Mercredi, les ministres de la Justice et de l’Intérieur ont laissé entendre que la police avait été à deux doigts d’arrêter Salah Abdeslam, suspecté d'avoir eu un rôle dans les attentats de Paris. Résultat, l’opposition politique réclame aujourd’hui des explications. Y a-t-il eu manquement ? Le ministre de la Justice, Koens Geens, tente à présent de se justifier.
"Il y a eu beaucoup à faire avec l'heure de la perquisition", a indiqué Koens Geens, le ministre de la Justice, à nos confrères de VTM mercredi soir. Dans cette interview, le ministre laisse entendre que Salah Abdeslam a failli être arrêté mais qu'il aurait filé entre les doigts de la police, en raison de la limitation des perquisitions (impossibles entre 23h et 5h du matin, sauf exception, et nécessitant un mandat délivré par un juge).
Le ministre de la Justice ne se mouille pas et renvoie vers le parquet
Depuis, les propos font polémique. Interrogé à ce sujet ce matin, le ministre fait marche arrière. "J'ai simplement dit qu'il me semble utile, pour lutter contre le terrorisme, de faciliter la perquisition entre 21 heures et 5 heures du matin", a-t-il répondu à notre journaliste Loïc Parmentier. Quant à savoir s'il avait des informations à propos de Salah Abdeslam à Molenbeek, pour cette perquisition, le ministre renvoie au parquet: "Monsieur, le parquet fédéral a très bien communiqué là-dessus hier, a-t-il répondu. Vous pouvez lire, leur communiqué de presse (sic)".
Le ministre de la Justice sera cuisiné par les députés cet après-midi: "C'est pathétique!"
Le sujet est sensible. Et vu les réactions, le ministre de la Justice doit calmer les critiques. Pour ce faire, il devra passer, cet après-midi, par la case parlement où les députés le questionneront. Des députés, visiblement remontés. "Si ses déclarations sont vraies, ça anéantit totalement le travail de l'enquête puisqu'il livre des données secrètes et propres à l'enquête, a estimé Gilles Vanden Burre, député Ecolo. Si ses déclarations sont fausses, c'est encore pire".
"C'est pathétique d'entendre un ministre de la Justice dire que l'ennemi public n°1 a filé sous le nez de la police et de la sûreté de l'Etat, a considéré Ozlem Ozen, députée socialiste. On est la risée de tous".
"Il y a une vraie faute dans ce dossier, une vraie faute de la part du gouvernement dans la non organisation, dans l'échange d'information", a pour sa part indiqué Vanessa Matz, députée cdH.
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