Les nouveaux dirigeants de Nethys continuent à faire le ménage dans plusieurs de leurs filiales. Exemple avec le fonds de pension Ogeo Fund. Deux dirigeants de ce fonds ont été licenciés suite à un rapport indépendant particulièrement accablant.
Le conseil d'administration d'Ogeo Fund a décidé mardi de licencier les deux membres de son comité de direction pour "déficit constant dans la gouvernance", selon un communiqué transmis jeudi. Il s'agit de Hervé Valkeners et Emmanuel Lejeune. Ogeo Fund est un fonds de pension de l'intercommunale liégeoise Enodia (ex-Publifin), la maison-mère de Nethys.
On leur reproche d'avoir toujours accepté les demandes, sans broncher, de Stéphane Moreau et Paul Heyse notamment, mais aussi et surtout de s'être octroyés un salaire très largement déraisonnable en contrepartie. La justice liégeoise avait déjà pointé du doigt des séminaires récréatifs à Abou Dabi, des placements spéculatifs, et de mystérieux comptes en banque. Les centaines de millions du cinquième fonds de pension de Belgique leur sont montés à la tête.
Sans indemnité et préavis
Un rapport d'audit a mené le CA à rompre sa confiance envers le comité de direction. "Sur base des constats formulés par cet audit (réalisé par Deloitte, NDLR), qui s'ajoutent notamment à ceux repris dans le pré-rapport d'inspection établi par la FSMA (Autorité des services et marchés financiers) fin décembre 2020, le conseil d'administration a pris acte de l'existence d'un déficit constant dans la bonne gouvernance d'Ogeo Fund, spécialement en ce qui concerne la gestion journalière de l'Organisme de Financement de Pensions (OFP) confiée au comité de direction d'Ogeo Fund", selon le communiqué. Les deux membres du comité de direction sont licenciés "sans indemnité et préavis".
Juqu'à la désignation d'une direction ad intérim, la délégation désignée par le CA à la réception du pré-rapport de la FSMA de décembre pour assurer la tutelle de la gestion (composée de la présidente Julie Fernandez Fernandez, du vice-président Bertrand Deminceau et de l'administrateur indépendant Paul Cuvelliez) assumera la gestion quotidienne afin de permettre la continuité des activités du fonds de pension.
Plus d'un milliard entre le mains
Un nouveau conseil d'administration aura lieu le 22 février à 9h afin "de prendre les dispositions nécessaires en accord avec la FSMA". La chaîne d'information LN24 avait révélé début janvier les conclusions du rapport de la FSMA, le régulateur des marchés financiers. Utilisation de cartes de crédit de l'entreprise à des fins privées, investissements erratiques... Le rapport pointait un pouvoir de décision trop important aux mains du comité de direction composé uniquement de deux personnes.
D'après le dernier rapport annuel 2018, le plus récent publié sur son site internet, il gère les pensions de plus de 4.200 personnes dont les travailleurs d'Enodia, les pompiers de Liège ou encore le personnel du CPAS de Seraing. En tout, les actifs s'élèvent à plus d'un milliard d'euros. Le fonds était dirigé par Stéphane Moreau jusqu'en 2017.
La suite d'une longue série
Le licenciement de Hervé Valkeners et Emmanuel Lejeune intervient après plusieurs événements similaires dans le giron Nethys. Fin janvier, Stéphane Moreau et Pierre Meyers, anciens administrateurs de Nethys, ainsi que François Fornieri, CEO de Mithra et ex-président du comité de rémunération de Nethys, avaient été inculpés d'abus de biens sociaux et détournement par personne exerçant une fonction publique. Stéphane Moreau est également inculpé de faux, d'usage de faux et d'escroquerie. Quelques jours plus tard, c'est Diego Aquilina, l'ex-CEO de l'assureur Intégrale, filiale de Nethys, qui avait été inculpé d'abus de biens sociaux et détournement par personne exerçant une fonction publique.
Cette semaine, on a par ailleurs appris le licenciement pour faute grave du patron de Liège Airport, Luc Partoune, en raison d'une convention de consultance problématique entre l'aéroport et la société JCP Conseil.
Mercredi, une demande du parti d'extrême gauche PTB d'organiser un débat d'actualité au parlement wallon sur le dossier Nethys a été rejetée faute de consensus majoritaire. Le président de l'institution Jean-Claude Marcourt, dont les bureaux ont été perquisitionnés vendredi dans le cadre de la même affaire, a assuré n'avoir aucun rôle dans cette décision.
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