Bientôt une nouvelle majorité aux gouvernements régionaux ? C’est ce qu’a demandé le président du cdH Benoît Lutgen après avoir annoncé qu’il ne voulait plus gouverner avec le PS.
Ce lundi, Benoît Lugten a provoqué un véritable séisme dans le monde politique belge. Il a annoncé qu’il ne voulait plus gouverner avec le PS et a appelé le MR, DéFi et Ecolo à former avec lui une nouvelle majorité. En début de soirée, Ecolo a fait savoir, via communiqué de presse et via son co-président, Patrick Dupriez, interrogé pour le RTLinfo 19H, qu’il ne s’associerait pas à la nouvelle majorité. Par contre, le MR accepte le dialogue. C'est Olivier Chastel, le président du parti qui entamera les premiers contacts. Il a été mandaté lundi soir par le Bureau de son parti pour "dialoguer de manière responsable avec le cdH et les différentes formations politiques qui veulent incarner le changement", au terme d'une réunion qui a duré près de trois heures.
Le MR est le premier à annoncer officiellement ce type de prise de contacts politiques. M. Chastel, dont le parti est rendu incontournable en Wallonie et en Fédération en raison du rejet du PS par le cdH, prend ainsi la main, tout en se montrant prudent face à une situation inédite dans les entités fédérées francophones et à Bruxelles. "Ce n'est qu'en fonction de ces contacts que le MR appréciera si les conditions sont réunies pour entamer des négociations", a ajouté M. Chastel.
"Nous mesurons parfaitement le caractère exceptionnel de cette situation. Le MR veut dans ces circonstances agir avec sérieux dans l'intérêt de l'avenir des Wallons et des Bruxellois", déclarent les membres du Bureau, cités dans un communiqué. "Le développement économique, l'emploi, la formation et l'enseignement, la cohésion sociale, la transition énergétique et une réforme drastique de la gouvernance sont plus que jamais à l'ordre du jour et cela afin de mieux rencontrer les défis et les attentes des citoyens", conclut le communiqué.
"Le cdH vient d'inventer la crise politique sans préavis"
De leur côté, Les écologistes s'indignent de l'annonce du cdH ce matin de tirer, sans préavis, la prise des Gouvernements wallons, bruxellois et de la Fédération Wallonie Bruxelles. "Le cdH vient d'inventer la crise politique sans préavis. Pourquoi cette annonce aujourd'hui, alors que le cdH fait partie de ce système politique depuis des années ? La seule réponse : Benoit Lutgen privilégie le coup politique et l'intérêt de son parti en oubliant l'intérêt général", commentent les coprésidents d'Ecolo Zakia Khattabi et Patrick Dupriez.
"Le vrai signal attendu par les citoyens, c'est une révolution du système politique"
Le pays traverse une crise profonde de sa démocratie dont les trois partis traditionnels ne mesurent pas l'ampleur. Suite aux différentes affaires (Publifin, Kazkhgate, Samu social, ISPPC,...), la confiance des citoyens par rapport aux institutions et au monde politique est au plus bas. Ecolo considère dès lors que poser la question d'un renversement d'alliance n'a pas de sens tant que les éléments qui ont amené à cette crise ne sont pas résolus. "Ce que les citoyens veulent aujourd'hui, ce n'est pas un changement de gouvernement ou de casting. Ce qu'ils veulent, c'est un changement de système, de fonctionnement et de pratiques politiques. Les conflits d'intérêt, la concentration des pouvoirs, le détournement de fonds, la multiplication et la confiscation des structures de l'État, l'enrichissement personnel, le contournement de la législation... doivent être bannis de façon déterminée. Le vrai signal attendu par les citoyens, c'est une révolution du système politique et un renouvellement de la démocratie permettant une participation citoyenne forte. C'est à cette condition seule que nous pourrons collectivement mener des politiques qui privilégient l'intérêt général et enclenchent la transition écologique", poursuivent les coprésidents.
Ethique politique, gouvernance, participation citoyenne
Il y a urgence et peut-être aujourd'hui une opportunité. Ecolo enverra mercredi à l'ensemble des formations politiques les propositions qu'il estime incontournables pour jeter les bases d'un rétablissement de la confiance des citoyens à l'égard du monde politique. Ces propositions se déclineront sur les trois dimensions pour lesquelles des réformes structurantes devront être décidées au plus tard pour le 21 juillet et traduites dans des textes législatifs dès la rentrée : éthique politique, gouvernance, participation citoyenne,…
Pour les coprésidents d'Ecolo, "Il ne s'agit pas d'un changement de casting, mais d'un changement de système, de pratiques et de fonctionnement politique. Il faut sortir par le haut de la crise de régime actuelle. Il s'agit là d'une nécessité absolue, qui s'impose avant toute autre considération. Nous vivons un moment de basculement. Nous entendons en faire un moment de renouveau et de renforcement de notre démocratie. Il est hors de question que les citoyens paient la crise plusieurs fois", concluent Zakia Khattabi et Patrick Dupriez.
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