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Fonds libyens: "Le cabinet Reynders a-t-il demandé au Prince Laurent d'arrêter de réclamer son argent?"

 
 

En 2011, à la suite de la mort du dictateur libyen Mouammar Kadhafi et pour éviter que l’argent du tyran ne retourne dans de mauvaises mains, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé d’imposer le gel des actions et obligations libyennes.

En Belgique, cela représente un montant de 14 milliards d’euros. Euroclear Bank détient à elle seule 12,8 milliards qui sont donc censés être bloqués. Censés parce qu’on sait que les intérêts produits par cette somme ont rapidement été dégelés, ainsi, semble-t-il, qu’une partie du capital.

On découvre l’ampleur de l’affaire lorsqu’une des ASBL du Prince Laurent chargée d’un projet de reforestation en Libye, demande le dégel d’une partie des avoirs afin de récupérer 45 millions d’euros que l’Etat libyen lui doit. À l’automne 2017, le juge d’instruction Michel Claise, chargé d’un dossier de blanchiment, veut saisir les 14 milliards d’euros gelés et se rend compte lui aussi que de l’argent a disparu.

Où est passé cette somme ? Enfin où est parti cet argent et à quoi a-t-il servi ? On parle de financement de milices libyennes responsables de trafic d’êtres humains ou d’actions terroristes.

Pourquoi la Belgique a-t-elle accepté le dégel des intérêts des fonds libyens? Qui en est le responsable, Didier Reynders et/ou Steven Vanackere, qui furent successivement ministre des Finances en 2011 ? Le prince Laurent a-t-il une chance de revoir son argent? 

Le projet de reforestation par une ASBL du Prince Laurent avait été réalisé à partir de 2008, avant la chute du régime Kadhafi. Le but était de replanter des arbres autour de trois grandes villes dans la capitale. Une partie des travaux a été effectuée mais jamais cela n’a été payé ou en tout cas, une petite partie.

La cour d’appel de Bruxelles a condamné la Libye à rembourser 48 millions d’euros à une ASBL du Prince. "Pourquoi selon vous, la Belgique refuse de rembourser cet argent-là puisqu’il est clair que d’autres entreprises ont pu bénéficier des intérêts de ces fonds libyens pour se rembourser sur des créances qu’elles avaient pour la Libye?" a demandé Christophe Deborsu à Laurent Arnauts, l’avocat du Prince Laurent.


"Pourquoi y a-t-il deux poids, deux mesures?"

"C’est l’énorme question. Mais on ne sait pas avec quoi les entreprises belges ont été finalement remboursées. La seule chose que nous avons, c’est qu’en 2011, le ministre des Finances de l’époque, Monsieur Reynders, a fait des déclarations dans la presse en disant que la Belgique allait gérer 14 milliards d’euros de fonds gelés libyens et la priorité était de faire en sorte que les entreprises belges, qui avaient eu des contrats avec l’ancien pouvoir libyen, soient payées", explique Laurent Arnauts. "Pour autant que nous sachions, les entreprises belges ont grâce à l’intervention du gouvernement été payées. Mais il y a une exception, l’ASBL du Prince Laurent. Pourquoi y a-t-il deux poids, deux mesures et pourquoi le gouvernement belge a pris fait et cause pour la Libye dans ce dossier? Pendant 7 ans le gouvernement n’a pas levé le petit doigt pour cette ASBL spécifiquement. Le chef du cabinet du ministre belge avait indiqué que la Belgique faisait ses meilleurs efforts pour que les entreprises belges soient remboursées, mais qu’il ne convenait pas que le Prince avec son ASBL se mette mal avec les Libyens et complique la tâche du gouvernement".


Un délit de sale gueule?

Pour Paul-Olivier Delannois, député fédéral (PS),  il y aurait dans ce dossier un délit de "sale gueule". L’Etat fédéral en voudrait au Prince.

"Dans le dossier des fonds libyens, c’est quand même assez ahurissant. On parle de millions d’euros. On veut savoir où ils sont passés et à chaque fois que nous posons des questions, c’est le flou absolu. Mardi dernier, on a eu une première réponse. Des fonds sont partis au Royaume-Uni, au Bahreïn et au Luxembourg. Mais où et pourquoi? C’est une affaire d’Etat à ce niveau-là", déclare-t-il. "Quand il y a eu la diminution de la dotation royale (15%) du Prince, j’avais voté contre car je me disais que c’était un délit de sale gueule uniquement parce qu’il avait rencontré la Chine. C’est quand même la première puissance économique. Si en diplomatie, on ne peut plus les rencontrer, je me dit qu’il y a peut-être autre chose, en faisant une pression."


"A-t-on demandé au Prince Laurent d'arrêter de réclamer son argent?"

Le chef de cabinet du ministre Reynders aurait écrit une lettre au Prince Laurent pour lui dire qu’il ne récupérait pas l’argent dû à son ASBL. "On lui demanderait d’arrêter de réclamer son argent?", s’interroge Christophe Deborsu. "Selon mes informations, Didier Reynders n’est jamais intervenu dans ce dossier pour les entreprises publiques ou privées. Jusqu’à preuve du contraire, il y a des affirmations qui ne sont pas souvent étayées de documents ou de faits matériels", affirme le député fédéral Vincent Scourneau (MR).


 

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