(Belga) Le chef de l'Etat soudanais Omar el-Béchir, confronté à une contestation populaire depuis plus de deux mois, a remis temporairement la direction de son parti au nouvel adjoint de cette formation.
M. Béchir, qui règne sans partage sur le Soudan depuis trois décennies, a dirigé le Parti du Congrès National (PCN) au pouvoir, depuis sa création. "Le président Omar el-Béchir a transmis son mandat de chef du parti à Ahmed Haroun", nommé plus tôt cette semaine comme adjoint à la tête du PCN, a indiqué jeudi soir cette formation dans un communiqué. Il "agira comme le chef par intérim du PCN jusqu'à la prochaine réunion générale du parti, lors de laquelle un nouveau président sera élu", a-t-il précisé, sans préciser de date. Ahmed Haroun est visé par un mandat d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité de la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle présumé dans le conflit au Darfour, une région de l'ouest du Soudan meurtrie par les violences. Jeudi, plusieurs personnes ont été arrêtées lors de nouvelles protestations à Khartoum et Omdourman, malgré l'état d'urgence décrété le 22 février par M. Béchir après plus de deux mois de contestation antigouvernementale. M. Béchir est lui aussi visé par un mandat d'arrêt de la CPI, accusé de crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour, mais aussi de génocide. Selon la charte du Parti du Congrès National, qui possède une majorité écrasante de sièges au Parlement, le chef du PCN devient automatiquement son candidat pour l'élection présidentielle. Le prochain scrutin présidentiel est prévu en 2020. Jusqu'à présent, seul Omar el-Béchir avait été à la tête du PCN, formé quelques années après avoir effectué un coup d'Etat en 1989 avec l'aide des islamistes. Face au plus sérieux défi depuis son arrivée au pouvoir, M. Béchir a limogé le 22 février le gouvernement aux niveaux fédéral et provincial et nommé à la tête des 18 régions du pays 16 officiers de l'armée et deux responsables de la sécurité. Depuis le 19 décembre, les manifestations antigouvernementales secouent le Soudan. Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le début des manifestations. Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre de 51 morts. (Belga)
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