La reine Mathilde est rentrée de sa visite de terrain au Mozambique. Un pays ébranlé par des décennies de guerre, et qui est aujourd’hui l’un des plus pauvres du monde. En tant qu’ambassadrice des Nations Unies, la Reine se fait notamment le défenseur des femmes, qui doivent se battre chaque jour, pour trouver leur place.
Le Mozambique, une société patriarcale, où les hommes sont rois... et les femmes soumises à leur toute puissance... Des associations tentent de faire changer les mentalités dès le plus jeune âge. Dans une école visitée par notre journaliste, il n'y a par exemple pas de différence entre les garçons et les filles.
Dans leurs familles par contre, les filles apprennent qu’elles doivent trouver un mari, fonder une famille, s’occuper de la maison, et leur vie est finie. Les parents disent aux garçons qu’ils doivent trouver une femme pour les servir, et eux s’occupent juste de travailler.
La reine Mathilde a découvert ce projet porté par les Nations Unies dans des écoles. Grâce à des débats et des ateliers, 2500 jeunes Mozambicains, ont revu leur conception de la femme.
L’un des chevaux de bataille de la Reine, c’est justement la place de la femme dans la société. Ici, il y a du travail, puisqu’une femme sur deux au Mozambique est victime de violences, ou de harcèlement sexuel.
Des violences, que des femmes, rencontrées par notre journaliste, ont décidé de fuir. Elles sont venues raconter leur combat, à la reine Mathilde. Angelica a été mariée de force à 17 ans. Enceinte, elle a dû quitter l’école.
"Quand je me suis mariée, j’ai souffert de mauvais traitements. Le père de mon enfant ne s'occupait pas de nous", confie-t-elle.
Amélie Schildt: pourquoi est-ce important d’en parler ?
Angelica: "Parce que je trouve ce n’est pas correct."
Comment avez-vous eu la force de quitter votre mari ? Comment ça s’est passé ?
"C’était à cause de la souffrance. J’avais la famine, je n’avais rien à manger et je ne pouvais même pas aller à l’école."
C'est une histoire qui arrive à beaucoup de femmes au Mozambique...
"Oui, mais ça peut encore être pire."
Parler de votre histoire, est-ce que c’est aussi pour aider les autres femmes ?
"Oui, je trouve que c’est très important. J’ai déjà aidé beaucoup de jeunes filles comme moi. Certaines ont déjà changé, ont déjà pris conscience."
Il faut beaucoup de courage… On sait que c'est compliqué de prendre une telle décision...
"Ça a été très compliqué. Je ne me suis pas regardée en tant que femme, je n’ai pas regardé mon mari, mais j’ai regardé mon enfant, j’avais un petit bébé. Je suis orpheline, j’ai grandi sans connaitre mon père. J’ai vu que ma fille pouvait aussi grandir sans père".
Et aujourd'hui, c'est mieux ?
"Aujourd’hui, c’est mieux parce que je travaille, je peux m’occuper de mon enfant, je peux donner à ma fille ce qu’elle veut. Je peux ne pas tout donner, mais ce que j’arrive à trouver, je donne à ma fille."
Vous vous êtes mariée à 17 ans, après combien de temps avez-vous quitté votre mari ?
"Je suis resté avec lui pendant deux ans. Quand j’étais enceinte puis quand mon enfant est né."
C’était votre mère qui vous a forcé à vous marier ?
"C’était mon oncle. Parce qu’une fois je suis arrivée en retard à la maison. Ils m’ont obligée à retourner où j’étais, ils m’ont accompagnée jusque-là et ils m’ont laissée là-bas…"
(...)
"Je suis allée rejoindre mon mari à l’âge de 17 ans. Je suis alors tombée enceinte. J’ai eu ma fille dans la même année. Et à l’école quand ils ont découvert que j’étais enceinte, ils m’ont dit d’aller aux cours du soir. C’était difficile pour moi parce que j’étais chez mon mari. Mon école était à Maputo, en ville. J’étais obligée de quitter ma maison à 16 heures, pour aller aux cours du soir qui commençaient à 18 heures, jusqu’à 22 heures. Et pour arriver à la maison, j’arrivais à 23 heures, minuit."
C’était un mauvais mari ?
"Devant les personnes, il était une bonne personne, mais c’était un menteur".
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