1.400.000. C'est le nombre de Belges qui n'ont voté pour personne dimanche dernier. Certains ont voté blanc ou nul. D'autres ne se sont carrément pas déplacés. Comment expliquer leur geste?
16% des Belges n'ont choisi aucun parti aux élections de dimanche. Des électeurs qui ne se sont pas déplacés ont voté blanc ou nul sont plus nombreux qu'en 2014. Côté abstention, le record est à Verviers, en province de Liège. 18,84% des électeurs n'ont pas voté. "Non, je n'ai pas voté", explique un habitant de la ville au micro de notre journaliste. Il poursuit: "Je ne reçois pas de convocation. Pourquoi veux-tu que je fasse mon travail de citoyen si la commune ne fait pas son travail? Pour élire quoi? Un qui va encore me pomper tout mon pognon et qui ne fera rien pour nous?" Quelques minutes plus tard, nous interrogeons un passant. Lui aussi n'a pas voté. "Tout le monde en a marre. Tout le monde en a ras-le-bol."
Exclusion synonyme d'abstention
La moyenne wallonne des abstentions est un peu plus basse qu'à Verviers, soit 13, 37%. En Flandre, le chiffre tombe à 7,84%. Plusieurs explications. Le désintérêt pour les enjeux sociétaux mais aussi une certaine usure, huit mois après les élections communales. Souvent abstention se conjugue aussi avec exclusion. David Talukder est chercheur en sciences politiques à l'ULB. Il indique: "Ce serait lié aux personnes qui s'excluent elles-mêmes ou qui sont exclues du système. Et donc on ne va pas forcément donner sa voix, on ne se sent pas légitime pour donner sa voix."
Honnêtement, c'est parce qu'il y a une amende
L'abstention expose l'électeur défaillant à une amende. Pour l'éviter, certains font d'autres choix. "J'ai été voté avec mon époux et mon fils, mais j'ai voté blanc. Ca fait des années qu'on vote, mais je ne vois pas de changement", explique une dame. En Wallonie, les votes blancs et nuls représentent 8,36% des électeurs. Le vote invalide est parfois intentionnel mais peut-être aussi involontaire en votant par exemple pour plusieurs partis ou en noircissant incorrectement la case souhaitée. Abstention plus votes non valables, au total dans certaines régions plus d'un quart des électeurs ne donnent pas leurs avis.
Non comptabilisés dans les statistiques, il y a tous ceux qui ont été votés par obligation. Dans la rue, notre journaliste Vincent Jamoulle en a croisé beaucoup. "Nous sommes obligés. Sinon, je n'irais pas. J'ai autre chose à faire que d'aller voir toutes ces marionnettes", lâche une dame. Un jeune homme enchaîne: "Honnêtement, c'est parce qu'il y a une amende sinon je n'aurais pas été."
Pour ramener le citoyen vers les urnes, pour qu'ils votent correctement, pour le réconcilier avec la politique, il y a encore beaucoup de travail.
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