, a estimé le ministère public. "Pour les psychiatres, Nacer Bendrer, derrière son côté gros nounours, affiche une personnalité du registre limite: ni névrotique, ni psychopathique mais à la limite des deux. Il présente aussi des traits sociopathiques c'est-à-dire qui indiquent que cet individu n'a pas intégré la loi sociale. Il peut se révéler dangereux pour les autres membres de la société et ses antécédents judiciaires le démontrent".
Le ministère public a toutefois considéré que Nacer Bendrer pouvait prétendre à une peine un peu moins sévère car il "n'a pas le sang des victimes directement sur ses mains. Il en est éclaboussé de la tête aux pieds mais il n'a pas tiré, il n'a pas abattu les victimes de sang-froid", a déclaré Yves Moreau. Cette circonstance atténuante est "très légère" et l'avocat général a dès lors demandé au jury de condamner celui qu'il a reconnu comme co-auteur de quatre assassinats terroristes à 30 ans de réclusion. "Cela ne peut être inférieur sinon cela viendrait en contradiction avec votre verdict rendu jeudi. Il faut aller au bout de la logique", a-t-il conclu.
12h20 - L'avocat général requiert également 15 ans de mise à disposition du TAP
L'avocat général Yves Moreau a requis lundi des peines respectives de réclusion criminelle à perpétuité et d'au moins 30 ans à l'encontre de Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer, coupables d'être auteur et co-auteur d'un quadruple assassinat à caractère terroriste au Musée juif de Belgique. Il a également demandé aux jurés de prononcer une mise à disposition du tribunal de l'application des peines (TAP) de 15 ans, soit la durée maximale.
11h30 - Le ministère public demande la perpétuité pour Mehdi Nemmouche
La jeunesse difficile de Mehdi Nemmouche ne peut en aucun cas expliquer la gravité des faits et constituer une circonstance atténuante, a souligné lundi l'avocat général Yves Moreau. "Il n'y a rien à mettre sur le plateau de la balance en faveur de Mehdi Nemmouche", a-t-il résumé devant la cour d'assises de Bruxelles.
A l'issue d'une plaidoirie de plus d'une heure, le procureur a requis la perpétuité à l'encontre de Mehdi Nemmouche. Il a évoqué "les traits de psychopathe" du Français, sa dangerosité pour la société et la gravité des faits. "Il a tué froidement et gratuitement quatre êtres humains dans un contexte terroriste", a rappelé l'avocat général. D'après ce dernier, la jeunesse difficile de Mehdi Nemmouche, "placé parce que son père était inconnu et que sa mère souffrait de problèmes mentaux", ne peut justifier son passage à l'acte et la gravité des faits. "Il n'était pas privé d'amour", a décrit l'avocat général. "Il vivait dans une famille d'accueil, voyait sa grand-mère tous les week-ends, ses oncles et ses tantes assez régulièrement". L'auteur de l'attentat disposait des repères nécessaires pour savoir qu'il ne pouvait pas tuer des innocents, a ajouté le procureur. "Mehdi Nemmouche n'a pas le monopole de l'enfance malheureuse".
Le procureur a également anticipé les arguments des avocats de la défense en balayant d'un revers de la main des faits de maltraitance qu'aurait subi Mehdi Nemmouche durant son enfance. "On noircit le tableau pour vous amadouer", a-t-il assuré en s'adressant aux jurés. "Mehdi Nemmouche n'en dit rien lui-même, ce sont ses avocats qui disent qu'il a été éduqué à coups de ceinture. Rien ne confirme cette histoire de maltraitance. Ce sont des bobards, des carabistouilles". L'avocat général a invité le jury à ne pas faire preuve "de naïveté". "Si vous ne le condamnez pas à la perpétuité, on ne condamnera plus personne", a-t-il ajouté. "Même s'il exprime des regrets tout à l'heure, n'en tenez pas compte, restez fermes".
Pour M. Moreau, si Mehdi Nemmouche sort, la question sera de savoir qui est la prochaine victime. L'auteur a des "traits de psychopathe, il dangereux et capable d'avoir des comportements inhumains, de passer à l'acte sans se poser de question", a-t-il insisté.
10h50 - Le réquisitoire du ministère public
La journée a débuté par le réquisitoire du ministère public: "Avec Mehdi Nemmouche nous touchons l’extrême de l’extrême. Il a tué froidement 4 personnes! Est-ce que 4 morts dans un contexte terroriste mérite une circonstance atténuante? Personne ne le comprendrait!. Vous devrez aussi tenir compte de la lâcheté de cette homme. monsieur Nemmouche vous êtes un lâche ! Vous tuez des personnes par derrière, vous tuez des personnes âgées avec une arme de guerre... et vous n’assumez même pas vos actes".
Le ministère public s'est ensuite adressé au jury: "Vous vous voyez dire aux filles Riva que Medhi Nemmouche mérite des circonstances atténuantes? Cela serait indécent!".
L'AVANT AUDIENCE
L'issue de ce procès fleuve, dont les débats ont duré du 10 janvier au 5 mars avec une centaine de témoins convoqués à la barre, laisse peu de place au doute. Mehdi Nemmouche, 33 ans, délinquant multirécidiviste devenu un soldat du djihad, devrait être condamné à la réclusion à perpétuité, prédisent les parties civiles, qui ont salué le verdict de culpabilité rendu jeudi soir.
"Le suspense est faible, entre la peine la plus forte et juste un petit peu en dessous éventuellement, mais je m'attends à des peines très sévères", a dit Me Marc Libert, qui défend les proches des époux Riva, deux Israéliens assassinés au musée.
Le déroulement de la journée
Lundi matin à la reprise de l'audience, la parole reviendra d'abord au parquet fédéral, qui rappellera que Mehdi Nemmouche et son co-accusé Nacer Bendrer, 30 ans, encourent tous deux la prison à vie.
Après un dernier mot des avocats de la défense, la cour partira à nouveau délibérer. Les peines devraient être prononcées au plus tard lundi soir, estime-t-on au parquet fédéral. Le verdict ne sera pas susceptible d'appel.
Déclarés coupables jeudi dernier
Jeudi, après deux jours et demi de délibérations, les 12 jurés et les trois magistrats professionnels ont estimé que Nemmouche et Bendrer étaient tous deux auteurs de la tuerie.
Le premier a été reconnu coupable d'avoir abattu de sang-froid, en moins d'une minute et demie, les époux Riva ainsi qu'un jeune employé belge et une bénévole française, le 24 mai 2014 au Musée juif.
Le second, un délinquant marseillais, a été désigné "co-auteur" de l'attaque antisémite pour avoir fourni les armes et les munitions. Une aide "indispensable" sans laquelle le quadruple assassinat n'aurait pu être commis, d'après l'arrêt de la cour. Les jurés sont allés au-delà de ce que réclamait l'accusation, qui voyait en Bendrer un "complice".
Une gifle pour la défense et toutes les théories négationnistes et complotistes
Le Marseillais clamait son innocence. Au procès, il a reconnu que Nemmouche lui avait demandé une Kalachnikov début avril 2014. Mais il a affirmé n'avoir pas donné suite. Sans convaincre les jurés.
Nacer Bendrer purge déjà une peine de prison en France. En septembre il avait été condamné à cinq ans d'emprisonnement pour une tentative d'extorsion de fonds à Marseille dans le milieu du narcobanditisme. L'appel doit être jugé le 29 mars.
Concernant Nemmouche, radicalisé en prison avant de rejoindre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie en 2013, la cour d'assises a "écarté" la thèse de sa défense, qui l'avait décrit comme la victime d'un "piège" tendu par de supposés agents des services iraniens ou libanais pour lui faire porter la responsabilité de la tuerie.
"La défense s'est bornée à énoncer un ensemble de déductions éparses sans jamais les approfondir", stipule l'arrêt, en écho à la plaidoirie confuse de Me Sébastien Courtoy, avocat du jihadiste.
Le verdict de jeudi, qui retient les preuves de l'enquête accablant Nemmouche (ADN, empreintes sur les armes, vidéos de revendication etc), est "une gifle pour la défense et toutes les théories négationnistes et complotistes", a commenté Me Vincent Lurquin, représentant d'une partie civile.
Un "loup" de la "même meute"
Me Michèle Hirsch, pour les organisations juives de Belgique (CCOJB), a insisté sur l'importance du témoignage des deux journalistes otages en Syrie ayant reconnu en Nemmouche un de leurs geôliers.
Le récit de cette séquestration (qui fait l'objet d'une procédure distincte en France) a permis de montrer, selon l'avocate, que Nemmouche "n'était pas un loup solitaire" mais appartenait à "la même meute" que les auteurs des attentats de 2015-2016 revendiqués par l'EI.
Un exemple de ces liens est cité dans l'arrêt: le Belge Najim Laachraoui, mort en kamikaze à l'aéroport de Bruxelles le 22 mars 2016, après avoir été un artificier du 13 novembre, présentait à cette époque le Français comme "un frère" de combat, est-il noté.
Vos commentaires