Le Roi Philippe a exprimé ce mardi ses profonds regrets concernant le passé colonial de notre pays. Un geste salvateur, d'apaisement, qui rassure la communauté congolaise.
Le Roi Philippe a peut-être bien rassuré les Congolais. Sa lettre, dans laquelle il exprime de grands regrets pour le passé colonial de la Belgique, a apaisé les esprits. C'est du moins l'avis de Dieudonné Wamu Oyatambwe, écrivain et politologue, expert de la République Démocratique du Congo.
Ce dernier était l'invité du RTL INFO 13H. Selon lui, cette lettre est une première étape positive. "C'est vrai que beaucoup de gens s'attendaient à des excuses, mais c'est un bon pas", déclare-t-il. "Cela fait 60 ans que l'on attendait un geste. Il est arrivé, il faut maintenant que l'ensemble de la communauté belge s'approprie ce message pour tenir compte de ce qu'il s'est passé dans l'histoire du Congo, une histoire qui est commune avec la Belgique, où on a eu tendance à gommer une partie de l'histoire, à considérer l'histoire de la Belgique sans y intégrer le fait colonial. C'est un bon pas dans la bonne direction, on verra la suite", a-t-il poursuivi.
Mais il a surtout insisté sur un fait important: la prise de parole du Roi Philippe est loin d'être anodine, parce que profondément liée à l'histoire coloniale de notre pays. "C'est plus fort, en effet, parce que vous savez, la figure du Roi est centrale dans l'histoire coloniale. Le Roi Léopold II qui s'approprie un territoire vaste au coeur de l'Afrique, dont il fait une propriété privée. Puis il y a la colonisation belge et la première visite du Roi Baudouin au Congo en 1955. Jusqu'ici, même si en Belgique les pouvoirs du Roi sont moindres, au Congo, on a continué à penser qu'en Belgique, le chef, c'est d'abord le Roi. Sur le plan historique, le fait que ce soit un descendant de Léopold II, qui écrit ces mots en tant que Roi des Belges, c'est quand même un geste symbolique très fort", explique Dieudonné Wamu Oyatambwe.
Le souhait est unanime et pousse vers un espoir commun: le passage aux actes. "Il y a d'abord de la reconnaissance dans ce geste-là, mais c'est aussi une forme de justice qui est faite vis-à-vis des victimes. C'est aussi un geste d'apaisement, il a bien fait de faire le lien entre ce qu'il s'est passé dans le temps et ce qu'il se passe aujourd'hui dans la société belge. Les gens sont satisfaits de voir cette forme de reconnaissance. On espère que cela ira au-delà du côté symbolique pour favoriser la construction d'une société beaucoup plus juste, multiculturelle, qui est la réalité de la Belgique d'aujourd'hui", explique à ce sujet le politologue.
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