Dans le scandale Publifin, l'intercommunale qui contrôle notamment Voo, BeTV et L'Avenir, révélé par le Vif, 24 mandataires ont touchés des sommes très généreuses pour siéger dans des réunions non obligatoire. Anne Delvaux, l'ancienne journaliste de la RTBF, et Claude Emonts, une figure du PS liégeois, annoncent ce vendredi qu'ils renoncent à leurs rémunérations.
La polémique Publifin a scandalisé les Wallons. En trois ans, 24 mandataires ont reçu la bagatelle de 2 millions d'euros pour assister à quelques réunions par an de comités de secteur ou de sous-secteur de Publifin. L'intercommunale contrôle à 100% l'entreprise Nethys (Voo, BeTV, L'Avenir). Comme l'ont révélé nos confrères du Vif, les mandataires recevaient entre 1.340 et 2.871 euros bruts par mois et ce, pour quelques réunions où la présence n'est pas obligatoire pour être rémunéré, soit un salaire horaire de... 9.800 euros bruts, a calculé Le Vif.
Face au scandale, deux mandataires de premier plan ont affirmé qu'ils renonçaient à leurs rémunérations.
Anne Delvaux reverse ses rémunérations à "Viva for Life"
L'ancienne députée européenne et ex-journaliste de la RTBF Anne Delvaux a annoncé vendredi à Paris Match qu'elle verserait à "Viva for Life", l'opération de la radio-télévision publique au profit des enfants défavorisés, les près de 16.000 euros (montant net) de rémunérations qu'elle a perçus via son mandat au comité de secteur de l'intercommunale liégeoise Publifin.
"J'ai toujours été intègre et je n'ai jamais fait de la politique pour de l'argent", affirme-t-elle, citée par lalibre.be. "Je n'ai pas volé cette somme qu'on m'a versée selon des pratiques courantes en politique, mais je refuse que l'on fasse des amalgames à mon propos et qu'on me juge malhonnête. Cet argent ira donc aux enfants qui sont dans le besoin et j'espère que mon geste en entraînera d'autres, d'autant qu'il est gratuit. Je ne ferai aucun autre commentaire à ce sujet", ajoute-t-elle.
Mme Delvaux s'est retirée de la vie politique en 2014, en froid avec son parti, le cdH. Elle avait été sénatrice et députée européenne. Elle est la seconde personnalité à annoncer publiquement le versement à une cause sociétale de ses émoluments glanés chez Publifin, après Claude Emonts (PS) qui démissionne par ailleurs de ses mandats liés à son statut de conseiller communal.
Claude Emonts démissionne et rembourse 50.000 euros
Claude Emonts, figure emblématique du PS liégeois impliquée dans le scandale Publifin, a annoncé vendredi à la RTBF qu'il démissionnait de ses mandats liés au conseil communal de Liège et rembourserait les près de 52.000 euros nets qu'il a touchés depuis 2013 via le comité de secteur de l'intercommunale.
"Je n'ai pas eu l'habitude, tout au long de ma carrière, de faire de telles erreurs. Je la regrette, et je vais donc poser un acte qui, entre beaucoup d'autres choses, sera le motif de ma démission du conseil communal", affirme l'ancien président du CPAS de Liège et de la Fédération des CPAS de Wallonie. Selon la RTBF, Claude Emonts affirme avoir mis toutes les sommes perçues sur un compte bancaire distinct, car il trouvait cela "étrange" depuis le début. "J'avoue ne pas avoir renoncé à cette somme, et c'est cela mon erreur". Si les modalités de remboursement ne devaient pas être communiquées par Publifin, "je ferai un don à l'une ou l'autre association, probablement deux", ajoute M. Emonts.
Il rejoint ainsi la demande avancée la veille par le président du PS Elio Di Rupo. Ce dernier avait averti que, si l'enquête du ministre wallon des Pouvoirs locaux Paul Furlan devait conclure à la légalité des rémunérations, une faute éthique persistait, et il inviterait donc les mandataires PS concernés à rembourser la presque totalité des montants à des associations.
Figure de la gauche contestataire, Claude Emonts (69 ans) s'était retiré l'an dernier de l'avant-scène politique mais restait conseiller communal à Liège.
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