Une trentaine de personnes ont été interpellées en Belgique, aux Pays-Bas et en Espagne, et près de 70 perquisitions effectuées, dans une enquête menée par la justice belge sur un trafic international de cocaïne, a annoncé jeudi le parquet fédéral belge.
A cette occasion plusieurs procureurs belges ont dénoncé le manque de moyens de la justice face à un crime organisé qui "sape notre économie".
L'enquête a démarré fin 2019 avec la saisie de 2,8 tonnes de cocaïne dans un conteneur destiné à une entreprise de Maasmechelen (nord-est), à la frontière hollandaise. Elle a mis au jour un réseau très structuré important la drogue d'Amérique du Sud via le port d'Anvers (nord), et qui a profité en Belgique de la complicité de policiers, de gérants d'entrepôts et de sociétés de transport.
Selon une source proche du dossier, un ancien gendarme et trois policiers belges comptent parmi les 29 personnes interpellées depuis lundi en Belgique.
Des cargaisons estimées à 325 millions d'euros
Un juge d'instruction a déjà décidé d'écrouer seize de ces suspects après leur inculpation pour "importation de stupéfiants", "blanchiment d'argent" et "appartenance à une organisation criminelle", a précisé le parquet fédéral dans un communiqué.
Après les 2,8 tonnes, une cargaison de 650 kg a aussi été saisie, et les enquêteurs estiment que neuf autres du même volume ont été importées pour une valeur marchande totale d'"au moins 325 millions d'euros" (le gramme de cocaïne se vend 50 euros au détail).
Selon le parquet, ce réseau criminel professionnel "semble avoir de fortes ramifications dans le circuit légal", à la fois pour réceptionner la drogue sur le port et pour la transporter et la distribuer ensuite dans toute l'Europe.
Plusieurs raids policiers
Au total 77 perquisitions ont été menées, dont 54 en Belgique, sept aux Pays-Bas, trois en Espagne, trois au Royaume-Uni. Il y a eu quatre arrestations aux Pays-Bas (3) et Espagne (1).
Au cours de raids policiers, des armes et voitures de luxe ont été saisies, "une quarantaine de véhicules" au total, ainsi que 1,3 million d'euros en espèces.
Lors d'un point presse à Bruxelles, le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw et les chefs des parquets d'Anvers et du Limbourg ont interpellé le gouvernement belge.
Face à ce crime organisé et aux "violences graves" qu'il engendre, "les moyens actuels sont manifestement insuffisants", a dit M. Van Leeuw. Le procureur du Limbourg Guido Vermeiren a assuré que chaque année dans sa juridiction "plus de 30 règlements de compte" sont liés au trafic de drogue.
Il a cité un large éventail de violences: "torture, prises d'otages, attentats à la grenade, aux cocktails Molotov, incendies criminels, fusillades".
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