A Lille, suite du procès pour proxénétisme du Carlton dans lequel sont impliqués Dominique Alderweireld (Dodo la saumure) et sa compagne. Ils ont tous deux dû répondre à de nombreuses questions. Celui que l'on surnomme "Dodo La Saumure" se défend d'activités illicites avec un franc parler qui lui est propre.
Les débats autour des activités du souteneur Dominique Alderweireld, alias "Dodo la saumure", entré en scène jeudi dans le procès de proxénétisme du Carlton, ont fait passer le tribunal du rire (jaune) aux larmes. "Dodo Sex Klub" (DSK), "Famous Miss International" (FMI), "Sept sur Sept" ou même "Carlton", nom des établissements de Dodo, l'imagination de Dominique Alderweireld pour rebondir sur l'affaire et exploiter la présence dans le dossier de Dominique Strauss-Kahn paraît sans limite. Bien connu pour sa truculence, il déclenche les rires dans la salle. En face, le tribunal ne rechigne pas à la répartie. Dominique Alderweireld se targue d'une certaine connaissance de la loi, notamment sur le proxénétisme, prévention pour laquelle il a été condamné deux fois en France. Il a même fait des études de droit, arrêtées rapidement.
Sa compagne également inculpée
En quelle année le proxénétisme est-il enseigné en fac de droit? En quatrième année?, s'interroge à haute voix le président Bernard Lemaire. "Vous auriez dû faire la maîtrise", lance-t-il à M. Alderweireld. Celui qui s'est affirmé dans une récente interview à l'AFP souteneur mais pas proxénète ne paie pas tellement de mine, veste de tweed, chemise à carreaux col ouvert, tremblotant. A ses côtés, Béatrice Legrain, 41 ans, sa compagne, gérante d'un de ses établissements, et à qui l'on reproche d'avoir accompagné à deux reprises une prostituée en France, le dépasse d'une bonne dizaine de centimètres.
Du rire aux larmes
L'atmosphère se tend soudain lorsqu'une ancienne prostituée, Jade, vient témoigner de son expérience au sein d'un des clubs de Dodo en Belgique, rappelant que le monde dont Dominique Alderweireld et Béatrice Legrain parlent avec naturel et pragmatisme n'est pas tout rose. Même si c'est la deuxième fois qu'elle prend la parole au tribunal, Jade raconte toujours difficilement cette vie désormais laissée derrière elle. "Je ne voulais pas travailler au noir", dit cette femme. "Je n'ai rencontré aucune fille avec le statut d'indépendante. J'étais la seule", affirme-t-elle.
Un discours bien rodé
Elle met ainsi à mal la défense d'Alderweireld, qui avance que les filles hébergées dans ses établissements agissent librement, notamment quand il s'agit de se rendre à Lille pour des rencontres tarifées. "Je ne peux avoir que des indépendantes, parce que s'il y a un lien de subordination, selon la loi belge je suis proxénète", martèle-t-il, selon un discours bien rodé. Jade indique que pour ses sorties dans l'appartement non loin du Carlton, où elle rencontre les "hôteliers" du dossier, elle était payée à son retour en Belgique, sauf une fois, par la gérante de son établissement, une certaine Sofia.
"On n'est jamais libre de ses actes"
"Parfois Dodo venait et laissait une enveloppe pour les sorties de Lille, c'était vraiment à part", souligne-t-elle. Une petite blonde frêle s'approche de la barre. "Laura" s'est retrouvée dans les établissements de Dodo après avoir répondu à une annonce pour faire des massages. "On est des femmes faibles, les hommes se servent de ça", raconte-t-elle. "On n'est jamais, jamais libre de ses actes."
"Je ne suis pas directeur du FMI"
Il ne faut pas compter sur Dodo pour s'apitoyer sur le sort de ses "filles". "Si elles viennent (chez moi), c'est par adhésion. Qu'il y ait des contraintes économiques, c'est possible, mais je n'en suis pas le responsable, je ne suis pas le directeur du FMI!" lance-t-il aux journalistes à la sortie de l'audience. A l'opposé, Béatrice Legrain, sur le banc des prévenus, gérante, prostituée occasionnelle, revendique cette dernière activité. "J'aime ça", explique-t-elle sans fard au tribunal. Kojfer, ancien chargé des relations publiques du palace lillois et Alderweireld font bloc. Ce sont des amis de 45 ans. On les disait fâchés, les deux hommes jouent la bonhommie. Le président Lemaire leur rappelle les surnoms donnés par Dominique Alderweireld à son ami: "Judas, le bouffon de Lille", et même... M. Trois-Minutes. Peine perdue: cela les fait sourire. René Kojfer conteste formellement avoir eu l'autorisation du tenancier pour emmener des filles en France, fidèle en cela comme Dodo à une ligne de défense déniant tout fondement à l'accusation de proxénétisme. Dominique Alderweireld, Français ayant ses établissements en Belgique, se montre encore expert en lois sur la prostitution dans les différents pays européens.
"Je préfère ne pas recruter en France, c'est trop de risque", explique-t-il. "Là, j'ai fait une petite bêtise en ayant une rencontre en France", admet-il à propos de Laura. Vendredi doit comparaître notamment l'ancien patron d'une filiale d'Eiffage que Jade a présenté comme l'un de ceux qui lui ont fait connaître Dominique Strauss-Kahn, attendu lui-même la semaine prochaine devant le tribunal.
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