Après la vague noire, la presse francophone s'interroge: comment gouverner ce pays?
Marée noire, vague brune, tsunami politique... Au lendemain des élections, la presse francophone appelle à un effort de compréhension de la poussée de l'extrême droite en Flandre. Et s'interroge: comment gouverner ce pays fractionné entre une Flandre "à droite toute" et le Sud, qui a plébiscité le PS, Ecolo et le PTB?
Près d'un électeur flamand sur deux a voté en faveur d'un parti nationaliste (N-VA) ou pour un parti ultranationaliste et xénophobe (Vlaams Belang), pose 'La Libre Belgique'. "Il faudra essayer de comprendre pourquoi, dans une des régions les plus prospères d'Europe, les électeurs ont propulsé le Belang, extrémiste et raciste, au rang de deuxième formation politique". 'L'Echo' appelle aussi à "ouvrir les yeux" et "effectuer un travail de longue haleine pour comprendre les motivations du vote extrémiste". "Il faut assécher ces idées extrémistes, en particulier auprès de la jeunesse, en démontrant leur inanité." Pour le quotidien économique, le cordon sanitaire doit absolument tenir autour du Vlaams Belang: "On entend, au Nord du pays, certaines voix s'élever pour le remettre en cause. Ce serait une tragique erreur. 'Mouiller' un parti au pouvoir ne le fait pas forcément reculer. Et ce serait surtout au prix de la légitimation et de l'application d'une partie de son programme".
Gouverner avec le Belang? Ce serait pactiser avec le racisme véhiculé par ce parti
Attention à ne pas stigmatiser les électeurs, il faut plutôt les entendre, souligne 'Le Soir'. "Mais écouter l'électeur des partis extrémistes ne justifie jamais de trouver fréquentables ceux qui exploitent leurs émotions et leurs colères. Briser le cordon sanitaire? Gouverner avec le Belang? Ce serait pactiser avec le racisme véhiculé par ce parti et les dérives haineuses de ceux qui prennent la parole en son nom".
Comment sera-t-il possible de constituer un gouvernement fédéral?
"La Dernière Heure" est plus craintive: "Le béton armé qui semblait entourer le cordon sanitaire semble s'effriter", dit-elle dans son édito mettant l'accent sur "Une Belgique, deux pays". Une tonalité qu'adopte également les titres de Sudpresse, qui évoquent "deux démocraties".
"Prudence, pas de précipitation"
Après avoir obtenu plusieurs réformes de l'Etat, gagné une "vaste autonomie", monopolisé les leviers économiques et politiques du pays, "que veulent encore nos compatriotes flamands? ", se demande le groupe de quotidiens. Au bout du compte, "comment sera-t-il possible de constituer un gouvernement fédéral, en tenant compte du fossé grandissant qui sépare les Flamands et les francophones? ", interpelle 'L'Avenir'. "Comment les dirigeants de ce pays vont-ils faire pour amener à cohabiter, dans un même espace institutionnel, deux peuples à ce point différents, opposés? " "Face à ce grand écart, resserrer les liens entre les deux communautés deviendra plus que jamais indispensable dans les prochaines semaines", souligne 'L'Echo'. "Prudence, pas de précipitation", dit "La Libre". Installer des majorités dissemblables dans les Régions sans penser à la constitution de l'exécutif fédéral pourrait provoquer une longue crise politique. "L'idéal serait de faire l'inverse¿: former d'abord le gouvernement fédéral et ensuite les équipes régionales".
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