Le président du Parti socialiste (PS) Elio Di Rupo critique lundi sur Bel RTL les mesures prises par le gouvernement fédéral et qui affaiblissent la protection des travailleurs.
Elio Di Rupo, chef de file PS au fédéral, était l'invité politique de la rédaction de Bel RTL. Il répondait aux questions de Martin Buxant. Il critiquait plusieurs mesures décidées récemment par le gouvernement de Charles Michel, dont l'augmentation de la flexibilité des travailleurs, avec la semaine de 45 heures et ou le CDI d'intérimaire. "Le cours de l'histoire va dans le sens d'une baisse du temps de travail avec maintien du salaire", souligne Elio Di Rupo, qui promet des propositions concrètes rapidement.
Voici l'extrait:
Elio Di Rupo: "Il faut constater qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas que le gouvernement de Charles Michel agit contre les travailleurs de manière qu'on a jamais connue depuis des décennies. Et je m'en explique en peu de mots. Vous savez, on a l'idée de faire travailler des travailleurs au-delà de 38 heures. On prévoit de les faire travailler 45 heures par semaine voire même un peu plus avec cette grande caractéristique, c'est que le patron décide seul. Jusqu'à présent, on pouvait avoir de la flexibilité, bien entendu, mais il y avait un dialogue entre le travailleur, les syndicats et le patron. Ce gouvernement invente aussi que pour le temps partiel où il y a énormément de femmes, on ne va plus indiquer les plages horaires dans les contrats. On invente qu'on va faire des contrats à durée indéterminée dans l'intérim. C'est-à-dire que quelqu'un qui aurait ce type de contrat pourrait changer d'employeur tous les jours. On est dans une situation qui n'est pas digne et véritablement rétrograde. Nous sommes dans une situation où l'on fait un pas en arrière de plusieurs décennies et on veut vraiment mettre en place un système où les travailleurs vont devoir exécuter tout ce que les patrons disent. Et là, ça ne va pas parce que nous avons travaillé durant des décennies pour avoir des droits égaux, patrons-travailleurs dans un dialogue avec notamment les organisations syndicales. Et ce que nous proposons: je pense qu'il faut regarder au long terme avec une réduction du temps de travail et maintien de salaire."
Martin Buxant: Mais qu'est ce que vous proposez?
Elio Di Rupo: On va y revenir en détail dans les mois qui viennent. On pense réellement, compte tenu de la numérisation, des nouvelles technologies, de la productivité. Il faut réduire le temps de travail.
Martin Buxant: Comment?
Elio Di Rupo: Et bien partout un système de 4 jours par semaine, par exemple.
Martin Buxant: Sans perte de salaire?
Elio Di Rupo: Bien entendu
Martin Buxant: Mais cela va coûter cher...
Elio Di Rupo: Mais vous savez quand on a donné des congés aux travailleurs payés par les patrons en 1936, tous les patrons criaient au scandale que c'était la fin de l'économie. Cela n'a jamais été la fin de l'économie. On voit qu'il y a des bénéfices plantureux dans certaines entreprises, il y a moyen de le faire. Par ailleurs, les chefs d'entreprise aujourd'hui, surtout dans les grandes entreprises, ont des salaires qui sont parfois 200 fois plus importants que les plus bas salaires. Nous proposons que l'on aille de 1 à 10, de 1 à 20 au maximum.
Martin Buxant: Même l'économiste de gauche Thomas Piketty dit que c'est de 1 à 100. Vous allez plus loin que lui?
Elio Di Rupo: Oui bien sûr. Je pense qu'un administrateur délégué qui veut accroître son salaire doit accroître celui de ses travailleurs. Nous sommes dans une situation qui n'est pas digne et qui est rétrograde.
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