Une avocate belge de 57 ans a été condamnée lundi par le Tribunal correctionnel de Genève à une peine de deux ans et demi de prison, dont 15 mois avec sursis, pour blanchiment d'argent aggravé et faux dans les titres. La prévenue avait travaillé durant de nombreuses années pour Amicie de Spoelberch, représentante d'une des familles les plus fortunées de Belgique, propriétaire du géant brassicole AB InBev.
La condamnée ne retourne pas en prison, en raison des jours de détention préventive déjà effectués. Elle est toutefois sous le coup d'une procédure d'extradition émanant du Luxembourg. Condamnée par la justice du Grand-Duché pour tentative d'escroquerie, elle doit encore purger neuf mois de prison dans ce pays.
Après avoir travaillé durant de nombreuses années pour feu la vicomtesse Amicie de Spoelberch, la prévenue s'était ensuite occupée des affaires des deux fils adoptifs de la vicomtesse. Dans le cadre de cette dernière mission, elle s'était emparée de 815.000 actions au porteur AB InBev en profitant de la confiance que lui accordaient les deux frères. Elle avait déposé ces titres sur divers comptes bancaires en Suisse. Puis les a blanchis, en utilisant des montages financiers d'une grande subtilité.
La faute de la prévenue est très grave, a relevé le tribunal. Elle s'en est prise au patrimoine d'une famille qui lui témoignait une confiance aveugle. Elle a profité de la vulnérabilité des deux fils adoptifs de la vicomtesse, qui venaient de perdre leur père et qui consommaient alcool et stupéfiants. Les deux frères se sont retrouvés soudain à la tête d'une fortune colossale et ignoraient tout des structures mises en place par l'avocate pour gérer ce patrimoine. Ils ont signé des blancs-seings à la chaîne.
Selon les juges, la prévenue possède de grandes facultés manipulatrices. La justice a découvert que l'accusée détenait une fortune d'environ 88 millions d'euros, disséminée sur plus d'une vingtaine de comptes. Elle a condamné la prévenue à rendre aux deux frères les 327.000 actions AB InBev qui ont été retrouvées et à leur verser 34 millions d'euros, représentant la valeur des 488.000 titres manquants. Les quelque 30 millions d'euros encore confisqués finiront dans les caisses de l'Etat de Genève.
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