La réunion du Comité ministériel restreint qui devait débuter mardi à 15h30 a été reportée à un moment indéterminé dans un contexte de crise gouvernementale aigüe au sujet du pacte de l'ONU sur les migrations. Des images véhiculées par la N-VA ce mardi ont provoqué de vives réactions, tant dans l'opposition qu'au sein de la majorité.
Le conseil restreint, prévu ce mardi après-midi pour régler la crise qui couve au gouvernement dans le cadre du pacte migratoire de l'ONU, est annulé. Le Premier ministre poursuit des consultations politiques.
Des experts ont été entendus mardi au parlement pour apporter un éclairage sur le pacte et un débat s'est engagé au sujet de résolutions parlementaires invitant le gouvernement à adhérer au pacte.
Une campagne "scandaleuse" qui met le feu aux poudres
Entre-temps, la N-VA a débuté sur Twitter une campagne controversée sur la migration et le pacte. Les images véhiculées par celle-ci ont provoqué de vives réactions dans l'opposition, mais aussi dans les rangs de la majorité. Elles ont été applaudies des deux mains par le Vlaams Belang, dont un des chefs de file, Filip Dewinter, a affirmé qu'il aurait pu les concevoir lui-même.
Le vice-premier ministre Kris Peeters a dénoncé mardi à son arrivée au Lambermont une campagne "scandaleuse" de la N-VA sur les réseaux sociaux en pleine crise gouvernementale sur le pacte de l'ONU sur les migrations. "La situation n'est pas bonne et la responsabilité est à imputer à ceux qui organisent des campagnes qui ne sont absolument pas conformes au pacte global", a ajouté Kris Peeters.
Quelques heures après les avoir diffusées, la N-VA a retiré les photos de sa campagne contre le Pacte des Nations unies sur les migrations de sa page Facebook et de son site web. "Le service de communication du parti a commis une faute dans le choix des images et du moment. Les gens commettent des fautes, cela arrive également dans notre parti", a commenté mardi à son arrivée au Lambermont le vice-premier ministre N-VA Jan Jambon au sujet de cette campagne controversée.
"Les travaux se poursuivent"
En quittant le Lambermont, Jan Jambon a révélé que les difficultés étaient toujours bien présentes, mais que les travaux allaient continuer. "J'ai eu un entretien constructif avec le Premier ministre et les discussions se poursuivent", a indiqué mardi soir le vice-premier ministre N-VA Jan Jambon. "Si les travaux continuent c'est qu'il y a toujours une solution possible", a poursuivi M. Jambon.
De Wever reconnaît également "une erreur"
Le président de la N-VA, Bart De Wever, a reconnu que son parti avait commis une erreur en lançant une campagne sur les réseaux sociaux à propos du Pacte de l'ONU sur les migrations. Cela "a semé de la confusion et on aurait pu s'en passer, comme d'une rage de dents", a-t-il expliqué sur les ondes de Radio 1.
"Nous sentons très fort qu'il y a un besoin de confronter le Pacte auprès de la population et de lui donner des informations", a expliqué M. De Wever. "L'équipe médias sociaux du parti a voulu faire cela de manière très abordable mais les images ne correspondaient pas bien avec le contenu, et l'objectif est donc raté".
Le président de la N-VA juge pourtant que ces images correspondent à la "réalité". "C'est ce qu'on voit en rue, c'est la conséquence d'une politique migratoire (européenne, ndlr) défaillante", a-t-il dit.
Retour sur le début de la crise
Pour rappel, la crise qui menace la cohésion gouvernementale à propos du pacte de l'Onu sur les migrations est née du durcissement de la position de la N-VA au lendemain des élections communales qui ont vu des voix lui échapper au profit du Vlaams Belang. Ailleurs, les pays du groupe de Visegrad (la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie), l'Autriche et la Bulgarie faisaient savoir qu'ils rejetteraient le pacte. Les Etats-Unis de Donald Trump y avaient déjà renoncé, rompant avec un engagement de Barack Obama. Parmi les autres absents, l'Australie et Israël. La Suisse a reporté son engagement.
Le 27 septembre, à la tribune de l'ONU, le Premier ministre Charles Michel avait indiqué que la Belgique "signera à Marrakech en décembre le pacte global pour les migrations". Cette déclaration était prononcée au terme de deux années de négociations au niveau international et belge, les représentants des entités fédérées ayant été associés. Début novembre, la N-VA a fait savoir urbi et orbi qu'elle jugeait le pacte "problématique", l'estimant potentiellement contraignant et y voyant une atteinte à la souveraineté.
Dans la sphère politique, de plus en plus d'observateurs indiquent que la situation bloque très fort. Charles Michel invite les vice-Premiers ministres en face à face, preuve qu'il règne une tension extrême au sein de l'exécutif. Il n'y a aucune certitude quant à la suite du calendrier.
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