Les préformateurs Egbert Lachaert (Open Vld) et Conner Rousseau (sp.a) se sont rendus au Palais à 17h00 pour faire rapport au Roi. Ils ont présenté leur démission au souverain. Celui-ci a cependant refusé et leur a demandé de rétablir la confiance. Un nouveau rapport doit être rendu au Roi mercredi. Ce dernier épisode fait suite à un week-end et un lundi de négociations extrêmement tendues. Plusieurs partis pointent du doigt Georges-Louis Bouchez, le président du Mouvement réformateur. Jamais avare de commentaires, il semble irriter ses partenaires. Mais que lui reproche-t-on exactement?
A sa sortie de réunion de parti ce matin, George-Louis Bouchez est conscient de susciter quelques crispations. "J'ai bien compris que certains essayaient de me viser. Mais il n'y a pas de problème au sein du MR", a-t-il brièvement répondu.
De son côté, la presse flamande relaye les critiques autour du président de parti:
- "Bouchez pousse la Vivaldi dans le précipice", titre De Morgen.
- "Si ça échoue, c’est de sa faute", écrit Het Laatste Nieuws.
- "En retard, arrogant et ne maîtrisant pas assez le néerlandais", rapporte le Nieuwsblad.
Il a résisté à la N-VA… Peut-être que certains en Flandre essaient de lui faire payer
Ce lundi, nous avons tendu notre micro du côté du quartier général du Mouvement réformateur. Le président du MR, cible des critiques, est cependant soutenu par ses partenaires de parti. "Je pense qu'il y a beaucoup de choses qui ont été dites, notamment en Flandre, et qui sont tout à fait inexactes, tout à fait fausses. C'est peut-être une envie de diaboliser. Il a résisté à la N-VA, ne l'oubliez pas. C'est peut-être le seul homme politique francophone qui a résisté à Bart De Wever. Peut-être que certains en Flandre essaient de lui faire payer", a réagi Pierre-Yves Jeholet, ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
"Je suis aux côtés de Georges-Louis Bouchez. C'est le président du Mouvement réformateur aujourd'hui. Je suis aux côtés de Sophie Wilmès", a déclaré Denis Ducarme, ministre des Indépendants et de l'Agriculture. Le libéral avait lui-même été l'adversaire de Georges-Louis Bouchez il y a encore quelques mois lors des élections pour la présidence du MR.
Revenir sur des accords, communiquer dans la presse ou pousser pour Wilmès...
Les collègues non libéraux de Georges-Louis Bouchez lui reprochent de remettre en cause un projet d’accord qui concerne notamment la fiscalité. Ou encore de communiquer sur les réseaux sociaux alors que les discussions sont toujours en cours.
Autre sujet de friction: le nom du futur Premier ministre ou de la future Première ministre. Georges-Louis Bouchez souhaite que Sophie Wilmès soit reconduite. "Dans n'importe quel autre pays au monde, le fait de reconduire Sophie Wilmès ne serait même pas une question. Ce ne serait pas une question quand on voit les sondages d'opinion. Elle est largement en tête du côté francophone", a-t-il commenté le 6 septembre dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche sur RTL-TVI.
Georges-Louis Bouchez a répété son souhait ce dimanche dans la presse. De quoi agacer certains présidents de parti.
On peut dire qu'il donne certains arguments à ses adversaires autour de la table
Le politologue de l'Université Libre de Bruxelles, Dave Sinardet, est intervenu sur le plateau du RTL INFO 19H ce lundi pour analyser les critiques contre Georges-Louis Bouchez. Il a été interrogé par notre journaliste Caroline Fontenoy.
Caroline Fontenoy: Un mot sur le style Georges-Louis Bouchez, qui en agace plus d'un. Mais ça ne le rend pas discret dans un moment pourtant crucial.
Dave Sinardet: Oui, c'est assez remarquable. Bon, Georges-Louis Bouchez ne sera pas le seul problème dans cette formation. J'ai plutôt l'impression que certaines autres hésitations des partis, ou certaines nervosités chez les partis se cristallisent sur la personnalité de Georges-Louis Bouchez. Néanmoins, avec sa personnalité, il donne aussi des arguments aux autres pour l'attaquer. C'est vrai que c'est pas vraiment une tradition, quand on a des négociations très importantes, d'aller en même temps communiquer sur les médias sociaux, d'attaquer des partenaires de négociations. Arriver trop tard, etc. C'est aussi des choses qui normalement ne se font pas. On peut dire qu'il donne certains arguments à ses adversaires autour de la table.
Caroline Fontenoy: Ce n'est pas non plus une tradition de donner le nom de la peut-être future Première ministre, comme il le suggère. Peut-être que ça aussi, ça crispe les partenaires?
Dave Sinardet: Oui, certainement, ça a crispé aussi. Surtout qu'il a répété ça dans une interview qui ne paraît que demain dans Humo, mais qui est déjà parue online dimanche après-midi en milieu de négociations. C'est clair que des choses comme ça, ça n'aide pas vraiment. Et si en plus il tente effectivement de revenir sur des accords qui étaient déjà conclus, même si c'était avec des experts. Ce n'est bien sûr pas un style politique qui va réjouir les autres personnes autour de la table. En même temps, je pense qu'il y a aussi de vrais problèmes de divergences idéologiques. De divergences sur le contenu, qui jouent aussi sur tout ce qui se passe.
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