Comme chaque année à l'occasion des célébrations de Noël, le roi s'adressa aux Belges ce lundi 24 décembre. C'est déjà le sixième discours de Noël du roi Philippe, lui qui a endossé le rôle de souverain le 21 juillet 2013. La séquence a été enregistrée dans le bureau du roi au château de Laeken.
L'actualité politique vient justement de mettre le roi sur le devant de la scène. Il y a quelques jours, il a reçu la démission du gouvernement de Charles Michel. Après avoir consulté les présidents de partis démocratiques, le roi a accepté la démission de l'exécutif fédéral, le plaçant ainsi en affaires courantes jusqu'aux élections de mai 2019.
Pour son exercice de 2018, le roi est assis dans son bureau. Son discours s'articule autour de deux axes: une réflexion plutôt personnelle et le contexte politique et social de cette fin d'année.
Voici le discours du roi retranscrit:
Mesdames et Messieurs,
Les fêtes de Noël et de nouvel an sont l’occasion idéale de prendre du recul, d’arrêter notre course à la poursuite du temps. De faire le point. Mais aussi de se souvenir que la vie est un chemin que nous ne faisons pas seuls, mais avec des compagnons de route, qui, comme nous, ont besoin d’une présence, d’une écoute et de conseils.
Pour la plupart d’entre nous, les fêtes de fin d’année sont des moments de retrouvailles et de partage, des moments où l’on prend du temps avec des proches. En particulier pour ceux qui traversent de lourdes épreuves, connaissent la solitude, ou qui ont perdu un être cher, la présence et l’écoute d’un proche a une valeur inestimable.
Cette période festive est l’occasion d’avoir une attention particulière pour les plus fragiles de notre société. Mais aussi pour tous ceux qui les entourent et les accompagnent avec soin et dévouement, pour qu’ils puissent vivre dignement.
Avec ceux qui ont des enfants, nous avons en commun, la Reine et moi, le désir de vivre avec eux des moments vrais, de réelle présence les uns pour les autres. Nous savons à quel point ils sont importants, mais aussi à quel point il est facile qu’ils nous échappent. Ce sont des moments où l’on peut recevoir nos enfants tels qu’ils sont et avoir la joie de les redécouvrir.
Des moments aussi où ils peuvent se rendre compte que nous, parents, et tous ceux qui œuvrent pour leur éducation, sommes également vulnérables. Ils comprendront que notre force intérieure se construit en surmontant les difficultés et non en s’y enfermant ou en les évitant. C’est grâce à cette force intérieure que nous pouvons réellement nous ouvrir aux autres et assumer nos responsabilités.
Notre pays traverse une période mouvementée. Des sujets importants préoccupent à juste titre nos concitoyens. Aujourd’hui nous sommes confrontés à de vives tensions politiques. Je fais confiance au sens des responsabilités de nos dirigeants pour agir dans l’intérêt du pays et de la population.
Les inégalités, la pauvreté, l’intolérance, le changement climatique, sont des questions qui demandent des réponses exhaustives. Ces problèmes cruciaux de notre société demandent de notre part à tous écoute et ouverture, courage et esprit d’initiative.
La démocratie exige cette écoute et ce dialogue. Préparons-nous aux élections fédérales, régionales et européennes en tenant des débats ouverts et vrais, où l’on se respecte. Car le moment du vote doit être le résultat d’une mûre réflexion.
"Donnez-moi un point fixe et un levier et je soulèverai la Terre", disait Archimède. Habiter pleinement notre temps, cultiver une force intérieure qui nous ouvre aux autres, ce sont ces points fixes et ces leviers qui peuvent nous faire soulever des montagnes.
La Reine et moi et toute notre famille vous souhaitons une joyeuse fête de Noël et une bonne et heureuse nouvelle année.
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