Le cdH se réunit samedi en congrès à Louvain-la-Neuve pour désigner son nouveau président. Cinq candidats se présentent mais un favori se détache très nettement: le bourgmestre de Namur et ex-ministre wallon, Maxime Prévot. Aucune figure connue ne se trouve parmi ses concurrents que sont François-Xavier Blanpain, ex-conseiller politique et vice-président du CSA, Bashiru Lawal, ex-président de la section locale à Seraing, Arthur Defoin, militaire à la retraite, et Jan Lippens, Anversois candidat pour la 3e fois.
D'ici aux élections du 26 mai, le cdH avait peu de temps. L'opération a donc été menée en à peine dix jours. Sa rapidité a évité la tournée des fédérations provinciales, des débats chronophages pour le parti et les candidats, et susceptibles de tourner à l'aigre et d'alimenter pendant quelques semaines la chronique politique. Mais elle reposera sur un seul débat et le vote d'à peine quelques centaines de militants. Le 16 janvier, le président Benoît Lutgen a annoncé dans divers journaux qu'il voulait se retirer.
Renouer les relations avec les autres partis
Arrivant au bout de son deuxième mandat, il a jugé qu'il était temps de passer la main: les élections fédérales, régionales et européennes se rapprochent et de longues négociations pourraient suivre. Il n'a pas caché sa préférence pour M. Prévot, cité depuis longtemps comme un probable président. Comme ses prédécesseurs, le futur président du cdH aura la lourde tâche d'enrayer le déclin structurel de l'ex-parti social-chrétien. Les sondages n'incitent pas à l'optimisme: entre Ecolo, le PTB et DéFI à Bruxelles, les trois familles traditionnelles sont à la peine. Le cdH est menacé de perdre à nouveau des plumes et voit sa position de parti-pivot s'effriter encore un peu plus. En Wallonie, le parti pourrait être relégué à la 5e place et, à Bruxelles, à la 6e.
Le nouveau président devra aussi renouer les relations avec les autres partis. Avec le CD&V, parti frère flamand. Le refus de M. Lutgen d'entrer dans une coalition avec la N-VA a affaibli la position des chrétiens-démocrates dans la coalition suédoise et ne lui a pas valu que des compliments. Avec le PS, ex-allié privilégié. Pendant 13 ans, les centristes et les socialistes ont été indéfectibles, "scotchés" selon leurs détracteurs. M. Lutgen a spectaculairement rompu cette alliance conclue par sa prédécesseure. Il a appelé à une recomposition des coalitions pour éjecter des socialistes pris à nouveau dans des scandales et accusés de courir derrière le PTB. Non préparée, l'initiative n'a réussi qu'en Wallonie où MR et cdH se sont mariés.
Un appel à la constitution d'une "large coalition"
Paul Magnette a perdu l'Elysette et n'a pas fait de mystère: il ne signera plus d'accord avec M. Lutgen. Avec DéFI et Ecolo: à la Fédération Wallonie-Bruxelles et à Bruxelles, les Verts et les amarantes ont refusé d'entrer dans ce jeu qu'ils n'avaient pas demandé. Les relations entre M. Lutgen et Zakia Khattabi ainsi qu'Olivier Maingain s'en sont ressenties. Dans un paysage politique de plus en plus polarisé, en proie à la tentation extrémiste, il n'est pas facile de faire exister le "centre" en tant que force politique autonome qui ne serait pas un mélange de la droite et de la gauche. Les projets de plusieurs des candidats le traduisent: le cdH doit se distinguer davantage, avoir des positions plus tranchées et oser "ne pas plaire à tout le monde".
Les accents varient toutefois, entre un programme qui se donne la santé comme priorité et un autre qui appelle à la constitution d'une "large coalition" pour une grande réforme fiscale. Si la victoire de M. Prévot ne fait pas de doute, le score récolté par l'un ou l'autre des concurrents pourrait faire office de tremplin à de nouvelles figures. M. Blanpain a dit ainsi son souhait de figurer sur la liste européenne du cdH.
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