Le journaliste du Soir, Xavier Counasse, a répondu aux questions d'Olivier Schoonejans dans le "RTL info Bienvenue".
Premier rappel: Nethys dépend indirectement de l'intercommunale Enodia, anciennement Publifin. Il y a plusieurs couches mais tout au-dessus il y a une intercommunale. La couche intermédiaire est Finanpart qui est un peu inutile et qui est amenée à disparaître. Et puis il y a Nethys où se trouvent les pouvoirs opérationnels, entreprise dirigée par Stéphane Moreau.
Quand on parle de Nethys et de ses filiales comme Voo, s'agit-il d'argent privé ou d'argent public ?
En fonction de la personne à qui vous posez des questions, on a des réponses différentes. C'est de l'argent public selon moi. Tous les actionnaires sont publics: 74 communes liégeoises et la province de Liège. Tous les capitaux initiaux sont publics. Donc, évidemment, ce groupe gère de l'argent public et ne doit se préoccuper que d'une chose: servir l'intérêt provincial et communal, donc général.
Qui décide ? Qui a le dernier mot ?
C'est un peu le monde à l'envers dans cette société. D'habitude c'est au niveau de la maison-mère, la tête d'une société, qu'on prend les décisions via un conseil d'administration et un management. Sauf qu'ici, c'est dans une filiale, dirigée par Stéphane Moreau, que toutes les décisions sont prises. Et les décisions polémiques de vente de Voo ont été prises par le conseil d'administration de Nethys sans l'accord de la maison mère.
Nethys a vendu trois de ses filiales dont deux à François Fornieri, lui-même administrateur de Nethys. C'est ce que dénonce le gouvernement wallon. Quel est le problème principal dans la vente de ces filiales ?
C'est un manque total de transparence et un soupçon de conflit d'intérêt sur des ventes. François Fornieri est administrateur de Nethys, Stéphane Moreau est administrateur délégué de Nethys. Ils gèrent donc une société et se sont vendus à eux-mêmes deux filiales, Win (service informatique) et Elicio (éoliennes), sans mise en concurrence sur le marché pour essayer d'obtenir le meilleur prix, sans l'annoncer à leur maison-mère, avec un prix d'achat qui pose question (il est difficile de savoir si c'est le meilleur prix). Et donc, aujourd'hui, ce qui est cassé est cette vente faite dans une opacité assez incroyable pour une intercommunale et alors qu'on en parle déjà depuis plusieurs années et qui aurait pu comprendre la leçon.
Vous avez rencontré le conseil d'administration de Nethys, notamment François Fornieri et Stéphane Moreau qui disent avoir fait ce qui était le mieux pour l'intérêt des communes qui sont les actionnaires, pour l'intérêt de l'emploi à Liège. Leurs arguments sont de dire qu'ils ont fait ce qu'il y avait de mieux à faire.
Je suis d'accord avec eux sur un point: c'est bien l'intérêt des communes qui doit primer. L'ont-ils fait ? Le gouvernement wallon a dit hier que non, que les décisions prises violent la loi et sont contraintes à l'intérêt général et c'est pour cela qu'elles sont cassées. C'est difficile de prouver qu'on défend l'intérêt général quand on ne met pas des sociétés en concurrence, quand on agit de façon un peu cachée, masquée.
Stéphane Moreau est dans le collimateur politique. Va-t-il sauter cette fois ?
Je crois vraiment que ce qui s'est passé hier est inédit et on a jamais été aussi loin. Aujourd'hui, le PS qui détient la moitié des sièges du conseil d'administration a décidé de convoquer une assemblée générale qui aura pour but de renouveler l'entièreté du conseil d'administration de Nethys et puis dans un 2e temps de virer tout le management. Ils se sont tant engagés à le faire, je ne vois pas comment on pourrait revenir en arrière. Ceci dit, en 2017, un rapport prévoyait déjà que le management devait partir. Et deux ans après, ils sont toujours là. Mais cette fois, c'est en train de bouger et on parle de quelques jours pour renouveler les têtes. Donc, à suivre, la presse veille.
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