Véronique, une mère de famille bruxelloise, a été inculpée de participation à une organisation terroriste et de financement du terrorisme. Ce qu’elle a fait: envoyer 65.000 euros sur plusieurs années à son fils parti mener le jihad en Syrie. Elle voulait, dit-elle, l’aider à survivre sur place et rien d’autres. Nos journalistes Arnaud Gabriel et Elisabeth Wouters l’ont rencontrée ainsi que son avocat.
La mère du djihadiste belge Sammy Djedou, parti en Syrie pour combattre dans les rangs de l'État islamique et tué à Raqqa en 2016, a été inculpée d'appartenance à une organisation terroriste et de financement du terrorisme. Elle a envoyé 65.000 euros à son fils entre 2013 et 2015. Véronique L. faisait parvenir l'argent à son fils via un collecteur de l'État islamique qui se trouvait en Turquie.
"Je le faisais pour qu'il puisse subvenir aux besoins de sa famille, de sa femme et de ses deux enfants", se défend-elle. "L’argent était l’unique lien que je pouvais avoir avec lui. Je savais que si je lui en envoyais, je sentais une présence. Toujours sans avoir l’intention de le donner à des recruteurs. J’ai toujours mis sur les papiers 'à Sammy'. Jamais je n'ai envoyé d'argent en me disant que c'était pour acheter des armes ou pour financer des attentats."
Son avocat Alexis Deswaef compte contester cette inculpation devant la chambre du conseil en soulignant l'absence d'élément intentionnel. "Venir en déduire que c’est une manière de financer l’Etat islamique, c’est au niveau juridique aller un pont trop loin. Cela ne tient pas car il n’y a pas l’élément intentionnel de participation à un financement d’un groupe terroriste", explique-t-il.
D'après lui, la mère du djihadiste ignorait que les sommes d'argent auraient pu servir aux activités terroristes de l'État islamique. Véronique L. risque 5 à 10 ans de prison.
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