Freddy Troch, l'ancien juge d'instruction de Termonde qui était à la tête de la cellule Delta qui a enquêté sur les tueurs du Brabant, se pose des questions après la diffusion des émissions "Indices" sur RTL-TVI et "Faroek" (VTM), lors desquelles le parquet fédéral indiquait que la découverte de preuves matérielles par la cellule Delta dans le canal à Ronquières était une tentative de manipulation de l'enquête. "Tout le dossier est manipulé, depuis le début, aussi bien chez nous qu'à Charleroi et Nivelles", explique M. Troch. "Ils peuvent être contents de la mission que j'ai donnée car grâce à nous, ils ont une trace ADN sur laquelle ils peuvent travailler".
Après deux commissions d'enquête et trois décennies de recherches, les auteurs de cette vague de braquages et d'assassinats commis entre 1982 et 1985, qui ont fait 28 morts, dont des enfants, n'ont toujours pas été identifiés. L'intention des tueurs du Brabant n'a jamais été déterminée non plus.
L'un des nouveaux éléments de l'enquête est lié aux armes retrouvées en 1986 dans le canal de Ronquières. Le 6 novembre 1986, des pièces en lien avec les tueries y ont été repêchées par les enquêteurs: un gilet pare-balles, une arme volée à un policier et des munitions. La vérification de ces pièces à conviction, demandée par le juge d'instruction en 2009, a démontré que celles-ci étaient encore en bon état, et n'avaient été jetées que peu de temps avant leur découverte. C'est cette découverte qui avait déjà éveillé les soupçons d'une possible manipulation de l'enquête. En 1985, un plongeur de la police, entre-temps décédé, avait déjà fouillé le canal et n'y avait rien trouvé.
"Ces sacs ont été déposés ultérieurement"
Le parquet fédéral a également aujourd'hui des raisons de penser que l'enquête a été manipulée. "Nous pensons maintenant que ces sacs ont été déposés ultérieurement. Sur base de l'examen scientifique, nous pouvons même dire qu'ils ne sont pas restés plus de 24 ou 48 heures dans l'eau. Qui a fait cela et pourquoi, nous ne le savons pas encore", a indiqué Eric Van De Sypt, porte-parole du parquet fédéral, aux journalistes d'"Indices".
Le parquet fédéral lance dès lors un appel aux témoins qui auraient aperçu à cette période-là des personnes suspectes au canal de Ronquières. Un autre élément neuf est la découverte d'un sac en toile de jute, également dans le canal de Ronquières. L'assistant du plongeur a expliqué qu'il contenait des objets particulièrement suspects - des armes probablement - qui auraient été emmenés par trois individus - des gendarmes selon le témoin - et n'auraient jamais été retrouvés, selon le reportage. Il n'est en outre aucunement question d'un sac en toile de jute dans le dossier de l'enquête.
"Nous entendons cette histoire depuis cinq ans déjà"
"Où se trouve la manipulation de la cellule Delta ? On évoque aussi une tentative, est-ce une tentative ratée ? Nous avons sorti de l'eau ce qu'il y avait dedans", dit Freddy Troch qui a transféré son dossier vers Charleroi en 1990. "Nous entendons cette histoire depuis cinq ans déjà. On fait du vieux avec du neuf. Mais, c'est très simple. En 1985, après les faits à Alost, des témoins ont déclaré que des sacs avaient été jetés dans le canal à Ronquières. Nous n'avons jamais reçu ces PV mais je pense qu'ils sont arrivés en notre possession en septembre 1986. J'ai pu déduire de ces PV que les recherches n'avaient pas bien été menées et cela nous a été confirmé. Par exemple, il est indiqué que les recherches ont duré moins de deux heures. Je peux en déduire que les recherches n'ont pas été assez poussées dans l'eau et menées principalement à bord d'un petit bateau dans un courant fort. Nous avons fait appel à des plongeurs professionnels du génie de Burcht. Après quatre heures, nous avons sorti le premier sac et tout récupéré trois jours plus tard", ajoute l'ancien juge d'instruction. "Grâce à cette mission, il y a une piste ADN sur laquelle on peut encore travailler. Nous avons sorti de l'eau ce qui se trouvait en novembre 1986, c'est aussi simple que cela. Si cela se trouvait là depuis le début ou ajouté plus tard, ce n'est pas notre problème. Nous avons fait notre travail".
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