(Belga) Rudy Demotte (PS) est revenu dans la presse samedi sur l'échec de sa mission de préformation d'un gouvernement fédéral menée avec Geert Bourgeois (N-VA). A ses yeux, "un gouvernement arc-en-ciel, c'est l'alternative au chaos" alors que le parti nationaliste a déposé des propositions institutionnelles imbuvables, confie-t-il. Quant à l'ancien Premier ministre Charles Michel (MR), "il a savonné la planche des négociations".
"Dans le contexte actuel, avec les propositions que la N-VA a mises sur la table, il n'y a pas de conciliation possible", estime ainsi l'ancien ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans les colonnes de La Libre Belgique. Le parti nationaliste demandait des réformes qui modifient le "paradigme belge", explique Rudy Demotte. "Cela consistait à sortir la Belgique telle qu'elle est organisée sur base d'un État fédéral. Lorsque les services d'études des partis comparaient les propositions concrètes, ça a été l'ouverture du musée des horreurs. La N-VA mettait des éléments qui, pour nous, conduisaient inexorablement à une mise à zéro des mécanismes de solidarité en matière de sécurité sociale, qui conduisaient aussi l'État vers une forme plus ou moins aiguë de confédéralisme." En matière de soins de santé, la N-VA proposait de "prendre tous les mécanismes qui existent aujourd'hui au niveau de la solidarité interindividuelle pour en faire des mécanismes de solidarité interrégionale. C'est très différent. Cela impacte les recettes", détaille encore le socialiste. Mais la N-VA n'est pas la seule responsable du blocage. "Il n'y avait pas assez de points de compromis, les angles étaient fermés et pas que par la N-VA", relève-t-il d'ailleurs dans les journaux du groupe Sudpresse. "On était dans le poste de pilotage, Geert et moi, et on avait l'impression que dans la salle des machines, on mettait de la substance explosive plutôt que du charbon dans la chaudière...", illustre-t-il. Néanmoins un gouvernement arc-en-ciel associant les familles socialiste, libérale, écologiste, plus le CD&V est donc une solution à ses yeux. "Quelle que soit la formule sur la table, elle sera compliquée. Le génie de ceux qui arriveront à nouer les derniers fils, ce sera d'être capable de faire cohabiter des modèles de société très différents. Les verts, le PS, les libéraux n'ont pas la même vision de la société sur l'approche fiscale, sociale, économique, environnementale. C'est tout sauf simple, c'est clair, mais c'est une alternative au chaos", reconnait-il dans La Libre Belgique. L'ex-préformateur s'en est également pris à Charles Michel et ses critiques émises en début de semaine sur le peu de temps que lui ont accordé Rudy Demotte et Geert Bourgeois. "S'il avait voulu parler 5 heures, comme certains l'ont fait, il aurait pu. C'est lui qui a défini la jauge du temps qu'il nous consacrait. (...) Il a pris cette posture de manière très surprenante, alors qu'il aurait pu adopter celle d'homme d'État. On ne l'a pas retrouvé dans ce costume. (...) Cette discourtoisie n'est pas quelque chose d'habituel en politique et on se demande s'il n'a pas savonné volontairement la planche des discussions." Le socialiste a déploré l'amertume que l'ancien Premier ministre semble avoir gardée à l'encontre de la N-VA après l'épisode du pacte de Marrakech et du PS pour son opposition frontale durant la législature. (Belga)
Vos commentaires