Plus de 8 millions de Belges ont donc la même activité notée dans leur agenda ce matin: voter. Techniquement, tous les citoyens Belges majeurs qui disposent encore de leurs droits civiques doivent aller voter ce dimanche pour un triple scrutin.
Quelque 8 millions de Belges se rendront ce dimanche aux urnes pour élire 484 députés et renouveler ainsi directement six parlements et indirectement quatre parlements ou assemblées. Ce sera ensuite au tour des politiques de prendre le relais pour constituer des majorités au sein desdits parlements qui eux-même désigneront des gouvernements ou leur accorderont la confiance. Pour mettre fin aux élections à répétition, la 6e réforme de l'Etat a regroupé le scrutin fédéral et les scrutins régionaux et européen. L'ensemble des parlements sera donc renouvelé en une opération.
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Quelles coalitions ?
Le premier méga-scrutin de ce type a eu lieu en 2014. Il a été marqué par un antagonisme politique sans précédent: des majorités totalement différentes entre les entités francophones et bruxelloises, formées par le PS et le cdH, plus DéFI à Bruxelles, et les échelons flamand et fédéral où a prévalu la suédoise (MR, N-VA, CD&V, Open Vld). Le jeu des spéculations va bon train sur les coalitions à venir. Les projections récentes laissent entrevoir un casse-tête à l'échelon fédéral si l'on prend en compte les exclusives des uns et des autres. La N-VA ne veut pas discuter avec les Verts et le PS. Les socialistes et les écologistes n'ont aucune envie de discuter avec les nationalistes. Il pourrait donc être très compliqué de constituer une coalition qui aurait la majorité dans chaque groupe linguistique.
Vers une vague verte en Wallonie ?
Le MR sera-t-il prêt à rééditer l'équipée de la suédoise complétée par le cdH? Il y a quelques jours, les centristes ont fait savoir qu'ils n'en avaient pas l'intention. Le CD&V et/ou l'Open Vld seraient-ils prêts à contourner la N-VA pour (re)tenter la tripartite classique (socialistes, libéraux, démocrates-chrétiens), l'Olivier (socialistes, démocrates-chrétiens, écologistes), l'Arc-en-ciel (socialiste, libéraux, écologistes) ou la Jamaïcaine (libéraux, écologistes, démocrates-chrétiens) voire la quadripartite (familles socialiste, libérale, chrétienne et écologiste)? Dans les Régions, l'équation sera plus facile. Si la "vague verte" se confirme du côté francophone, les écologistes pourraient être les faiseurs de roi comme en 2009. Ils n'ont pas exprimé leurs préférences. L'ambiance des dernières semaines laisse à penser que le MR ne sera pas le premier choix alors que le climat semble bien plus serein avec les socialistes. En Flandre, la N-VA devrait largement dominer le jeu. La raison pousserait vers la reconduction de la suédoise mais les relations difficiles entre les nationalistes et le CD&V pendant 5 ans font craindre au second la réédition de la "bourguignonne", soit la N-VA, l'Open Vld et le sp.a. Toute collaboration avec les écologistes paraît exclue... à moins, à nouveau, que la N-VA ne soit contournable.
Qui pour succéder à Charles Michel ?
Quel Premier ministre? Traditionnellement, les partis se montrent prudents sur la question et répondent que l'on n'est pas candidat à cette fonction, qu'elle est le résultat d'un processus politique de formation d'un gouvernement et que, constitutionnellement, c'est une prérogative du Roi. La N-VA a pris les devants en proposant Jan Jambon. Depuis lors, d'autres partis se sont avancés de manière plus ou moins officielle: le MR avec Charles Michel, l'Open Vld avec Gwendolyn Rutten. Le sp.a verrait bien ... Paul Magnette même si, pour d'aucuns, Elio Di Rupo n'y a pas renoncé. Le CD&V, fournisseur de Premiers ministres pendant 40 ans, demeure d'une absolue discrétion. Chez les Verts, c'est le nom de Kristof Calvo qui circule. En Flandre, Bart De Wever se présente comme candidat ministre-président. La position dominante de la N-VA lui garantira ce poste. Le CD&V a toutefois avancé sa propre candidate en la personne de la populaire ministre de l'Enseignement, Hilde Crevits.
Ecolo cible du MR
A Bruxelles, si le PS demeure en tête, il est vraisemblable que Rudi Vervoort rempilera. Deux autres personnalités ont également exprimé leur candidature: Zakia Khattabi (Ecolo) et Bernard Clerfayt (DéFI). Didier Reynders (MR) ne l'a pas exclu mais son regard est désormais tourné vers le Conseil de l'Europe. En Wallonie, le MR a mis en avant Willy Borsus qui a succédé à Paul Magnette à l'Elysette. Le PS, traditionnellement premier parti au sud du pays, n'a pas déclaré de candidat. La campagne électorale a commencé tôt, en fait dès la fin décembre lorsque la N-VA a fait tomber le gouvernement sur le Pacte migratoire de l'ONU. La popularité des marches pour le climat a toutefois pris le relais rapidement et placé le thème à l'avant-plan. Les Verts ont alors battu des records de popularité. Dans les dernières semaines, la contre-attaque est venue du MR qui craint des transferts de voix libérales vers les écologistes. La campagne a été virulente. Le parti de Charles Michel a pris pour cible Ecolo dans un clip sur l'alimentation avant que les Verts ne se prennent eux-mêmes les pieds dans le tapis avec un tract communautariste. Les socialistes se sont par contre gardés d'attaquer les écologistes de front. Dans leurs derniers meetings, ils ont surtout veillé à ramener le débat sur le pouvoir d'achat et les questions sociales, et à se poser en seule alternative à la reconduction d'une majorité de droite. Il reste la question du timing de la formation des gouvernements. Si la situation confine à l'imbroglio au fédéral, il est probable que les Régions n'attendent pas qu'elle se clarifie pour constituer leurs majorités.
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